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3,19

sur 159 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Philippe Besson fait un pas de côté avec cet ouvrage relatant les coulisses d'une campagne présidentielle. le tableau de la couverture n'est pas un Hopper, mais un Monet : Rue Saint-Denis, fête du 30 juin 1878 : une foule en liesse, tout un symbole.

Pourquoi le romancier s'est-il intéressé à Emmanuel Macron ?
Il s'avère qu'ils se connaissent déjà depuis quelques années , se fréquentent.
Il voit en lui une carrure de président tout en ayant des doutes pour le final.
Mais aussi un personnage romanesque cherchant d'ailleurs un référent littéraire.
Il va décrypter la figure de ce «  météore » , «  une anomalie hypermnésique » qui emprunta le nom «  En Marche » à Saint Exupéry .
En ouverture, Philippe Besson revient sur la genèse de ce roman, projet accepté par l'intéressé. Un gage de confiance puisqu' « aucune relecture » est exigée.

Le récit débute le 30 août 2016, date marquante pour Emmanuel M. puisque jour où il démissionne.On assiste à une vraie mise en scène théâtrale : un bateau blanc, à son bord un homme déterminé, «  avec la lettre », qui part vers l'Élysée.
L'auteur insère un autoportrait d 'Emmanuel M. qu'il décrypte en mettant en balance ce qui peut être un atout et ce qui peut nuire. Il nous montre de multiples facettes ( du « sale gosse » au «  courtisé » ), mais conclut par ce côté paradoxal, impénétrable, comme «  un sphinx version Mitterrand », «  coffre-fort cadenassé ».
Il recueille aussi les confidences de sa photographe attitrée «  Soazig », de sa mère croisée à Bercy. Il en distille d'autres glanées au cours de l'avant campagne.

Le rapporteur dissèque la période avant dépôt de candidature. Il souligne le suspense qui perdurera jusqu'à l'annonce officielle le 16 novembre 2016.

Comme le couple est indissociable , Philippe Besson qui a plus d' affinités avec Brigitte M. livre également son portrait, texte de commande pour un magazine.
Il évoque sa famille, la rencontre avec cet élève brillant qui devient son mari.Puis souligne tout ce qu'ils ont dû surmonter ( presse malveillante, des opposants qui prédisent son échec, la rumeur d'homosexualité). Comme le rappelle Gaspar Glanzer «  la politique est un sport de combat » ! Des joutes électorales à affronter dans un milieu qui brasse la violence verbale , mais pas que («  férocité, acrimonie »).
La complicité entre Brigitte et Philippe Besson est frappante par leurs échanges téléphoniques, quasi quotidiens, surtout lors «  d'avis de tempête ». On devine les craintes de Brigitte jugulées par l'auteur d' Arrête avec tes mensonges (2).
Roman dont elle a trouvé « les mots justes et coupants ».
On découvre les personnalités de tous ceux amenés à entourer le candidat, à oeuvrer dans l'ombre, les deals passés avec d'autres. Puis les soutiens de sommités.
Si Philippe B donne des conseils, félicite, encourage, il tacle aussi, il ne se prive pas de montrer son désaccord, comme pour le choix du titre du livre à paraître d'Emmanuel M. «  Revolution ». Il l'épingle pour des paroles maladroites , un discours trop long, creux. Il lui rapporte les propos de proches : « Il a intérêt à rectifier, s'il veut que ça marche ». Il brocarde les médias qui cherchent le buzz en recevant le candidat tout comme les propos délétères de certains éditorialistes.

Quand la coupe est pleine, «  l 'attaqué » , «  le gourou sans programme » fait entendre sa voix aux détracteurs virulents.

Philippe Besson soumet moult questions au candidat , à «  la dimension christique », «  considéré comme le métèque en politique »,le faisant se projeter à l'assemblée et face aux grands ( Trump et Poutine). Force de constater qu'il a toujours la parade pour lui répondre,qu'il aimante,galvanise les foules, suscite l'espoir et l'admiration de Ph.B.
Toutefois un danger se profile avec Marine le Pen. D'où la nécessité de ne pas faiblir et présenter un programme fort.
On suit Emmanuel M. dans ses déplacements en France et Outre-mer, à l'étranger. Une escapade privée à Lisbonne, début 2017, que le couple romantique a certainement faite, sur les traces du roman Les passants de Lisbonne. (1)

Ce qui ressort de ces entretiens avec Philippe Besson ce sont les connaissances encyclopédiques d'Emmanuel Macron, d'où la pléthore de références dans cet ouvrage. Citons celle de Camus : « Oui, j'ai une patrie : la langue française ».
Au final, le portraitiste montre «  un homme singulier, qui reste énigmatique » avec une certaine opacité, placidité. Il s'attarde sur sa poignée de main, son regard !

A l'aube des deux tours, l'effervescence règne au QG, ce sont briefings, débriefings, débats télévisés, période dont chacun se souvient qui signe «  la déliquescence des partis qui structuraient la vie politique depuis cinquante ans » et la victoire d 'E.M.
On peut entonner Nina Simone : «  It's a new dawn, it's a new day, it's a new life ».
Finie «  la vie de corsaire », finie l'exultation, place à «  la solennité, la gravité, la rareté » pour celui qui est maintenant le plus jeune président de la République.Fin de l'aventure pour notre narrateur qui a pour reliques de ce « long compagnonnage » ses carnets noirs empilés, truffés de notes, de paroles «  griffonnées à la hâte, avec le souci de ne pas les déformer »!

En filigrane on devine Philippe Besson, «  le garçon sensible », qui glisse une pensée pour ses disparus :dédiant cet opus à sa grand-mère, et imaginant comment son père aurait jugé cette campagne.Donquichottesque ?! On retrouve l 'écrivain proche de son lecteur qui nous adresse un aparté : «  Que je vous dise.. », dans lequel il explique son besoin de distance «  avec les soubresauts de la politique ».
On entend la discrète voix de S. qui juge cette campagne chronophage, confisquant leurs moments privilégiés à eux deux.
Dans ces miscellanées de Philippe Besson, sont regroupés des articles publiés dans la presse ou dans des magazines, des bribes de conversations plus intimes où l'on sent le rôle de catalyseur, voire de modérateur, joué par le romancier. S'y glisse son ressenti, en aparté. A savoir qu'il est parfois «  périlleux d'écrire des livres » !

Un récit qui court du 30 août 2016 au 14 mai 2017 et relate le parcours d'un homme ambitieux et déterminé, en marche vers le pouvoir, vers l'Élysée, ce Graal convoité, avec tous les obstacles, déconvenues à endosser . Neuf mois qui tissent la complicité entre le futur président, et Philippe Besson, «  le conteur de ses faits et gestes ».
Un témoignage éclairant de ce moment historique hors norme, qui a «  turbulé le système » qui fera date. Un pas de côté réussi, impartial, sans complaisance.
Une expérience unique et mémorable que l'auteur nous a fait vivre avec intensité.


(1) : Les passants de Lisbonne de Philippe Besson Julliard janvier 2016
(2) : Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson Julliard janvier 2017
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J'ai passé un bon moment de lecture, appréciant me plonger dans ce texte particulier, un texte qui relate l'aventure que vit, et se crée, Emmanuel M.

J'ai lu beaucoup de critique sur ce roman, qu'il était inutile, que les gens ne voyait pas l'intérêt d'un tel bouquin.
Cependant, je ne suis pas vraiment d'accord, car je pense que ce livre doit être lu comme un roman, un peu comme une fiction dans laquelle le héro se bat avec force et conviction pour obtenir ce qu'il veut, se donnera les moyens pour atteindre son but, traversera les obstacles, les attaques et les coups bas pour enfin obtenir ce qu'il espère tant et ce en quoi il croit vraiment. Oui, Emmanuel M. fait le parfait héro de ce roman. Il en a l'étoffe, l'envie, la rage et la combativité.
D'ailleurs je trouve que le titre est parfaitement choisi car le destin d'Emmanuel M. est bien dans l'esprit et surtout, il se démène pour se le créer son fameux destin.

J'ai apprécié les confidences d'Emmanuel M. à Philippe Besson, ses éclats de vérité et parfois cette carapace que l'on voit se fissurer, ses quelques confidences dont les paroles m'ont parue sincères, le rendant plus accessible, plus humain.
J'ai aimé l'état d'esprit et les réparties de Brigitte M., qui semble à la fois espiègle, ouverte et très réaliste. J'ai aimé ses instants de fragilité où la peur transparaît, où l'inquiétude fait trembler les mots.
J'ai aimé la franchise de Philippe Besson quand il dit qu'inévitablement il ne pourra pas forcément rester objectif, même si cela est son souhait. Cependant il ne le fait pas à outrance et toujours avec sincérité, tout en restant insoumis et libre (un peu comme Emmanuel M. finalement...)
J'ai aimé les quelques questions incisives posées, les réponses parfois sans réponse (si habituel comme tactique que cela n'étonne même plus), les questions teintées d'humour ou de gravité.
J'ai aimé les remarques pertinentes et osées de l'auteur, j'ai aimé aussi sa discrétion.

C'est sûr que ce texte ne raconte rien de particulier si ce n'est cette extraordinaire épopée, assez incroyable, que vit Emmanuel M., une épopée à laquelle personne ne croyait, lui riant souvent au nez car trop jeune, trop présomptueux, trop...tout.

Page après page, j'ai suivi avec intérêt ce récit atypique, à la fois journal intime, chronique et récit romanesque. L'auteur, malgré le sujet, a réussi à m'apostropher et me maintenir en haleine jusqu'au bout, même si nous connaissons déjà tous l'issue. Un texte bien structuré, bien maîtrisé.

La plume de l'auteur m'a encore une fois charmée. Je suis amoureuse de son écriture et malgré la spécificité du roman, il arrive à marquer de son empreinte ce texte par sa prose poétique, charmante et envoûtante, faisant ainsi de ce livre une histoire romanesque servie par un héro des temps modernes.
Il a l'élégance des mots, la grâce des phrases et le charme du récit.
Il a su agilement adapter sa plume à la particularité du genre, à la particularité du personnage et de tout ce qui l'entoure.
Je dois avouer que quelques phrases m'ont émues et touchées, d'autres m'ont fait sourire.

Petit plus : j'adore la couverture !

Bref, un roman que j'ai apprécié, où je retrouve la plume de l'auteur et son sens aiguisé des mots, un roman clair et précis où l'aventure tient toute sa place, où le combat se lit à chaque page, où le héro, soutenue par son héroïne, nous offre un personnage de roman intriguant, attachant, au destin incroyable.
Lien : http://mateiva.blogspot.fr/2..
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Dans le champ politique de ces dernières années, Emmanuel Macron est un personnage détonnant et fascinant. Au milieu de tous les essais et biographies, le livre de Philippe Besson nous le dépeint de façon originale puisqu'au coeur de sa campagne. Sur le même mode que Marguerite Duras avec François Mitterand ou Yasmina Reza avec Nicolas Sarkozy, même si l'auteur se refuse à entrer dans la brèche du genre. La référence à Duras est d'ailleurs de rigueur, car auteur fétiche de l'écrivain, qu'il surnomme affectueusement MagueDu, il utilise la même formulation pour nommer le candidat : Emmanuel M. comme François M.

» Je songe : je vais écrire l'histoire de l'homme qui devient président.

Très vite, cependant, mon élan mystique est corrigé par mon incurable lucidité et par les lois de la probabilité. […]

Alors je me dis : je vais au moins écrire une aventure. »

Philippe Besson revendique sa subjectivité, et c'est ce qui fait l'originalité de ce livre. Il ne nous cache rien de ses intentions, de son projet et de ses opinions sur le personnage ou du système. Il nous emmène avec lui au coeur de cette campagne. Nous sentons le pouvoir salvateur d'une foule en liesse et le poids des conventions. le style de l'auteur est par ailleurs délicieux car truffé de ses réflexions et de son regard extérieur au monde politique.

C'est un livre traitant de politique sans en faire. C'est un livre sur l'aventure d'une campagne électorale qui restera dans les mémoires comme celle qui vit la déconstruction d'un système et l'ascension d'une figure neuve. C'est cela que souhaitait écrire Philippe Besson, la trajectoire d'un homme et la construction de quelque chose de nouveau et je crois qu'il a réussi.

Malgré tout, c'est un livre peut-être trop récent pour nous en apprendre beaucoup, mais il sera sans nul doute intéressant de s'y plonger dans quelques générations…
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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un roman oui, de société oui, partial sûrement un peu même si tout n'est pas "oui oui" quand Philippe Besson suit Emmanuel M. dans la campagne présidentielle improbable, impossible, réalisable puis remportée par le candidat.
des réflexions intéressantes sur les Français avides de changements mais qui refusent de changer, voire même de réagir (contrairement au second tour Chirac vs le Pen) , sur les ralliements politiques et le jeu des sièges mais surtout sur un homme brillant malgré sa jeunesse (mais quelle culture et maturité- on a le même âge et je me sens une enfant à côté) et sur sa compagne.
un côté tendre aussi. serait ce l amitié ? où simplement la pudeur des sentiments ?

ça se lit vite et bien. c est intéressant et nous sommes loin des analyses politiques réservées aux élites mais qui ne servent à rien au final.

ici c est bien d un personnage de roman qu'il est question !
merci Monsieur Besson
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Toujours le même plaisir à lire cet auteur et je comprends son admiration non dissimulée pour son personnage de roman. Sa subjectivité et sa bienveillance me plaisent au milieu de notre actualité où les hommes politiques sont commentés cruellement parfois.
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