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Critique de Crossroads


David Vann, en roman, c'est chouette. Triste, mais chouette.
En roman graphique, itou.

L'auteur a un passé compliqué.
Une histoire personnelle douloureuse qu'il intègre généralement dans ses écrits comme autant d'exutoires libérateurs.
Sukkwan Island ne fait pas exception.
Il serait même la pierre angulaire de son oeuvre future.
Le suicide de son père pour lequel il ressentira une culpabilité durable, un mal-être difficilement gérable autrement que sur papier et l'idée de s'affranchir de ce poids en écrivant. Mais même par ce moyen, difficile d'évoquer le drame et c'est là que survient l'idée libératrice, retranscrire ce qui fut en intervertissant les rôles. Père et fils échangeant leurs oripeaux et c'est avec un oeil vierge que l'on se plonge dans ce fait divers sordide, source de tant de maux.

Ugo Bienvenu s'approprie le phénomène littéraire, forçant le respect de par sa justesse de ton et son rendu graphique apocalyptique.

Un père et un fils livrés à eux-mêmes sur une île histoire de retisser des liens distendus.
Un père et un fils livrés aux éléments déchaînés.
Un père et un fils voués à cohabiter avec leurs propres démons.

Petit pavé bicolore fidèle à l'original, ce Sukkwan Island s'impose en parfait complément artistique.
Un récit qui prend son temps, laissant libre cours à un malaise qui s'installe sournoisement avant que la tragédie ne vienne toquer à la porte de leur cabane des plus sommaire, c'est pas pour balancer mais bonjour l'amateurisme de l'architecte.

Si le trait parfois approximatif ne suscite pas d'enthousiasme excessif, la tension progressive qui s'instaure entre le père et sa progéniture prend largement le pas sur l'impression visuelle et focalise toute l'attention du lecteur rendu fébrile par un événement dramatique devenu, désormais, inéluctable.

J'avais aimé l'original que je devrais relire en intégrant cette nouvelle donne, l'échange de rôles père/fils. Son pendant graphique n'a rien à lui envier.
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