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EAN : 9782081409460
192 pages
Flammarion (06/09/2017)
4.29/5   12 notes
Résumé :
De quoi parlons-nous lorsque nous évoquons notre origine, nos traditions, notre identité? Que dit, associée à ces mots devenus omniprésents, la métaphore des racines? La nostalgie est un sentiment noble. Mais peut-elle nous aider à comprendre le monde où nous vivons?

En s'étonnant lui-même de ne plus reconnaître sa ville natale, Maurizio Bettini nous invite à une déambulation pleine de sensibilité dans la mémoire privée et collective. Sa réflexion, ap... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a , comme les contes de jadis, des livres improbables, qui perdus dans un tumulte de frénésie littéraire, sont là proche de vous, dans une abime lointaine des circuits classiques, privilégiant des produits véhiculant une manne financière juteuse, un copinage consanguin de passe-droit entres amis de circonstances , et si nous arpentons avec passion les chemins de traverses, vous aurez la chance de pouvoir avoir entre vos mains une pépite, un ouvrage clairvoyant boudée par une critique aveugle, une critique de mode vénale. Contre les racines de Maurizio Bettini des éditions Champs actuel est un ouvrage philosophique d'une fraicheur nouvelle, dans une époque où le nationaliste s'infiltre dans les âmes en peine que l'être humain asservit est devenu. Dans ce climat instable de la montée affolante de groupe extrémiste, de la peur farouche des musulmans, avec la question du foulard, nous nous recroquevillons dans une forme de nostalgie réconfortante d'un passé qu'on n'oublie pas. C
ette peur de changement happe les esprits vers des pensées maladroites.
Cette petite mise en bouche est longue, un préambule à la mesure de la profondeur de ce livre écrit par ce professeur Italien de philosophie classique à l'université de Sienne, francophone, Maurizio Bettini donne régulièrement des conférences au Collège de France et à l’école pratique des hautes études. Je citerai Emmanuelle Loyer avec cette citation à propos de ce livre.
« Ce texte ciselé, plein d'humour et de pertinences, est à lire toutes affaires cessantes. »
Maurizio Bettini débute son livre par cette vue d'ensemble de la société, le retour à la tradition, présentant l'ambigüité de notre civilisation.
« Nous vivons immergés dans une anthropologie réelle de l'homologation et nous inventons une anthropologie imaginaire de la différence. »
Cette modernité sociétale rogne les différences, nous vivons dans une communauté qui se clone de la mode de l'instant vampirisant l'architecture même de l'identité autochtone vers une mondialisation des genres, les parisiens, les madrilènes, les romains ont pour le regard d'un touriste une similitude comme le souligne Maurizio Bettini, où les aéroports sont tous identiques, seul les monuments permets de différentier ces villes. La peur des immigrés et leurs traditions font émerger des racines lointaines, une forme de jalousie. Maurizio Bettini va explorer cette notion de racine et tradition, pour comprendre ce phénomène de la peur de l'autre, et d'un nationalisme ridicule.
Racine, faisant référence à un arbre, source de vie, au fondement, Maurizio Bettini souligne l'incohérence de ce mot, employé comme charge asservissante dans ce chapitre sur la construction métaphorique de l'autorité. S'appuyant sur les discours de certains hommes politiques de son pays comme Marcello Pera, mais aussi de grand philosophe tel Cicéron pour nous rappeler que la définition de la tradition est assez complexe, surtout lorsqu'on l'associe aux racines, c'est comme mettre « de l'animé à de l'inanimé » . Cette métaphore arboricole des traditions enchaine un peu plus les personnes, comme esclave d'une tradition sans pouvoir décider seul de sa culture comme pouvait le dire Voltaire, une dépendance certaine de la terre, lieu immuable de nos racines .Puis s'ensuit une hiérarchisation, en décidant d'un sommet, d'une fondation pour assurer une autorité encore plus forte, ce style de discours, permet d'enclaver un peu plus, d'un aléatoire, et d'arrêt sur image de l'histoire, oubliant ce passé qui n'arrange pas, car c'est impossible de définir « le premier anneau ». Ainsi Maurizio Bettini développe l'idée de modes vie, une vision d'une tradition horizontale, pouvoir s'enrichir des autres, une évolution perpétuelle de ses us et coutumes.
Beaucoup de récits antiques sont utiles à Maurizio Bettini pour définir qui nous sommes, connaitre nos origines, comprendre surtout ces discours extrémistes, les amalgames, les syllogismes, et du paradigme mythique de la construction/ reconstruction de l'identité et de la tradition avec ce récit mythologique du poème de Virgile.
J'ai découvert avec horreur une tragédie meurtrière et ses origines, cette guerre du Rwanda entre Tutsi et Hutu, d'une tradition élaborée par d'autres, une bêtise incroyable de l'absurdité humaine. Pour finir je cite avec beaucoup de plaisir cette citation de Maurizio Bettini :
« Avec le tourisme comme sage-femme, la mémoire culturelle avait accouché de son propre oubli. »
Avec beaucoup d'humour Maurizio Bettini, d'une question simple sur le changement de sa ville natale d'un de ses amis, se surprend de sa réponse intérieure et nous explique ce choix, cette nostalgie. Il évoque, cette ville natale, Livourne, son histoire anthropologique, cette diversité oubliée et cette fameuse nostalgie, celle qui gangrène véritablement l'esprit, entre mémoire privée et mémoire collective, anthropologique et nostalgique, histoire et politique. Il cite Michel Houellebecq et Alain Finkielkraut défendant de manières différentes les « racines » de la culture française dite « chrétiennes », cette nostalgie est source de lyrisme, de création mais elle ne peut expliquer et comprendre l'histoire…
L'articulation des cultures entre elle, permet une métamorphose diffuse de la culture, une nouvelle vie, au contraire de son extinction ou de sa corruption, cette multiplicité est immuable de tout temps, existe-t-il la quintessence ultime, la mère de toute culture, fantasme illusoire d'une nostalgie et surtout d'une pureté à chacun, d'être celle espérée, celle aryenne pour le III e Reich, helléniques pour Manuel Valls, Emmanuel Macron et d'autres, cette Grèce, pays fondateur exclusif de cette démocratie actuelle, en oubliant d'autres origines que notre auteur nous invite à découvrir. Maurizio Bettini poursuit avec l'alimentation et le langage, pour finir avec Plutarque et Vie de Romulus.
L'origine de Rome sous la plume de Plutarque, référence choisit par Maurizio Bettini comme final pour ce livre doit nous faire réfléchir et nous faire prendre conscience, la pluralité étant la source de toute tradition, la diversité émulsionne les valeurs pour enfin dire « Nous ».
Je vous laisse le soin de découvrir un texte sobre et libre de toute servitude extérieur, une pensée qui touche la sensibilité de mon être indépendant, une philosophie d'ouverture et d'échange, un partage où la diversité est reine, comme cette nostalgie humaine caressant notre passé, celui de notre enfance et celle de Maurizio Bettini. J'ai aimé découvrir ce livre par ces références pertinentes, de toutes époques, ces idées perspicaces en corrélation avec celles qui gravitent en moi, surpris par ce chapitre sur l'art culinaire, de ces plats références d'un pays, mais si on creuse l'histoire de ces mets, nous sommes souvent ébahis, voir interloqués, où se cache une vérité invisible surprenante.

Toutes traditions restent universelles et multiples, ouvertes à tous êtres humains et non à certains pour une exclusivité autoritaire et arbitraires. Il faut vivre ensemble et s'ouvrir aux autres, toute culture est perméable aux autres, dans une évolution permanente, et nous libre de la choisir.
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Dans ce petit ouvrage salutaire, Maurizio Bettini part en guerre contre le discours sur les prétendues racines de notre civilisation et contre la vision de la culture et de l'identité qui en découle. Après avoir démontré à quel point les affirmations visant à mettre en évidence les racines millénaires de nos sociétés sont basée sur des croyances plus que sur des analyses objectives, il oppose à cette une vision identitaire étriquée dans laquelle les apports culturels étrangers sont perçus comme une menace, celle de la plasticité des cultures, de leur évolution permanente, de leur inéluctable métissage. A la métaphore des racines, forcément statiques et immuables, il préfère celle du fleuve dont les centaines d'affluents contribuent à la richesse.

Une lecture revigorante à l'heure où les discours xénophobes colonisent les esprit avec la bénédiction de nombreux gouvernants.
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Un petit livre qui fait le point sur quelques métaphores, racines ou fleuves notamment, pour inviter le lecteur à être plus historien, humaniste, voire aimable anthropologue, que nostalgique, identitaire, présentéiste et, en un mot, banalement ignorant.

Comprenons que la tradition est d'abord l'affaire de ce qui est transmis par les vivants, mieux vaut en faire l'histoire que toute une histoire (d'intolérance et d'exclusion).

De brefs chapitres, de nombreux exemples, un texte concis écrit pour contrer les racines, certes, mais aussi l'italienne Ligue du Nord, entre autres.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il est important de rappeler cependant qu'il ne faut pas croire que les cultures dites "traditionnelles", au contact de la "modernité", ne font que "s'éteindre" ou "se corrompre", comme on tend souvent à le penser: souvent, en effet, les cultures se réarticulent selon des perspectives nouvelles, donnant ainsi naissance à d'autres formes de vie, qu'il vaut toujours la peine de connaître et d'observer.

A la différence de l'attitude que je viens de décrire, celui qui fait appel aux "racines culturelles" n'est pas animé par un intérêt pour les cultures en général, mais seulement par la "sienne". Ce n'est pas par hasard si les racines culturelles ne sont invoquées que lorsqu'il s'agit des "nôtres".
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Quand on dit, par exemple, que nos racines sont chrétiennes, on affirme en même temps, fût-ce sans le dire explicitement, que le christianisme est le "fondement naturel et nécessaire" de notre culture.
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Avec le tourisme comme sage-femme, la mémoire culturelle avait accouché de son propre oubli.
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