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EAN : 9782714476296
192 pages
Belfond (07/09/2017)
3.86/5   25 notes
Résumé :
En 1922, Hugo Bettauer, journaliste, romancier, grand provocateur, imagine une étonnante satire politique. Alors que Vienne traverse une grave crise économique et sociale, les autorités arrivent à une conclusion imparable : pour sortir du marasme, il suffit de faire partir tous les habitants juifs.
À Vienne, en 1922, les Juifs autrichiens occupent les postes-clés de la ville. Certes, les viennois apprécient hautement leurs qualités, mais les estimant trop écr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre étonnant dont je n'avais jamais entendu parler , découvert à la médiatèque , écrit en ........1922 par Hugo-Bettauer, écrivain sans tabous , fantasque, romancier et journaliste, grand provocateur, qui s'attirait les foudres de la presse bien - pensante ........une curiosité!
Dans cette satire il dénonce avec force et ironie la lâcheté des politiques et la versatilité des masses, " un roman d'après demain " , ainsi qualifié par lui , un récit de politique fiction étonnamment prémonitoire, : solution au marasme autrichien , faire partir tous les habitants juifs.
En réalité , l'idée principale de l'auteur est de dénoncer l'antisémitisme montant et de démontrer jusqu'à l'absurde que les autrichiens "juifs d'origine, "ne sont en rien responsables des problèmes multiples auxquels l'Autriche est confrontée et que leur départ ne ferait qu'aggraver la crise grave que traverse le pays ........
L'auteur met Vienne , sa ville , en scène avec force détails et quelques personnages conventionnels , l'émotion ne transparaît pas .......l'écriture est froide.
Au début c'est la liesse populaire , les Viennois sont euphoriques , ils font la fête , ils vont récupérer les logements libérés par les juifs expulsés :quarante mille libérés d'un coup .......il faut montrer au monde entier que l'Autriche peut vivre sans les juifs !
La populace observe quotidiennement le départ des trains d'évacuation et insulte copieusement les malheureux juifs expulsés après cette loi, ces chiens galeux !

Mais petit à petit l'enthousiasme fond comme neige au soleil, l'absence des juifs se fait sentir , l'économie périclite, le chômage est massif, les commerçants ne gagnent plus leur vie , ils ne sont pas à la hauteur , le tourisme périclite ........
Le fin de cette satire est optimiste toutefois.Mais trois ans plus tard, les antisémites se vengeront et ne pardonneront jamais à Hugo-Bettauer son pamphlet grinçant et absurde , il meurt assassiné par un militant nazi .
Son premier fils sera exterminé à Auschwitz et moins de cinq mille sept cents juifs vivent encore à Vienne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

L'auteur est visionnaire : ce pamphlet dérangeant , surprenant , apparaît , quatre- vingt- seize ans plus tard , malheureusement , toujours d'actualité!
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Ecrit en 1922, soit une dizaine d'années avant qu'Hitler ne s'empare du pouvoir en Allemagne, « La ville sans juifs » prouve que les théories nazies étaient déjà largement répandues dans la société autrichienne. C'est même très vraisemblablement pour cela que Hugo Bettauer a jugé nécessaire de les brocarder en proposant à ces concitoyens cet ouvrage qui a pris depuis une résonance toute particulière.
L'idée de son roman est fort simple. Il s'agit de démontrer par l'absurde que les autrichiens d'origine juive ne sont pas responsables des problèmes auquel le pays est confronté et que, loin d'améliorer la situation, leur départ ne ferait qu'aggraver les choses. Son récit commence donc par leur expulsion d'Autriche et notamment de Vienne où se déroule l'essentiel de l'histoire. Celle-ci se compose d'une succession de tableaux qui nous montrent les effets de cette décision sur la population et en particulier sur Léo Strakosch et Lotte Spineder, des Roméo et Juliette viennois dont les amours contrariées jouent un peu le rôle de fil conducteur.
L'atmosphère est d'abord à la joie et l'allégresse. Les viennois se félicitent de trouver des logements vacants et de récupérer les emplois des juifs. L'Etat confisque une partie des biens des expulsés et les spéculateurs se frottent les mains. Seuls quelques grincheux trouvent motif à se plaindre : un député qui a voté la loi se rend compte un peu tard que son gendre est un juif converti et que ses petits enfants vont le suivre en exil, un avocat antisémite se plaint d'avoir perdu ses bouc-émissaires favoris et des femmes de petite vertu regrettent une clientèle fidèle et généreuse. Et puis, petit à petit, les choses s'enveniment. L'inflation s'installe, l'économie est en berne et l'avenir s'annonce sombre. Les commerçants peinent à gagner leur vie, les entrepreneurs font faillite, les ouvriers pointent au chômage et tous regrettent bientôt l'atmosphère de gaieté et de prospérité qui avait cours du temps des juifs.
Le livre de Bettauer est une satire extrêmement corrosive. le monsieur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer l'état d'esprit de ces concitoyens. le trait est forcé et parfois même outrancier. Il est en effet difficile d'admettre que la situation économique et culturelle de l'Autriche puisse sombrer en l'espace d'une seule année. Difficile aussi de croire que les autrichiens soient si peu doués qu'ils ne parviennent pas à commercer, à diriger une banque ou une grande société ni même à écrire une pièce de théâtre digne de ce nom. Mais en montrant ses compatriotes aussi démunis après le départ des juifs Hugo Bettauer ne fait que démontrer la stupidité du discours antisémite selon lequel ces derniers accaparent les richesses et tiennent les leviers économiques, politiques et culturels du pays. Prenant ce postulat au pied de la lettre, le retournant à son profit, il nous montre tout à fait logiquement des chrétiens incapables d'exercer des tâches et des métiers qui n'étaient pas les leurs.
Il se moque également de l'aspiration des autrichiens – qui sera aussi celles des nazis - à un retour aux traditions germaniques et campagnardes. On ne s'habille plus qu'en loden ou en flanelle, on ressort les costumes tyroliens et bientôt la capitale prend des allures de grand village, un peu comme si avec le départ les juifs, l'esprit viennois et le rayonnement international de la ville s'en étaient allés.
Mais satire et dérision ne veulent pas nécessairement dire légèreté. L'humour n'enlève rien à la gravité des faits dénoncés et derrière la farce transparaît toute l'ignominie de l'idéologie nazie. On retrouve dans la bouche des dirigeants et des gens du peuple sa rhétorique assassine (la juiverie internationale, le complot maçonnique, la définition de ce qu'est un aryen de souche…) et, même s'il n'est pas question de solution finale, il est tout de même prévu de supprimer les juifs qui ne quitteraient pas le pays ou tenteraient d'y revenir.
Le roman de Bettauer se termine néanmoins par une happy-end et une vision de l'avenir plutôt optimiste. L'histoire lui donnera malheureusement tort. Trois ans plus tard il tombera sous les balles d'un nazi et les décennies suivantes verront les juifs d'Europe subir le sort que l'on sait.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Je remercie Cultura et le comité de lecture qui m'ont permis de découvrir ce roman. Alors il ne s'agit pas vraiment d'une nouveauté dans le sens où ce roman a été écris en … 1922 ! Cependant, il est très intéressant puisque l'auteur a été visionnaire d'un point de vue historique sur ce qui arriverait aux Juifs. J'ai vraiment aimé découvrir cette histoire fictive avec mon recul sur l'Histoire.

Si ce roman n'est pas exceptionnel en terme d'écriture (l'histoire est simple, les personnages pas spécialement attachants), il reste intriguant quand on connait la date à laquelle il a été écrit. Il est paru en 1922. A cette date, le parti nazi allemand n'est pas encore au pouvoir, Hitler n'a pas encore fait parler de lui et nous nous trouvons dans l'entre deux guerre. Pourtant, l'antisémitisme (même s'il n'est pas à son maximum) est bien présent. Les Juifs sont les souffres douleurs, on leur reproche beaucoup de choses, notamment de s'enrichir et d'être la cause des divers maux. L'auteur, vraiment lucide sur son époque, il a donc décidé d'écrire ce roman dans lequel il veut démontrer l'absurdité des thèses antisémites en imaginant l'expulsion des Juifs d'Autriche.

Dans ce roman, nous allons donc nous rendre compte de la façon dont son traité les Juifs. Décris comme « esprits mauvais, têtes de turcs, vampires et oppresseurs du peuple », on voit clairement qu'ils sont mal jugés, qu'on les accuse de tout et n'importe quoi. En ce sens, il va rapidement être décidé que le pays se porterait mieux sans eux et ils vont petit à petit être expulsé jusqu'à ce qu'il n'en reste plus aucun. Bien sûr, cette expatriation va rendre les autrichiens euphoriques. Enfin ils vont pouvoir récupérer les logements, l'argent, les commerces et divers emplois. Mais au fil du temps, ils vont se rendre compte que tout ne marche pas comme ils l'auraient voulu. L'économie ne cesse de chuter, le chômage augmente, les commerces font faillites et l'inflation s'installe. Mais cette fois, ils n'ont plus personne sur qui rejeter la faute. Et il va être bien difficile de s'en prendre à eux-mêmes alors que les Juifs ont toujours représenté la cible parfaite.

J'ai vraiment aimé cet ouvrage écrit avec beaucoup de dérision et de cynisme. Tout ce qui se passe est assez gros bien sûr mais je pense que c'était voulu par l'auteur pour renforcer le côté absurde des thèses antisémites. Il a ainsi voulu montrer que non, les Juifs ne sont pas responsables de tous les maux du monde. Si l'histoire est écrite sur un ton léger, on sent que le sujet ne l'est pas et que l'auteur sentait que la situation des Juifs ne cessait de se détériorer. Malgré tout il a choisi de finir sur une note optimiste qui malheureusement ne sera pas le cas de la réalité …

C'est un ouvrage vraiment intéressant à lire avec notre recul. C'est fou de se dire que ce roman a été quasiment prémonitoire. Je pense que l'auteur a imaginé une théorie extrême : l'expulsion des Juifs, sans soupçonner que ça deviendrait réalité quelques années plus tard. Je pense qu'il ne pouvait même pas imaginer que le destin des Juifs serait bien plus noir et dramatique que son scénario. En tout cas il a été très lucide sur les évènements et a été courageux d'écrire un tel roman dans ce contexte.
Lien : https://dreamingwithboooks.w..
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La préface annonce la couleur : la qualité de ce roman tient plus à son contenu qu'à son style littéraire : l'écriture est plate et c'est une énumération de faits sans réelle émotion.
Par contre, le contenu est, je confirme, très dérangeant. L'auteur a écrit ce roman en 1922, et raconte une hypothétique histoire où sa ville, Vienne, expulse ses juifs ; d'abord enthousiaste, la population va très vite déchanter.
Cet écrit est fort perturbant quand on revient sur notre Histoire : le parti nazi n'est pas encore au pouvoir en Allemagne, il faut attendre la crise de 1929 pour que les choses s'accélèrent ; en 1922, c'est un jeune parti qui n'est pas pris au sérieux, et Mein Kampf ne sera écrit qu'en 1924. Mais Hugo BETTAUER a bien senti cet animosité envers les juifs ; après tout l'antisémitisme est répandu et pleinement accepté en Autriche. L'auteur a sans doute écrit ce roman pour réveiller les consciences, pour mettre en garde sur l'application de solution extrême envers la communauté juive. L'Histoire a montré qu'il n'a pas été entendu, et au-delà du pire des scénarios, Hugo BETTAUER n'a pu imaginer le sort final réservé aux juifs.
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Merci à Net Galley et aux éditions Belfond de m'avoir permis de lire ce roman.
En 1922, Hugo Bettauer écrit La ville sans juifs où il met en scène sa ville, Vienne. Dans celle-ci, on expulse... les juifs ! Au début tout va bien, on n'a pas besoin d'eux, mais très vite les choses se gâtent.
C'est surprenant, quand on sait comment les juifs ont été exterminés quelques années plus tard !
L'auteur a du sentir le vent tourné pour les juifs, et son ouvrage est malheureusement prémonitoire.
C'est un roman qui m'a intéressé, le contenu est vraiment pas mal du tout.
Par contre, l'écriture est un peu plate par moment. Je trouve que ça manque un peu d'émotion, c'est dommage.
Un roman dérangeant, surprenant, et qui mérite quatre étoiles.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"De l'université à la rue Bellaria, une véritable muraille humaine cernait le splendide et serein bâtiment où siégeait le Parlement. En cette matinée de juin, tout Vienne semblait s'être donné rendez- vous , à dix heures , là où allait se jouer un événement historique d'une portée imprévisible.
Bourgeois et ouvriers, dames et femmes du peuple, adolescents et vieillards, jeunes filles, petits - enfants, malades dans leurs fauteuils roulants surgissaient pêle - mêle, criaient , discutaient politique et suaient abondamment .
À tout moment , un nouvel exalté se mettait à haranguer la foule et sans cesse on entendait retentir le même slogan : "DEHORS LES JUIfS " .
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De l'université à la rue Bellaria, une véritable muraille humaine cernait le splendide et serein bâtiment où siégeait le Parlement. En cette matinée de juin, tout Vienne semblait s'être donné rendez-vous, à dix heures, là où allait se jouer un événement historique d'une portée imprévisible. Bourgeois et ouvriers, dames et femmes du peuples, adolescents et vieillards, jeunes filles, petits enfants, malades dans leurs fauteuils roulants, surgissaient pêle-mêle, criaient et discutaillaient politique et suaient abondamment.
A tout moment, un nouvel exalté se mettait à haranguer la foule et sans cesse on entendait retentir le même slogan :

"Dehors les Juifs !”
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Le dernier jour de l'année fut pour Vienne un jour de fête comme jamais la ville joyeuse et légère n'en avait encore vécu. En réquisitionnant tous les moyens de transport, avec l'aide de locomotives prêtées par les Etats voisins et non sans avoir pris le soin d'interrompre tout autre trafic de voyageurs et de matériel, on avait, ce jour-là, réussi à expédier les derniers Juifs par trente trains gigantesques.
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" ce qui se passe, idiot que tu es? Rien du tout si ce n'est que tu as contribué, vieil imbécile, à ce que ta fille et tes petits enfants soient expulsés du pays!"
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Vidéo de Hugo Bettauer
"La ville sans juifs": un film prémonitoire de 1924 sauvé par un appel aux dons.
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