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Critique de PrettyYoungCat


Non, il ne saurait être trop question de la Shoah et de la barbarie nazie.
Ou ce serait se blaser de l'horreur.
Ce serait réduire à une masse informe, à une statistique, des individus, des familles, des histoires.

Non, on ne sait pas tout. Et même, on ne sait rien.

"Il y a, dans l'histoire des camps, "quelque chose", présent chez les survivants, qui ne peut être ni défini ni décrit en termes humains. La mort vécue ne peut pas se raconter, pas plus qu'on ne peut regarder le soleil en face ou rester indéfiniment sous l'eau. Auschwitz ne peut pas être "mis en mots", ni en images, ni en sons. (...)
Alain Resnais, dans Nuit et Brouillard, ne dévoilait que les conséquences physiques de l'extermination, jamais le quotidien qui a conduit à "Ça". Idem pour ce correspondant de guerre auprès des Alliés, réalisateur d'un étonnant document sur la libération de Bergen-Belsen, entièrement tourné dans un plan-séquence bouleversant.
La caméra voit, elle ne ressent pas. Elle ne peut pas montrer le gouffre qui s'ouvre en chaque individu lorsque, lucide, il commence à vivre son propre deuil. Ce n'est pas la peur de la mort qui est en cause, mais la "chose" indescriptible, l'instant indicible où s'effondrent toutes les structures morales, religieuses ou autres que chacun a construites durant son existence. C'est l'écroulement de son vécu qu'il est impossible de traduire, ce moment où chaque déporté plonge dans... QUOI ? (...)
A Auschwitz, chaque individu perdait brutalement tout le vernis "civilisateur" accumulé sur lui depuis des millénaires et résumait, à lui seul, toute l'histoire de l'espèce depuis l'apparition du premier homme sur la terre. Au camp, chaque petit bonhomme se présentait nu sous un microscope géant, dévoilant, grossies un million de fois, la bassesse et la grandeur contenues dans l'être humain."

Joseph Bialot tente donc l'exercice périlleux du témoignage de l'indescriptible, d'une expérience qu'on ne pourra pas même approcher.
Mais nous devons quand même essayer, comme ces survivants essaient de nous transmettre.
Car nous le leur devons, nous le devons à L Histoire, à l'Humanité.
Nous devons toujours nous rappeler, nous interroger et nous méfier de ce que l'être humain est capable de faire.
Nous souvenir que l'impensable a été et est encore possible.
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