Le formidable recueil, ardu et fulgurant, politique et inspiré, de la poésie d'
Hakim Bey.
Publié en 2008 chez Autonomedia à New York, traduit en français en janvier 2014 par Émilie Notéris aux éditions ère, «
Black Fez Manifesto » rassemble l'essentiel de la poésie concoctée par
Peter Lamborn Wilson (aka
Hakim Bey), l'inclassable enquêteur créateur de l'anarchisme ontologique, du terrorisme poétique, des utopies pirates, des zones d'autonomie temporaire, du post-soufisme de terrain, inspirateur depuis trente ans d'une part importante du techno-anarchisme et des communautés de hackers.
Comprenant une cinquantaine de textes poétiques courts (allant d'un paragraphe à quelques pages) et quelques magnifiques communiqués du Front de Libération de Cro-Magnon, le recueil propose un voyage touffu et même ardu par moments, tant le corpus dans lequel
Hakim Bey puise son inspiration et ses références est foisonnant et varié, associant sans hésiter les thèmes issus des nombreux essais écrits depuis les années 80, mêlant littérature anarchiste, exploration technologique, faits bruts issus d'une actualité sociale et politique, mysticisme oriental, ésotérisme universel, reportage industriel, bribes de science-fiction, ou encore méditation échappant au désenchantement.
Dans ce dense réseau d'images et de résonances qui ne se dévoilent pas toujours immédiatement, des fulgurances surgissent très régulièrement, parvenant alors à ce miracle d'équilibre, fatalement instable mais incroyablement juste, entre émotion irrépressible et intelligence aiguë, entre introspection solitaire du lecteur et encouragement à l'action collective. Comme l'écrivait fort joliment Louise Landes Levi lors de la sortie américaine, «
Hakim Bey est un chaman, il joue son tambour et son rôle partout et chaque fois qu'il le peut ».
Sous une forme quelque peu déroutante, indéniablement l'un de ces livres vers lesquels on sait, dès la première lecture, que l'on reviendra souvent, en de nombreux temps et de nombreux lieux.