Très beau travail, minutieux et précis, sur une tranche de vie dédiée à l'archéologie. le concept de Belle Époque de l'archéologie tel que le propose l'auteur est très pertinent et Paul Camichel est tout à fait emblématique de cette époque. Pourquoi a-t-il cessé toute activé et fouilles après 1914 ? L'analyse de l'auteur n'a pas réussi à apporter une réponse claire à cette question.
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Les activités auxquelles s’adonnait Paul Camichel, telles qu’il les relate dans ses notes, trahissent ou, si l’on préfère, reflètent à suffisance tout un pan de la recherche et toute une époque que nous avions dépeinte dans d’autres champs comme une « Belle Époque » de l’archéologie (Beyneix, 2020). Entendez par là qu’au tournant des XIXe et XXe siècles l’archéologie a connu un très grand engouement. Ouvrons le volume de souvenirs de l’archiviste et historien Georges Tholin (1843-1922) dans lequel un passage résume magnifiquement l’état d’esprit du moment : « Être archéologue, ce n’est point du tout, comme on le pense, une spécialité. On vous a dit certainement bien des fois : vous êtes archéologue ; comme on dirait : vous êtes notaire. Eh bien ! Il faut en rabattre et j’en suis charmé. Tout le monde fait de l’archéologie comme M. Jourdain faisait de la prose » (Tholin, 1890 : 89). Ainsi donc quantité de gens, d’une certaine façon, se piquèrent pareillement de préhistoire.
En définitive, Paul Camichel ne joua qu’une note fugace sur la partition des préhistoriens de son époque. Il est aisé de le ranger dans le groupe des archéologues provinciaux – et habituellement désignés comme des amateurs – tels qu’a pu les définir avec pertinence Marc Groenen dans son étude biographique sur François Daleau (Groenen, 2002, 148-152). Il fut donc un parmi tant d’autres, certes, mais à l’exception près qu’il a légué ce journal des fouilles. Ce n’est pas rien. Celui-ci n’était pas destiné à publication mais il nous plonge – comme nous l’avons titré – dans les pérégrinations quotidiennes d’un archéologue amateur emblématique de cette Belle Époque de l’archéologie.
Extrait de la préface de Alain Schnapp : Alain Beyneix ne s’est pas
contenté de reproduire scrupuleusement le texte rédigé par paul
camichel, il l’a enrichi des précisions nécessaires à sa compréhension,
et d’une biographie complète qui prend largement en compte le
contexte intellectuel et social d’un homme qu’on pourrait définir
comme l’idéal type du préhistorien amateur au xxe siècle.
Conférence du 17 juin 2022 au Collège de France