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Critique de Alwenn


Alwenn
05 décembre 2008
Démarrage sur les chapeaux de roue : dès les premières lignes, on se retrouve plongé dans le journal intime cru et violent d'un tueur en série, ou « tueur multirécidiviste » comme on dit en France… Les premières pages laissent des frissons dans le dos tant l'abject est décrit avec le tranchant de la plume.
Puis, changement de décor : une salle de profs… Là, l'auteur s'amuse, à la manière d'Agatha Christie, à nous présenter tous les personnages qui vont nous accompagner au fil de l'histoire, tous les personnages, leur personnalité, leur nom etc. Tous les personnages avec les relations qu'ils entretiennent les uns par rapport aux autres et parmi lesquels il y a celui ou ceux qui tiendront le rôle principal à la fin de l'intrigue.
Ma première réaction, épidermique, a été de trouver ces profs un peu caricaturaux. Pourtant, je savais que l'auteur connaissait elle-même très bien ce milieu enseignant. Et puis, petit à petit, je me suis décillée : ce que je trouvais caricatural n'était rien de moins q'une vision réaliste du monde des profs, vu sous le kaléïdoscope de l'ironie et de la littérature… Hum… Ca peut faire peur parfois, mais c'est vrai qu'on est un peu comme ça…
Les personnages sonnent « vrais », chacun possède une personnalité bien définie. Là où, en revanche, on pourrait reprocher à Yvonne Besson un excès de zèle, c'est dans la généalogie des personnages et dans leur histoire familiale. J'ai parfois cru me trouver face à du Zola sauce XXème siècle qui tentait d'expliquer les névroses professorales. Bon là, quand même, faut pas pousser mémé dans les escaliers, les profs n'ont heureusement pas tous l'arbre généalogique des Rougon-Macquart et nous n'avons pas tous des secrets d'alcôve familiaux que nous essayons à tout prix de dissimuler !
L'intrigue ? Bien ficelée. On se laisse prendre très facilement dans les pièges que nous tend l'auteur. On tâtonne dans la recherche de la vérité. Et quand on commence à l'entrevoir, on jubile : pas de pirouette littéraire ni de deus ex machina, tous les éléments de l'intrigue s'enchaînent avec logique et réalisme.
Un regret : le dénouement qui ne « claque » pas. Il s'étire alors que le lecteur sent que tout est joué. On s'attend justement à un dernier rebondissement, on est tendu… Mais non. L'histoire s'achève avec beaucoup moins de brio qu'elle n'avait commencé. Eh oui, c'est ça aussi la vie : rien de très glorieux une fois la couche de vernis ôtée.
Enfin, on notera des réflexions très pertinentes à la fin du livre sur le rapport des profs de français à la littérature, ou plutôt à ce qu'il considère (ou pas) comme de la littérature. Dire que le polar par exemple est de la « prose alimentaire » révèle en effet l'état d'esprit élitiste des certains enseignants de lettres vis-à-vis de la lecture –ou de l'écriture-. Dieu merci, pour ma part, j'ai balayé cela depuis longtemps et c'est sans vergogne que je me nourris de cette prose, et je me suis délectée de celle d'Yvonne Besson. Une bonne découverte.

Terminé le 20 avril 2006.
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