Une résurrection de
Marcel Proust à travers quelques lettres de sa correspondance avec Antoine et Emmanuel Bibesco commentée par leur cousine
Marthe Bibesco. le passage dans lequel
Marthe Bibesco livre un démenti bien argumenté au snobisme de
Proust pourrait lever les réticences des lecteurs potentiels retenus par le nombre de particules que cette oeuvre irradie. Cependant, il est à craindre que ce court texte n'aura guère d'intérêt pour ceux qui ne sont pas encore entrés dans l'oeuvre. Ce petit livre a plus valeur de postface que de préface à l'oeuvre de
Proust,
La Recherche du temps perdu n'est pas un roman à clé dont le bottin mondain serait le passe-partout.
Marthe Bibesco nous le démontre avec ce texte qui, contrairement à ce qu'on pouvait redouter d'un livre signé "
Princesse Bibesco" sur la couverture, est une sorte de miroir posé sur
La Recherche du temps perdu. La Princesse nous restitue moins les figures historiques ayant inspiré les personnages de l'oeuvre, que la sensibilité esthétique de
Proust, la méthode, le regard sur les êtres, le souci des gens et le sens de l'amitié qui sont le ciment qui fait tenir la fameuse cathédrale. Il s'agit là d'une préface à la pléthore des commentaires proustiens plutôt qu'une introduction à l'oeuvre. Et de surcroît, on y trouve le plaisir de lire une belle plume (que
Proust lui-même avait reconnue, sans flagornerie mondaine - du moins ai-je envie de le croire).