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Critique de Polars_urbains


Trop de soleil tue l'amour est un des romans policiers africains les plus connus et parmi les plus significatifs du genre. Les thèmes abordés, superficiellement ou de manière approfondie - la dictature, les politiciens véreux, l'injustice sociale, l'insécurité, la violence, la débauche, l'alcoolisme, l'exploitation, les trafics divers… - servent de toile de fond à des aventures échevelées mettant en scène Zam, un jeune journaliste idéaliste, un peu alcoolo et féru de jazz, sa petite amie Bébête aux mérites peu reconnus et Eddie, « émigré sans papiers rapatrié de force par charter », pseudo juriste fort en gueule mais plein d'intelligence et de ressources…

Zam n'a pas de chance, alors qu'il prépare une série d'articles sur la déforestation et les spoliations foncières dont sont victimes des communautés villageoises, il est surveillé, filé, accusé de tous les maux et de tous les crimes. Ceux qui lui en veulent vont jusqu'à dynamiter l'immeuble dans lequel il a trouvé refuge avec sa belle, mais cela ne suffira pas à lui faire rendre les armes : après tout, selon l'exemple de Rosa Parks refusant de laisser sa lace à un blanc dans un bus de Montgomery, si on ne fait pas quelques chose, rien ne se passe.

La charge est forte et l'auteur laisse peu de place aux espoirs de démocratie dans un pays où la corruption, le clientélisme et le népotisme sont la norme et où prévalent parti unique et président élu à vie (pour mémoire, Paul Biya dirige le Cameroun depuis 1982 après avoir été Premier ministre de 1975 à son élection). Zam, en subira les conséquences et paiera cher, tout comme Eddie, son ami « avocat », épris de grands idéaux mais rapidement tourné cynique. On retiendra également quelques personnages secondaires, plus ou moins reluisants, comme PTC, le directeur du journal, Norbert, « flic amateur d'extras », Georges, le toubab néo-colonialiste manipulateur et pervers, enfin un politicien haut placé, un « grand », courroie de transmission des pratiques locales. Seule Bébête, personnification de la femme africaine à qui l'éducation a fait défaut et que la pauvreté a réduite au rang de victime, émerge de façon positive.

Trop de soleil tue l'amour souffre d'un rythme irrégulier et d'une écriture qui hésite parfois entre le français académique et un argot - celui d'Eddie en particulier – un peu incongru. Comme si l'auteur avait souhaité éviter la couleur locale du « français africain » que les auteurs d'aujourd'hui privilégient. On retiendra par contre une galerie de portraits pertinents et de belles digressions sur une certaine réalité africaine, celle de l'injustice sociale, de la violence et de l'insécurité, voire de la perversion.

Lien : http://www.polars-africains...
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