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Avec un humour caustique savoureux, Solage Bied-Charreton nous décrit l'univers de deux "bobo" parisiens. Leur décalage des réalités, la vacuité de leurs projets et de leurs idéaux, et leur désabusement, y sont décrits avec les accents de vérité de celle qui connait, et on sourit tout au long de cette lecture. le style des phrases est parfaitement en adéquation avec le sujet. Pour rire aussi de nos propres illusions.
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Ivan et Noémie jeunes trentenaires parisiens sont un couple de bobos qui excellent dans le chic à avoir des avis sur tout et sur le monde, à se plaindre pour tout et pour rien. Lui est mannequin et elle professeur dans un collège en banlieue. le couple est adepte de la consommation qui leur est offerte sur un plateau d'argent ( il faut bien vivre avec son époque). Mais Yvan victime d'un accident perd son travail, l'image du beau et jeune trentenaire qu'il représentait est brisée.

Avec un cynisme aiguisé, l'auteure décortique au scalpel la vie d'Yvan et Noémie. Leurs habitudes, leurs principes leurs grandes idées sur la culture, sur la France, leurs contradictions " ils aimaient tout autant manger bio que prendre leur voiture pour faire les courses dans Paris ", la fierté dédaigneuse et hautaine qui les habitent. Un couple produit par notre société actuelle : " ce monde c'était le leur, à la fois d'opulence et de dénouement, de plaisir et de restriction, de profit et d'interdiction. Ce qu'il y avait de mieux, c'était le contrôle, c'était tout, c'était rien. C'était anxiogène, ça avait besoin d'anxiolytique. C'était pollué, ça réclamait très vite de l'air frais, mais coup de froid, il fallait du chaud. Des désirs sans direction, d'incessants paradis paradoxaux s'offraient à eux. Deux extrêmes appendices, des mamelles du bonheur, profusion et vigilance, participaient à la même assurance, luttaient en fait contre la même angoisse. "
Mais le couple privé d'un revenu s'éloigne de ses idéaux et prend conscience que cette course effrénée qu'ils mènent est stupide.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2014/03/solange-bied-charreton-nous-sommes.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Roman caustique et réussi du leurre "culturel" et de l'impasse contemporaine.

Publié en janvier 2014 chez Stock, le deuxième roman de Solange Bied-Charreton, après son « Enjoy » de 2012 (où les réseaux « sociaux » servaient joliment de révélateur caustique aux vides tant du socialement sur-intégré que du culturellement soi-disant rebelle), poursuit d'une façon bien particulière sa revue des chimères qui encombrent si aisément l'imaginaire contemporain, en se focalisant sur l'appel du départ et du voyage, là également aussi bien sous sa forme « intégrée » de tourisme, voulu sincère et néanmoins opportuniste, que sous sa forme « rebelle » de tentation d'un retour à la nature et à la simplicité sociale.

Ivan et Noémie, couple « bobo » emblématique, la jeune trentaine, habillé de ses frénésies consommatrices comme de ses élans humains désespérément chaleureux, elle enseignante en collège d'une banlieue parisienne, lui mannequin haut de gamme pour publicités « grande conso », est soumis bien malgré lui à une radicale remise en question lorsqu'un « accident de la vie » (la chute d'Ivan depuis un échafaudage, définitivement handicapante, lors du tournage d'un spot pour un dessert à la banane) vient propulser au sommet de leurs consciences leurs doutes intimes, leurs vacuités et leurs envies de « nouveau départ ».

C'est cette quête soudaine que Solange Bied-Charreton utilise avec habileté et causticité comme révélateur d'un magma culturel, d'un aveuglement ambiant qui permet à tant de « jeunes et fiers » (bel exergue issu du « Jésus de Montréal » de Denys Arcand) de vivre vainement au sein du leurre marchand-spectaculaire, en l'acceptant ou en le rejetant, en s'y conformant ou en y cherchant des échappatoires, mais, en filigrane du roman, toujours en ignorant la vérité du rapport économique pour s'accrocher à des superstructures culturelles.

Trouvant dans sa partie finale (dont il serait dommage de révéler la teneur) des accents qui évoquent les scalpels feutrés d'un Hugues Jallon, nettement plus insidieusement décapant qu' « Enjoy », râpant plus douloureusement les certitudes possibles, « Nous sommes jeunes et fiers » s'affirme comme un très réussi roman de l'impasse contemporaine.
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«Il était une fois une époque parfaite, où l'on pourrait concilier de sains délices avec des engouements responsables.»

Le deuxième roman de Solange Bied-Charreton, paru début 2014 chez Stock après "Enjoy", est une satire particulièrement réussie de la société contemporaine et de ses nouveaux Narcisses, autour d'un couple de parisiens trentenaires aisés, Noémie, enseignante de français dans un collège de banlieue, débordante de bons sentiments, et Ivan, modèle pour la publicité que les agences s'arrachent pour vanter les mérites des yaourts, des perceuses ou du papier toilette.

«Il se donnait du mal pour être ce type-là, un monsieur Tout-le-Monde extraordinaire, tout à la fois supérieur et respectueux de la médiocrité, le gendre idéal.»

Ivan et Noémie voient leur vie basculer après un accident, la chute d'un échafaudage pendant le tournage d'une publicité qui va plonger Ivan dans un coma prolongé, puis dans l'inactivité et le désoeuvrement. Leurs certitudes s'effritent ; assaillis par le vide, l'absence de sens de leurs activités, de leur vie sociale, de leur cadre de vie, d'un Paris transformé en musée et en centre commercial, où le passé est omniprésent mais n'a plus aucun sens, leur crève soudain les yeux.
Leurs rêves d'aventure et leur quête de sens vont alors les conduire hors de leur cadre habituel. Rompant les amarres, ils tâtonnent vers un retour aux sources, tels des enfants naïfs en pleine confusion. Cette quête de spiritualité et de nature va les conduire très loin, rappelant, avec moins de noirceur et de brutalité, la voix d'un Hugues Jallon.

«Or si tout le monde se ressemble, à quoi bon voyager ? La Terre était périmée. Partout les mêmes immeubles, les mêmes centres commerciaux. Les mêmes murailles en ruine. Partout Italie 2 et pourtant de vieilles ruines, qu'on appelait et qu'on photographiait. le même voeu d'en découdre avec l'ennui, la soif de découverte, la recherche de tout autre chose.»

Le portrait talentueux de ces "bobos" qui dénoncent tout mais ne s'engagent dans rien, accros à la consommation autant qu'aux idéaux, ouverts et souriants, croyant être authentiques, toujours prêts à défendre la diversité du monde mais mélangeant tout et n'agissant jamais, est une version romancée tout à fait délectable du comportement de ces nouvelles élites parfaitement décrites par Christopher Lasch.

«Le "multiculturalisme" leur convient parfaitement, car il évoque pour eux l'image agréable d'un bazar universel, où l'on peut jouir de façon indiscriminée de l'exotisme des cuisines, des styles vestimentaires, des musiques et des coutumes tribales du monde entier, le tout sans formalités inutiles et sans qu'il soit besoin de s'engager sérieusement dans telle ou telle voie.» (Christopher Lasch, La révolte des élites)

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On pourrait qualifier ce texte d'essai romanesque, tant c'est une forme littéraire d'analyse du monde contemporain, dans un style très fin et dynamique, réaliste et sensible aux effets des choses, comme un Houellebecque d'une génération plus jeune - ce qui fait entre autres la saveur de l'ouvrage.
Un couple de trentenaires parisiens, cherche dans la complexité de leur quotidien affairé et sans répit, ce qui pourrait les relier à l'authenticité, aux sources de l'humanité, aux pratiques et aux savoirs ancestraux. Mélange de sarcasme et d'objectivité, descriptions d'un Paris, d'un monde, et d'une vie qui s'étiole dans le confort et l'angoisse de son sens, ce livre capte l'attention par la justesse de son trait et l'ampleur des vacuités qu'il parcourt avec une langue inventive et audacieuse. Un tournant dans la vie des personnages ouvre une seconde version de la même vie, légèrement plus sombre, légèrement plus amère, traversée de délires et d'hétérotopies inquiétantes, pour conduire le texte vers une fin un peu décevante et bien moins vigoureusement sentie, eut égard à ce qu'il avait ouvert comme rapport aux choses et aux affects, jusque-là. Par cette « non-fin », en quelque sorte une boucle, le lecteur est laissé pantois, et un petit peu déçu. Mais avec le souvenir d'une lecture très enrichissante, très « activante » pour un regard sur le genre de monde qui peut être le nôtre. En ne décrivant que du très banal avec une très grande lucidité, il prouve que c'est à construire du « commun » que ses héros échouent, malgré quelques tentatives qui feront sourire ou pleurer les collègues de l'éducation nationale. On eut évidemment préféré les voir ré-inventer ce « commun » qui fait défaut, mais après tout, à l'endroit où on les laisse, tout est possible.
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Saint Bernard a dit: "Consentir, c'est être sauvé". Mais c'était au XIIe siècle, à une époque où on avait somme toute peu de possibilité d'influer sur sa destinée. Pourtant, on avait une capacité à s'émerveiller, capacité que ces deux-là, le couple que l'auteur nous donne à suivre, l'on totalement perdue. Il y a un mal-être qui les empêche d'être heureux. Nous assistons à leur lente déconnexion du réel pour rechercher un bonheur inaccessible dans leur vie présente. Et pourtant, ils ont tout ce que l'on pourrait espérer: ils sont jeunes, riches, en bonne santé. Mais cette insatisfaction les taraude.
Alors ils rêvent... d'un ailleurs, plus simple qui les mettrait en contact avec la nature. Il faut du courage pour oser partir ainsi, quitter ses sécurités.
Pourtant, ce qui leur a toujours manqué, c'est un décentrement d'eux-même pour s'engager avec passion dans leur vie et devenir, "le capitaine de leur âme".
Un roman désabusé qui devrait nous questionner: quel est le moteur de ma vie?...
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Il était une fois, un gentil couple de trentenaires parisiens, riche et heureux. Plus exactement, ils avaient été heureux. Ils n'avaient pas eu d'enfants mais ce n'était ça pas le problème, bien au contraire. À l'envers du conte de fées, c'est le beau prince Ivan (top model pour la publicité - genre Beckham) qui s'était un jour endormi. Coma prolongé à la suite d'une chute dans les décors d'un tournage. Au réveil, sa bergère, la douce Noémie (instit' dans le neuf-trois et fine intellectuelle - j'ai pas d'exemple à vous donner) était toujours à son chevet, mais pour eux deux rien ne serait plus jamais pareil. Et leur histoire continuerait de se dérouler à rebours, destination néant.

Il ne faudrait surtout pas que mon synopsis bécasson, mon analogie foireuse avec un scénario à la Disney (mais à l'envers - vous avez compris ça n'est-ce pas ?), vous cache les intentions profondes de l'auteur, l'intelligence de la construction de son conte philosophique et moral (voilà c'est ça, exactement ça), la verve du style impeccable et jouissif que Solange Bied-Charreton met au service de sa dérision critique à triple visée : faire rire, pleurer, penser. Malice et érudition, lucidité et romantisme, inventivité et réalisme, l'étendue de la palette des couleurs littéraires est éblouissante, surtout chez une si jeune femme écrivain.

"Solange Bied-Charreton vit et travaille à Paris". J'ai grinché en lisant cette "bio" de l'auteur sur la quatrième de couverture : dire ça ou rien, ils se moquaient du client-lecteur, chez Stock, non ? Mais je n'avais pas encore lu NSJEF. Après lecture, je fais mon mea culpa : elle est lapidaire, cette bio, mais signifiante ! Seule une parisienne (mais pas que) pouvait livrer ces descriptions hilarantes-pertinentes du Bon Marché, ou d'Italie 2. Disserter sur la mutation boboisante des cafés. Parler des vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste, de l'architecture de la piscine de la Butte-aux-Cailles, du musée du quai Branly, etc.

Chez Stock, donc. Je ne savais pas, jusqu'à lire l'excellent "Qui suis-je ? sur Jacques Chardonne" par Alexandre le Dhin, que l'écrivain avait été un grand éditeur, et dirigé, presque jusqu'à sa mort, Stock rachetée à son propriétaire en 1920. Quel rapport ? Ben, je dirai l'amour du beau style, et aussi le hussardisme...

Chez Stock, disais-je. Qui a publié récemment "L'identité malheureuse", essai d'Alain Finkielkraut (que je n'ai pas encore lu, mais AF en a beaucoup parlé sur les médias !). Quel rapport ? Lisez "Nous sommes jeunes et fiers", roman, et vous comprendrez... Bon, je suis bonne fille, voici quelques pistes en vrac : question identitaire, patrimoine historique, terroir, patriotisme, transmission de valeurs, enseignement de la langue française, etc.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Un peu frustrée de ne pas avoir eu le temps de lire le premier roman de Solange Bied-Charreton, Enjoy qui a connu un beau petit succès littéraire, je me suis lancée à la découverte de l'auteur avec Nous sommes jeunes et fiers.
Le style et l'univers de l'auteur sont effectivement remarquables avec des envolées descriptives très contemporaines ( comme par exemple quelques superbes pages définissant la France à un étranger), un habile choix des mots, un regard critique de notre société et un flirt avec le roman moderne voire le surréalisme.
Ivan et Noémie, respectivement 29 et 33 ans sont un couple de parisiens aisés. Elle est enseignante dans une ZEP en banlieue nord, il est mannequin. Ils sont l'image même du couple "bourgeois bohême", plein de contradictions. Ils mangent bio, prônent l'écologie, parlent de protection des espèces mais sont un tantinet racistes, roulent en voiture dans Paris et n'hésitent pas à stationner sur les places réservées aux handicapés.
" Ce monde c'était le leur, à la fois d'opulence et de dénuement, de plaisir et de restriction, de profit et d'interdiction."
Bien sûr, ils rêvaient d'une autre vie, d'un retour aux sources, à l'image de la tribu des Penaraks refusant le progrès et la modernité.
Lorsque survient l'accident de travail d'Ivan, l'univers du couple dégringole en pente douce. La peur d'un coma qui se prolonge, la rééducation, le handicap, puis la perte des amis qui, gênés, n'acceptent plus la tristesse de ce couple brisé.
La surconsommation, l'hypocrisie des fêtes, la superficialité des relations amicales deviennent alors insupportables.
Acculés, il faut alors trouver un lieu de vie en accord avec leur nouvelle condition, un lieu où vivre autrement. L'auteur nous entraîne alors dans des alternatives possibles, passant de la société futile et moderne à l'utopie d'un retour à une nature poétique et sauvage.
" On se contentera donc d'imaginer la jalousie de ces esclaves d'eux-mêmes restés en France dans leur tout petit monde devenu un musée géant, en cravate et veste de costume, avec leur souris d'ordinateur, leurs épouses Weight Watchers et leurs enfants sous Théralène."
Un roman ironique, un peu caustique sur le style de vie moderne en France où l'auteur mêle habilement réalité et conte moral.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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