Posada

Nous connaissons tous au moins une gravure de José Guadalupe Posada sans savoir qu'elle est de lui. Ce bel ouvrage très complet signé Laetitia Bianchi réunit de nombreuses reproductions de gravures de ce prolifique dessinateur, graveur et caricaturiste mexicain (1852-1913).

« La Calavera Maderista
Aqui está la Calavera,
La valiente Maderista,
Que se receta a cualquiera
Con pólvora y dinamita. »

On associe systématiquement Posada aux calaveras, dont l'iconique Catrina, squelette féminin richement vêtu, portant boa, plume et grand chapeau. Inspiré des cultes préhispaniques et de l'art macabre médiéval, la Catrina est devenue avec les années une figure emblématique de l'art populaire mexicain, et de la Fête des Morts.
On trouve depuis des décennies des reproductions de son travail sur des tee-shirts, des couvertures de romans, des affiches. Ses squelettes sont devenus des statuettes, des porte-clés... Etonnant pour un artiste (qui s'était inspiré des personnages de lithographie créés par son maître Manuel Manilla) qui était tombé dans les oubliettes.

"Posada"revient sur l'oeuvre monumentale de cet homme discret qui fut influencé entre autres par le Français Daumier, plus de 20.000 gravures représentant des caricatures, des faits divers, des satires politiques, des dessins de presse, de l'iconographie religieuse…
Laetitia Bianchi nous présente toutes les facettes de son travail, désormais indissociable de l'imaginaire mexicain. L'ouvrage revient également sur le rôle du peintre français Jean Charlot qui fut assistant de Diego Rivera, et qui consacra des articles à ce formidable créateur d'art populaire, précurseur de l'art moderne, dont Diego Rivera disait qu'il était aussi grand que Goya..

Bien sûr, on y découvre le talent de Posada, mais ce qu'on découvre réellement, c'est l'Histoire du Mexique, les croyances mexicaines et leurs manifestations à la fin du XIXème siècle. Au-delà du territoire et de sa politique, on apprend également beaucoup de choses sur les moyens d'éditions de l'époque, sur les reprographies. Comment, à ce moment, ils parvenaient à tirer tant d'exemplaires, le début de la colorisation et ses techniques. C'est un ouvrage très complet qui n'aborde pas seulement la vie d'un homme, bien que rythmée par les crises économiques ou les catastrophes naturelles qui ont lieu dans son pays. Il y est réellement question de tout un pan de l'Histoire de la presse mexicaine.
Il y est question des caricatures, de l'influence des légendes, de mettre en scène l'actualité…

Ce beau livre, composé principalement de noir et de blanc, est vraiment une source de savoirs énorme. Cela nourri beaucoup, alors autant en profiter pour feuilleter, pour découvrir toutes les illustrations.
C'est surtout un travail archivistique fou, un travail d'orfèvres de l'archives et de l'Histoire.
Drames, humours, faits divers, tout est foisonnant dans ces quelques pages, une vraie fresque du Mexique de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Vraiment, impressionnant et beau, de très belles reproductions où les fameuses têtes de mort mexicaines prêtent en réalité à rire et à penser mais sûrement pas à pleurer.
C'est vraiment entre le livre d'art monographique et le roman graphique, en effet, en plus d'être nourrissant ce livre est ludique /didactique /accessible