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EAN : 9782825138014
350 pages
L'Age d'Homme (05/03/2008)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Lorsqu'il écrivit La Colombe d'argent, son premier roman, en 1909, Andréi Biély se plaça d'emblée dans la lignée de Gogol. Voici la province russe, un village et sa galerie de grotesques : hobereaux, marchands, artisans, fonctionnaires, filous, popes et paysans. Voici la plaine russe parcourue par les vagabonds, et puis la forêt, l'immensité, l'espace, les troïkas qui filent... Intellectuel occidentalisé, déçu par toutes les idéologies mais ayant toujours au cœur la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Andrei Biely, La colombe d'argent, Noir sur blanc, traduction Anne-Marie Tatsis-Botton
Dans ce roman russe de 1909, on découvre un auteur totalement désarçonnant. Il y a l'histoire qu'il raconte d'abord, celle des habitants d'un petit village dans la société russe ébranlée par les premiers remous de la révolution. Les pauvres, les nobles, les marchands, les popes, les partisans de l'Occident, ceux de la tradition russe. Tous aussi pittoresques et médiocres les uns que les autres. Au sein de ce bouillon de culture, une secte prépare en secret la venue de l'Esprit saint en se livrant à des cérémonies orgiaques fortement imbibées de vodka. La concubine du menuisier doit concevoir un enfant rédempteur par les oeuvres d'un élu. C'est Pierre Daralski, le héros du roman, un jeune homme cultivé, fiancé à la pure et jolie Katia, qui va bientôt se trouver attiré à cette fin chez ces illuminés.
Cependant, le roman de Biely ne ferait pas au lecteur l'impression qu'il ne manquera pas de lui faire sans son style absolument sans égal. Les moindres faits et gestes des personnages sont enveloppés dans un lyrisme extraordinaire qui puise sa force dans la nature. Les arbres, les rivières, le ciel ne sont pas des éléments chez Biely, ce sont des acteurs du drame autant que les êtres humains.
Un extrait dans la belle traduction d'Anne-Marie Tatsis-Botton.
Tout à coup, il y eut du vent dans l'espace, et tout déferla : de très loin, des milliers d'arbres se mettaient en branle, s'inclinaient ; le gros chêne à trois têtes s'ébranla, il envoya, menaçant, une bordée de feuilles sur le village ; ses haillons verts se sont mis à s'agiter ; ses cimes de brocart vert bruissaient ; quand la cloche se tut, la rouge famille des trembles mena grand bruit autour du village ; puis elle se calma, attendant de nouvelles bourrasques, seules les feuilles dorées tournoyaient dans l'air en babillant, et le coq en tôle cliquetait sur la belle isba ; et sur la pauvre isba au toit délabré une poignée de paille s'envola, puis retomba. L'air était plein de duvet de poule. (p.341-341)

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critiques presse (3)
LeDevoir
28 mai 2019
Avec ce roman écrit en 1908, Andreï Biély livre ici un vibrant morceau d’ethnologie de la campagne russe et de mysticisme mêlé d’érotisme.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
08 mars 2019
La Colombe d’argent, écrit en 1908, est le premier roman du symboliste russe Andreï Biély (1880-1934). Il porte à l’incandescence les thèmes familiers d’une tradition qui mêle fiction et réflexion philosophique sur la spécificité russe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
07 mars 2019
Chef-d’œuvre d’un grand écrivain méconnu, mort en 1934, cette épopée érotico-mystique dans la Russie rurale et prérévolutionnaire est réédité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
…le terne soleil se ternissait, et la lumière grésillait comme les milliers d’insectes dans le pré ; déjà le soleil s’inclinait, et des sons fêlés flottaient à la suite de Darialski ; ils brisaient l’étang en une multitude d’éclats ; éclats-éclaboussements, comme si des colombes d’argent-dans l’eau, dans le ciel ?-s’étaient envolées quand un souffle de vent avait ridé l’étang, quand l’air pur avait frémi comme un voile vert.
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Il faut dire que dans l’ensemble les gens se divisent en parasites et en esclaves ; les parasites se divisent à leur tour en magiciens, ou mages, en assassins et en goujats ; les mages, ce sont ceux qui ont inventé Dieu et font de l’argent avec cette invention ; les assassins- ce sont les militaires du monde entier ; quant aux goujats, ils se divisent en simples goujats - c’est-à-dire les gens instables, les goujats instruits, les professeurs, les avocats, les médecins, les membres des professions libérales – et en goujats esthétiques : à ces derniers appartiennent les poètes, les écrivains, les artistes et les prostituées…
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Quand tu seras séduit par une beauté aux yeux sombres avec ses lèvres douces comme une framboise mûre, avec un joli minois que les baisers n’ont pas meurtri et qui est comme le pétale printanier d’une fleur de pommier, quand elle deviendra ton amour – ne dis pas que cette bien-aimée est tienne ; non, tu ne te rassasies pas de ses seins ronds, de sa taille mince qui fond mollement dans tes bras comme la cire au feu ; non, tu ne te lasses pas de regarder son petit pied, tout blanc, avec des ongles roses ; oui, tu embrasses l’un après l’autre tous les doigts de ses mains, et puis tu recommences à les embrasser-oui , cela se peut ; cela se peut aussi qu’elle couvre ton visage de sa menotte, et que tu voies, à travers sa peau transparente, à la lumière, circuler son sang rouge et lumineux ;
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Un bloc de granit tombe dans le fond menaçant d’une gorge profonde ; si ce fond n’est encore que la surface des eaux, le bloc de granit tombe encore plus bas, mais sa chute s’arrête dans la vase gluante : là est la limite ; mais cette limite n’existe pas pour l’âme humaine, car la chute peut être éternelle, et elle provoque l’enthousiasme autant que la traînée que laissent les étoiles en volant au-dessus de l’abîme du monde : tu es déjà englouti dans le noir cratère du monde, là où il n’y a ni haut, ni bas, et où tout ce qui existe, c’est un centre pétrifié ; tu peut considérer cette façon d’être dans le monde comme une chute ou comme un envol- qu’importe…
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Printemps

Tout est épuisé. Trop de bourgeons.
Fleurs venues trop vite, trèfles.
Voici les nuages flottants comme moutons.
assourdissante sonne la bonne nouvelle encore plus fort.

Je suis inquiet crissant paresseusement
Ceux qui sont tombés, et toi Thekla en colère,
Vous pesez dangereusement sur la rue
on essuie les fenêtres.

Voici la chaux à nettoyer avec un couteau...
Voici des tasses de poison... Voici la laine...
La poitrine d’Avril gonflée d’enthousiasme.
Le vent tourne à l’extérieur de la poussière.

Fenêtres grandes ouvertes et pleurer, et parler,
et les fleurs se balancent sur leur tige,
et donnent sur la cour livide
pieds nus battus contre les meubles.

Chat pelé et l’auge pour siège,
patte de velours délavé.

Voici un garçon dans une chemise de calicot
Qui court, qui court vers sa grand-mère.

À la lumière du bout du puits sous la lumière d’après-midi.
Sentiment nouveau, comme avant, le feu.
Tout est ciel bleu et encore le bleu,
nuages flottants comme moutons, cheveux ondulés.

Dans le bleu de mon errance tes yeux de dahlias bleus.
Toutes les aspirations terrestres tellement désolées...
Des bottes de vieux paysan jetées dans la cour
avec le tonnerre tombant des grosses poutres.

1903, Moscou
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Videos de Andréi Biely (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andréi Biely
Rencontre en ligne avec Georges Nivat, à l'occasion de la parution, aux Éditions des Syrtes, de Kotik Letaïev, d'Andreï Biely.
Enregistrée le 10 juin 2021 *** Paru en 1917, Kotik Letaïev est une autobiographie poétique, épopée intérieure de l'enfance sur les trois premières années de la vie de son auteur, Andreï Biely. le héros, Kotik (diminutif de Konstantin qui signifie également chaton) Letaïev est un enfant précoce qui, depuis son plus jeune âge est familiarisé avec les trésors de la culture. Un jour, poussé par une nostalgie toujours plus grande, il part vers l'inconnu. le récit, à la première personne, a d'une part le charme naïf d'un discours enfantin au travers duquel se recompose la ville Moscou de la fin du XIXe siècle, et d'autre part l'inquiétant surréalisme d'un parcours initiatique conduisant sa victime par le dédale des mythes. Adepte de la théosophie de Steiner, l'écrivain, alors âgé de 35 ans, se sent revivre sa première naissance. Il couche cette expérience sur papier, avec comme résultat ce récit hors du commun, qui commence dès avant la naissance, dans le ventre de sa mère. *** Georges Nivat est historien des idées et slavisant, traducteur spécialiste du monde russe. Professeur honoraire à l'université de Genève, il a été l'un des traducteurs d'Alexandre Soljenitsyne. *** KOTIK LETAÏEV, d'Andreï Biely Roman traduit du russe par Georges Nivat 416 pages - 20 €
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