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Critique de Corboland78


Yves Bichet, né en 1951 à Bourgoin-Jallieu (Isère), est un écrivain français au trajet singulier. Salarié agricole pendant neuf ans, puis artisan du bâtiment, il se consacre désormais totalement à l'écriture. Son premier roman, La Part animale (1994), a été adapté au cinéma par Sébastien Jaudeau avec Niels Arestrup comme acteur principal. Son dernier opus, L'Homme qui marche, est paru cette année.
Robert Coublevie marche. Il marche sans arrêt, accompagné de sa chienne Elia, depuis que sa femme Elia (oui, le même nom !) l'a quitté il y a cinq ans, sur la ligne frontalière entre la France et l'Italie, dans les Alpes du côté de Briançon. Dans ces montagnes le chemineau croise son copain Jean, un ex-chartreux italien, ils discutent de choses et d'autres et se séparent jusqu'à la prochaine. Quand Robert redescend en ville, il va au Café du Nord boire un blanc limé. Derrière le comptoir, Sylvain Taliano le patron et Mounir le serveur maghrébin. Dans une minuscule pièce au-dessus, Camille, seize ans, fille de Sylvain, épie la salle par un judas. Elle porte en elle une lourde blessure secrète qu'elle finira par confier à Robert, l'entraînant dans une aventure sans issue passant par le cadavre d'Yves Tissot qui fera de Robert un suspect parfait pour cet éventuel meurtre, sachant qu'il avait un bon mobile, Tissot aurait couché avec Elia, sa femme qu'on croyait partie.
Roman court, et original non pour son scénario mais pour le ton et l'écriture d'Yves Bichet, nimbant le livre d'une ambiance doucement mélancolique. L'écrivain s'exprime par ellipses, petits mots pour petites phrases timidement enfilées, images délicates qu'une vulgarité esquissée vient troubler parfois incongrument. Robert ne comprend pas trop le monde et le répète à l'envi, préférant fuir vers la solitude des sommets rocailleux, s'émerveillant d'une fleur sauvage ou d'une marmotte, se contentant de la présence à dose homéopathique de son copain Jean. Et ce n'est pas la révélation de Camille qui va arranger ses bidons, « la compassion scandaleuse » de la victime pour son violeur n'est pas faite pour faciliter la compréhension de Robert.
Un dicton veut que ce soient les meilleurs qui partent les premiers, le pauvre Robert, garçon simple et épris de liberté en fera le triste constat après un coup du sort funeste, « privé de mes montagnes, je ne pouvais espérer vivre comme avant » et s'offrira en victime expiatoire. Comme un saint.
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