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Critique de Dridjo


Attention … Coup de Coeur !!

Autant l'annoncer tout de suite sans faire le lecteur capricieux, ce « Zoo city » de Lauren Beukes est entré dans le top 10 de mes coups lectures de l'année, directement à la 4ème place. Il détrône tout de même de le « L'amour avant que j'oublie » de Lyonel Trouillot.


Lauren Beukes est Sud-Africaine, femme, auteure. Rien de très original là-dedans. Puis, son particularisme apparaît, elle met en scène des personnages noirs – bien qu'on ne s'en rende quasiment jamais compte si ce n'est au détour d'une phrase-flash – dans des environnements de science-fiction.
Dans le cadre de la rencontre « Palabres autour des arts » de janvier 2015 qui sera consacré à la science-fiction et l'héroïc-fantasy dans les littératures des Afriques, j'ai eu un mal de chien à trouver des auteurs du continent qui se soient attaqués à ces genres littéraires. J'ai donc sauté de joie en découvrant Lauren Beukes (mais aussi Momi Mbuzé ou la nigériane naturalisée américaine Nnedi Okorafor) et j'ai vu mon bonheur grimper d'un cran, à chaque minute de lecture, en découvrant ce magnifique récit, qui n'est pas vraiment de la science-fiction mais plutôt une sorte d'uchronie du présent d'une Afrique du Sud "destroye " et rongée, non pas par le poison de l'Apartheid, dont il n'est d'ailleurs jamais question dans le récit, mais par le crime, la violence représenté par les animalés. Patience, j'explique.


Lauren Beukes nous campe une Afrique du Sud optimiste-béat dans le fait que la société n'est pas traversée par la problématique raciale, que les « camps » fait de couleurs différentes n'ont pas leur place dans cette nation résolument arc-en-ciel, mais, la nature ayant horreur du vide que causerait une absence de haine, a remplacé le problème de race par l'éternel problème de la misère, de l'inégalité et, surtout, elle a fait descendre sur la terre un un fléau – magique ? – que personne n'a réussi à expliquer ; l'animalisation de toutes les personnes qui se sont rendus coupables d'un crime de sang. Ou plutôt qui se sentent coupable, d'un crime de sang ?


Nous sommes dans un monde où, la nuit qui suit le crime commis, un animal quelconque vient frapper à la porte du meurtrier et s'attache à lui à vie. Impossible d'échapper à ce destin. Une grande distance entre l'homme et son animal crée des douleurs intolérables et la mort de l'animal entraîne celle de l'homme par ce que tous appellent, l'esprit rempli de frayeur, "le contre-courant". Les coupables de crimes sont donc affublés, en permanence d'un animal (ours, chien, papillon, tigre, marcassin…) sans que personne ne sache vraiment sur quels critères sont "choisis" les animaux. Et il est, évidemment, quand on est dans une prison de haute sécurité, il vaut mieux être animalé à un tigre du Bengale qu'à une souris grise de Brasilia. Quoi que…
Quoi que, là où Lauren Beukes introduit encore plus de fiction-magique, c'est que les animaux apportent à leur "compagnons" des capacités nouvelles, des « pouvoirs » - mutants selon l'univers Marvel – qui vont de la simple capacité à inspirer de l'empathie, au pouvoir de "posséder" d'autres corps. Un animal "fort" ne donne pas toujours un "pouvoir" fort.


Zinzi, le personnage principal de ce « Zoo City », est donc une jeune dame, au passé douloureux, animalée à un paresseux, et vivant dans le ghetto le plus glauque et mal famé de Jo'Burg. Elle y vit avec Benoît, animalé à une mangouste, qui est un congolais au passé trouble qui a fui la guerre.

Zinzi a hérité, avec son paresseux, du don de retrouver les objets. Elle n'a qu'à regarder quelqu'un pour qu'apparaissent devant les les « fils » de tous les objets, êtres, que cette dernière a perdu. Plus vous avez perdu de choses, plus dense est le halo vous entourant. Alors Nzinzi utilise ce don pour retrouver des choses sans importances pour des gens aussi pauvres qu'elle. Et, à côté, elle vit d'arnaque à l'ivoirienne. Ces messages envoyés par million, au hasard d'adresse mail c trouvé sur le Net, qui sont faits de larmoyantes demandes d'assistance avec, en contrepartie d'un geste si plein d'humanité, des promesses de pactoles. Et un jour, deux animalés au profil des plus effrayants, lui demandent de retrouver Songweza, la moitié, jumelle, d'un duo de chanteur ado stars. Là débutent, vous vous en doutez, les problèmes…


J'ai véritablement adoré lire ce roman. L'écriture est fluide et moderne, le rythme est digne des meilleurs polars, soutenu et dynamique, la tension monte petit à petit, en vrai thriller et les dernières pages du livre nous mettent dans une angoissante attente du dénouement. L'on s'attache à cette Zinzi revenue de tout et qui s'accroche à la vie, après avoir touché le fond du fond. L'idylle avec Benoît n'a rien d'une amourette à l'eau de rose et pourtant l'émotion est là et les personnages « méchants » sont vraiment terrifiants. Lauren Beukes utilise des extraits d'articles de journaux pour nous donner des informations sur l'environnement (notamment sur les animalés) sans alourdir le récit d'explications trop longues.

Ce livre est surtout un polar, thriller, dans une réalité alternative de l'Afrique du Sud, mâtiné d'inexplicable, de magie et de criminels dopés au surnaturel. C'est haletant, bien écris, passionnant et il accrochera – à mon humble avis – aussi bien les vrais férus de SF que les nouveaux venus dans cet univers littéraire.
A découvrir absolument.
Lien : http://www.loumeto.com/mes-l..
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