Le bandeau sur le livre mentionne... roman érotique africain... Au terme de la lecture, je m'interroge toujours et encore... pourquoi ajouter "africain"... Cela change quelque chose au fait que c'est érotique africain? L'érotisme africain est donc différent de l'érotisme japonais fait d'estampes? Ou de l'érotisme indien (illustré par les Arabes) du Kama Sutra?
Je ne suis pas choqué par des choses crues ou brutales. Rien dans le livre ne m'a dérangé. Cela dit, pour l'érotisme, on repassera... Ou alors, l'érotisme africain, c'est de la pornographie européenne... Ce livre est à l'érotisme ce que
Patrick Sébastien est à la musique baroque, ou ce que O'Tacos est à la gastronomie française... Une sombre mystification.
En attrapant un livre érotique, je pensais le lire d'une main, comme dit Herbert Léonard dans un de ses tubes. Je m'attendais à avoir le bambou, le cyclope qui pointe de l'oeil... Et alors, et alors... ? Zorro n'est pas arrivé. Rien, que dalle, la Gaule est resté sagement dans la poche de son kangourou.
Au-delà de descriptions directes et explicites d'actes sordides, éclairés par une lumière littéraire blafarde, par un néon bourdonnant de mots supposés susciter l'émoi ou le dégoût du lecteur, il y a une tentative de propos militants. L'autrice aborde les maux de l'Afrique par la puissance évocatrice de mots durs comme autant de sexes dressés. La pauvreté, la misère, le sous-développement, l'entassement des corps, la perte du supplément d'âme dans les bidonvilles des banlieues africaines, l'espoir d'aller vivre à Saint-Denis , loin dans la France qui fait -encore- rêver... s'ils savaient, semble aussi dire
Calixthe Beyala... voilà aussi le propos de l'autrice. Mais cela débande gravement car le sexe inutile prend le pas sur la colère sociale...
Personnellement, je pense que c'est dommage d'avoir adopté une telle approche, celle du sexe brutal et sauvage (que d'aucuns aiment accoler à la négritude, d'ailleurs). Car cela déforce (alors que les gars du livre défoncent...) le propos panafricain, identitaire, revendicateur du livre. Car il y a une (belle?) idée de l'Afrique dans ce roman. Hélas, cette Afrique pointe son micro-pénis derrière une avalanche de sperme et de foutre. Que de clichés, finalement... Et même au niveau du vocabulaire, je m'attendais à mieux...
Jean-Claude Carrière dans Les mots pour la chose s'adressait à une actrice de films X pour lui apprendre la poésie des mots pour désigner les choses de la chose. Il y avait de la verge... euh non, de la verve et du style. Ici, il n'y a pas grand-chose. J'ai cru un instant faire un grand bond en arrière et lire ces nouvelles qu'on se lisait ados en feuilletant fébrilement Union ou un magazine du style.
L'Afrique méritait mieux. La trique aussi.