« Donc vous n’écrivez plus »..
« Non et même pire : je n’existe plus ! Je ne suis qu’un nom sans identité, avec un passé certes, mais sans présent et sans avenir. ».
« Pourtant vous êtes bien là en face de nous. À nous parler, à sourire, à répondre à mes questions, à respirer ! ».
« Pour vous, ici, j’existe. Enfin, j’ai une existence réelle. Ici seulement ! Chez vous, de l’autre côté, je ne suis plus rien ! Et je ne veux plus rien y être. Ou juste un souvenir… un vieux fantôme qui laisse planer le doute quant à une réapparition. ».
« Tes interrogations, Commissaire Evans, rejoignent la réflexion que je me faisais tout à l’heure… Finalement qui sont les plus heureux ? Nous, avec notre bulle, notre climat radioguidé, nos gestes barrières décennaux et nos habitudes protectrices ? Ou eux ? Ceux qu’on nomme les sauvages ? Ces bêtas ? Avec leur ciel changeant, leurs pluies acides et leurs arbres caméléon ? Leurs étreintes incontrôlées ? Leurs absences de maîtrise ? ».
Il ne la connaissait pas. Il ne savait même pas son prénom. Elle ignorait le sien. Pourtant elle lui avait donné un sourire, adressé quelques mots… et ça, même si ça vous semble peu, c’était d’une richesse infinie pour lui. Bien plus que tout le reste… Bien davantage que ces biens matériels…Un humain contact ! L’apothéose ! Alors il pouvait bien faire une petite entorse à ses habitudes. Comme un remerciement.
« j’ai tiré le fil de tout ce qui me semblait aberrant ou étrange sans penser au pire. Cette utopie sombre est née rapidement. Jamais je n’aurais cru qu’elle prenne pied dans la réalité. Et le pire est arrivé ! Lentement… Sournoisement… ».
« Comment ça ? » demanda Khloé.
« Oh, vous êtes trop jeune pour savoir de quoi je parle… ».