Plutôt déçu par ce livre, qui se révèle être une introduction, un survol de cette thématique complexe de l'addiction et de son lien avec la spiritualité, avec le sens, l'unité, ce qui fait société, ce qui fait un individu, le sacré... Et la science, les sciences neurocognitives pour l'essentiel. Et leur potentiel explicatif de ces phénomènes. Un peu beaucoup pour un livre de si peu de pages.
Enfin, il permet d'entr'ouvrir quelques une des portes d'entrée à toute une série de sujets et auteurs connexes que vous pourrez dès lors aller creuser, selon l'attrait. Rien à dire de plus.
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Sur le plan théologique, méditation et prière sont tout à fait différents. En effet, la méditation est dite "unitive", c'est-à-dire qu'elle relie le sujet au monde, lui donnant l'impression de faire partie du tout - le "sentiment océanique" de Romain Rolland. [...]
La prière quant à elle, relève du registre relationnel. En effet, la prière mobilise des zones corticales responsables des relations interpersonnelles. La prière s'inscrit non pas dans une lignée unitive, comme la méditation, mais dans une ligne dialogique, soit un dialogue avec l'instance tierce, vécue comme absolue et ultime. Elle permet au sujet de se libérer de ses contraintes quotidiennes au ras des réalités et des compulsions internes. La prière ouvre un espace de métacommunication avec le dialogue intérieur ordinaire. En termes de neuro-imagerie, la prière apparaît dans le champ interpersonnel. Une étude a même montré que la prière adressée au père Noël n'active pas les mêmes zones que celle à Dieu le Père. Le sujet sait à qui il s'adresse. Les neurosciences confirment ainsi les résultats des recherches sur l'attachement et montrent qu'une relation personnelle est possible avec un objet spirituel.
La découverte des rémissions spontanées a posé le socle scientifique de la recherche dans les rapports entre addiction et spiritualité. Intuitivement, on conçoit bien un rapport inversé à la question du sens : automédication menant à l'autodestruction dans l'addiction, faisant face à l'absurde et au désespoir ; à l'opposé, quête de sens, de cohérence, de sagesse, voire de compassion, protégeant le sujet dans sa quête de vie et de créativité personnelle.
Un rituel humain efficace doit faire fonctionner toutes les parties du cerveau et du corps, fusionner les comportements et les idées, synthèse de rythme et de sens.
... l'addiction n'est qu'un aspect de notre modernité". elle préfigure les besoins non couverts de notre civilisation contemporaine. [...] L'addictologie est un bon modèle pour l'écologie Nous avons tous besoin de sens pour nos communautés et de lien entre les humains, au-delà des frontières. La mondialisation ne pourra réussir sans cohérence communautaire, humanitaire et planétaire. C'est sans doute pour cette raison qu'apparaît aujourd'hui un important mouvement d'écospiritualité, aspirant à un rapport équilibré entre les humains et leur Terre nourricière.
Il nous reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir pour passer de l'inaccompli à l'accompli, pour embellir le monde. Une chose reste sûre : mettons-nous à l'oeuvre pour passer de l'addiction à la compassion.
En psychiatrie, le réductionnisme s'allie au matérialisme scientifique dans une posture scientiste - soit une attitude philosophique qui prétend résoudre les problèmes philosophiques par la science. Sigmund Freud en est le représentant emblématique.
Mais il n'y a pas que la psychanalyse, comme nous le verrons pour s'inscrire dans une perspective réductionniste. La neuropsychiatrie, au fil des développements neuroscientifiques, réduit l'expérience religieuse à des troubles neurologues ; c'est bien sûr l'épilepsie, "maladie sacrée" des Anciens, qui sera mobilisée pour expliquer les phénomènes les plus spectaculaires du paysage religieux.
"Se donner toutes les chances" - Jacques Besson nous en parle