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Citations sur Son frère (85)

Thomas meurt.
Thomas accepte de mourir. C'est ici dans la maison de Saint-Clément, la maison de l'enfance, qu'il choisit d'attendre de mourir. Je suis près de lui. C'est encore l'été. J'ignorais qu'on pouvait mourir en été.
Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu'il lui fallait le froid, la grisaille, une sorte de désolation, que c'est seulement ainsi qu'elle pouvait se sentir sur son terrain. Je découvre qu'elle peut tout aussi bien exercer sa besogne en plein soleil, en pleine lumière. Je songe que Thomas l'accueillera en pleine lumière.
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La mort est ce qu'il y a de plus probable , de plus inévitable et c'est cependant la chose la moins facile à recevoir , à admettre .
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La douleur, elle frappe là où on ne s' y attend pas, quand on ne s' y attend pas. Elle est pure comme peuvent l'être certains diamants, elle est sans tâche, éclatante. On est seul avec cette pureté là, cette blancheur insoutenable de la douleur. On détourne le visage, on ferme les yeux, les larmes viennent dans le silence, même quand autour de soi, règne le plus grand désordre.
On est dans l'isolement de la douleur reçue, dans le mutisme obligatoire des larmes personnelles.
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La douleur, elle frappe là où on ne s’y attend pas, quand on ne s’y attend pas. Elle est pure comme peuvent l’être certains diamants, elle est sans tache, éclatante.
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Il y a cette absence d'ambiguïté dans le frôlement des corps, qui achève de convaincre qu'il n'y a pas d'enjeu de chair, mais simplement une affection totale, intègre de chacun pour l'autre.
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On n'est pas préparé à la perte , à la disparition d'un proche . Il n'y a pas d'apprentissage de cela . On ne sait pas acquérir l'habitude de la mort . La mort de l'autre, nous prend forcément par surprise , elle est un évenement qui nous désarme , qui nous laisse désemparé , y compris lorsqu'elle est prévisible , le plus prévisible des évenements . Elle est une occurence absolument certaine et cependant pratiquement inconcevable , et qui nous précipite dans une étrange hébétude .
On sait la nommer , parler d'elle et lorsqu'elle est là , lorsqu'elle survient , lorsqu'elle fauche un proche , lorsqu'elle s'empare d'un ami , d'un frere , on est dans la détresse intégrale , dans l'ignorance de ce qu'il faut faire , dire , on est sonné comme un boxeur qui a vu le coup arriver et qui est pourtant surpris par sa violence , qui vacille sur ses jambes avant de s'écrouler sans pouvoir s'y opposer . La chute , on ne peut pas l'empecher .
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Le 3 avril,

Voilà. Il faut retrouver cette terreur, désormais presque familière. Il faut vivre avec cela, la peur que tout s’arrête, en une minute, que l’hémorragie survienne et l’emporte. Je songe qu’à tout instant, la tête pourrait partir en arrière, explosée de sang, comme si elle avait été atteinte par une balle tirée de loin. J’ai cette image saugrenue dont je ne parviens pas à me débarrasser, celle du président Kennedy, à Dallas, le 22 novembre 1963, à l’arrière de sa Lincoln décapotable. Je vois la tête qui part en arrière, sous l’impact des balles, le corps qui s’affaisse. Je vois l’affolement et je songe que ce qu’il pourrait nous être donné de connaitre. J’ai beau me dire que c’est absurde, malsain sans doute, je n’arrive pas à éloigner cette vision. Dans l’ignorance où nous nous trouvons, il y a la place pour tous les fantasmes, tous les cauchemars.
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Saint-Clément, c’est la terminaison d’un monde, comme l’était dans mon imaginaire enfantin le Cap Horn. C’est le point au-delà duquel les eaux prennent le dessus, à partir duquel les hommes doivent déposer les armes. On raconte que les bateaux se sont perdus dans les eaux mauvaises, au large, malgré le phare, que des marins se sont noyés, que leurs cadavres ont été charriés par les marées, ramenés par elles à la terre ferme. On raconte des histoires extraordinaires.

Ici, on peut facilement éprouver une manière d’abandonner, comme si on était le dernier homme, et comme s’il suffisait de se laisser aller désormais, de n’avoir plus aucune prise sur rien. Ce sentiment, c’est autant celui du relâchement que celui de l’offrande, autant celui de la solitude imposée que celui de l’exil choisi.
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Ai-je jamais été aussi proche de lui qu’aujourd’hui ? J’ai beau connaître notre intimité, qui date du premier jour, qui ne s’est jamais démentie, qui donne tout son sens au mot fraternité, il me semble que notre proximité n’a jamais été aussi grande que dans ces instants qui sentent la fin.
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On n'est pas préparé à la perte, à la disparition d'un proche. Il n'y a pas d'apprentissage de cela. On ne sait pas acquérir l'habitude de la mort. La mort de l'autre nous prend forcément par surprise, elle est un événement qui nous désarme, qui nous laisse désemparé, y compris lorsqu'elle est prévisible, le plus prévisible des événements. Elle est une occurence absolument certaine et cependant pratiquement inconcevable, et qui nous précipite dans une étrange hébétude.
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