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EAN : 9791092011906
96 pages
Anacharsis (02/01/2020)
3.34/5   76 notes
Résumé :
L'oeil chafouin, le poil hirsute, Paul Cézanne crapahute dans la garrigue, suant sous son melon, le chevalet harnaché sur le dos comme à un baudet. Apparaît la bottine d'une femme gisant sur un talus, et c'est le drame.
Trois jours dans la vie de Paul Cézanne suffisent à Mika Biermann pour faire sauter les écailles de peinture, gratter la trame, ajourer jusqu'à l'os le portraitiste de la Sainte- Victoire. Il transforme un thriller sordide en une Odyssée sur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Un court texte surprenant, au style inclassable.

Lu d'une traite cette nuit, cet ouvrage à la plume décoiffante, mettant en scène 3 journées de la vie d'un Cézanne vieillissant, apparaissant comme un ours mal léché, misanthrope à souhait, la dent dure envers ses confrères artistes contemporains et passés...Ne supportant pas les toiles de son ami Renoir, avec lequel il finit par se fâcher, peu chaleureux, même, avec son unique fils, Paul....
Rien ne compte pour lui que sa peinture, son art... tout le reste est secondaire !

Cézanne est présenté par l'auteur , comme une sorte de Léautaud, vociférant, et vouant à tous les diables, ses congénères !...

Par contre quelques allusions mythologiques m'ont laissée de marbre, trouvées surfétatoires !

Un aspect a retenu plus particulièrement mon intérêt, ce sont les détails quotidiens que l'auteur décrit , montrant ainsi les difficultés toutes pratiques de tout artiste-peintre... au lieu d'enjoliver et de sublimer la vie d'artiste... Une manière autre, plus abrupte mais aussi plus authentique de présenter la création artistique, sous ses aspects glorieux et moins glorieux !!....

"Spatule à la main, il gratte sa palette, vigoureusement. (...) Il frotte au chiffon jusqu'à ce que le bois brille. Il pose une goutte de céladon au milieu; il saisit un pinceau propre, fin comme un fuseau, regarde le fruit, regarde la toile, regarde son nombril, regarde le plafond, regarde le monde, hésite longuement. Fichtre, que ce métier est difficile. "(p. 52)

"Accroupi dans les cistes, il trie les tubes dans sa caisse. Merci John Rand. C'est lui qui les inventés, en 41. Avant, les peintres conservaient leurs couleurs à huile serrées dans desvessies de cochon, qu'ils poinçonnaient pour en prélever. ça sortait en vrac; ça ne sortait jamais de l'atelier. le tube en étain refermable a tout changé. Avant, on restait à la maison. Maintenant, on a la bougeotte."(p. 11)

Et comme je le disais ci-dessus, le plus déroutant et déstabilisant , dans un premier temps, c'est le style tour à tour, composé de longues phrases, ou d'images, de dialogues lapidaires, souvent très crus, volontairement provocants, alternant avec un plume poétique et adoucie. Un mélange détonant...et réussi, car en dépit de ma perplexité et d'appréciations premières, ambivalentes, ce style doit être une réussite en soi, car quelques heures après ma lecture, des images fortes me revenaient à l'esprit, au vu justement des mots, images inédites, choisis par Mika Bierman....Une lecture à la fois surprenante et très appréciée, qui vaut le détour...et une attention particulière....!!





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Dans ce roman aussi court qu'incisif, aussi poétique que pictural, nous découvrons le peintre au seuil de sa vie. Un ours mal léché qui critique tous ses confrères, qui n'écoute pas le Docteur Gachet et qui ne veut qu'une seule chose : peindre. Et encore, on a l'impression que cela lui pèse. Remarquez, quand on en est à ce stade, on doit quand même être fatigué, d'autant plus que Cézanne crapahute dans la montagne pour aller la peindre.

On a de l'empathie cependant pour ce vieux bonhomme grincheux qui est bien seul. Sa femme l'a quitté depuis longtemps, son fils vit à Paris. Je me dis qu'à force de rester seul, il s'est enfermé dans son monde. Et lorsque que quelqu'un fait mine d'y pénétrer, il rugit !

J'ai adoré ce roman ! Tous les sens sont en éveil. Les odeurs de la térébenthine viennent se mêler à celles du Sud, aux herbes des collines dans lesquelles se cachent les grillons, la description du paysage est un véritable tableau et le texte est une vraie poésie.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Cézanne, cet être sensible et ronchon
*
Paul Cézanne est un peintre dont j'avais une vague idée. Impressionniste natif du sud de la France, fin du 19e siècle. Voilà, c'est à peu près tout ce que je savais de lui.
Alors ceci est un petit livre de 94 pages (à mi-chemin entre la nouvelle et le roman) qui s'essaie à raconter le quotidien de quelques jours d'un artiste-peintre vieillissant.
*
Se lit vite mais laisse une impression assez forte. On est happé par ce bonhomme pas franchement sympathique, qui nous emmène dans les champs de lavande, dans les collines sèches et brûlées par ce soleil piquant. La Provence dans toute sa splendeur sauvage.

C'est Paul qui se raconte. En fait, il déambule, armé de son chevalet, de son matériel de peinture et d'un chien, s'octroie des pauses, rencontre des êtres étranges venus tout droits de la mythologie (faune et sphinge). Puis rentre dans son mas, se fait un café et mange son ragout...tout seul.
Paul reçoit la visite de son fils, du médecin, d'Auguste Renoir et d'un Prussien bien étrange. Il furète aussi du côté obscur des collines.

Cette lecture a été assez troublante. Parfois très réaliste (comme un tableau de nature morte), on y sentirait presque la pomme flétrie en voie de décomposition. Et aussi onirique avec ses rêves éveillés de bestiaire causant au bord du chemin.
Le texte est tantôt cru et brut puis parfois doucereux et poétique. Avec des phrases sèches qui laissent une empreinte indélébile, je n'oublierais pas de sitôt cette parenthèse surannée et artistique.

Chapeau bas à cet auteur allemand qui a écrit dans la langue de Molière avec une parfaite maîtrise du vocabulaire des sens.

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Aaaaahhhh le sud de la France.... Sa lumière, ses odeurs de pins, ses couleurs chatoyantes, sans oublier...ses peintres ! Et oui parce qu'aujourd'hui, au-delà d'une histoire, laissez-vous porter par la douce et parfois rugueuse contemplation d'une nature vivante et humaine. Et c'est à travers ce prisme que Mika Biermann vous propose Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, un très court roman de 92 pages édité chez Anacharsis. Si je m'attendais à un livre contemplatif, je ne m'attendais certainement pas à une description aussi nuancée et poétique. Parfois à la contrée de l'irréel, évadez-vous vers le beau, le sauvage, où l'odeur des pommes se mêle à celui de la térébenthine.

Un grand merci à Lecteurs.com pour cette très belle découverte !

Un podcast à écouter sur la page Babelio de l'auteur et sur le blog book'n'cook.


Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Paul Cezanne, artiste de talent, nous apparaît ici comme un vieil ours mal léché, antisocial, ne s'intéressant et ne vivant que pour ses toiles.
J'avoue être passée un peu à côté de cette lecture, je n'ai pas adhéré au style de l'auteur, une plume parfois crue dont je n'ai pas tellement compris l'intérêt.
Le livre est court, je suis donc allée au bout mais si ça avait du être dix jours avec Paul Cezanne, j'aurais flanché avant !
Bref, ça ne correspondait pas à ce que je pensais trouver..
Eu égard aux précédentes critiques, plutôt bonnes de ce livre, je pense juste que cette lecture n'était pas faite pour moi ! Donc tentez l'expérience, et qui sait vous aurez peut être une autre vision de ce roman !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
« il regarde son tableau, bon ?, mauvais ? Il regarde le paysage ; évidemment.
Quelque part dans ce paysage se cache les hommes ; des braconniers braconnent ; des randonneurs randonnent, des charbonniers charbonnent, les paysans font la sieste dans l’herbe. Le fou du village essaye d’embrasser une nonne sous le cerisier. Des gamins armés de bâtons jouent à la guerre dans une ancienne carrière. Un trimard, ivre mort, roule dans une fosse remplie d’immondices. Les femmes portent des cruches sur la tête en revenant de la source…. Un colporteur frappe son cheval…. Être, ou pas, ce n’est plus la question. La vie rampe, sournoisement, une carotte dans une main, un bâton dans l’autre. La mort rode, parfaitement ridicule, brandissant faux et sablier.
Peintre Paul lève le pinceau et fait un tache sur sa toile. »
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Il recompose sa nature morte de pommes sur la commode. Au fond ce n’est pas si important que ça. Une pomme est une pomme. Ça ne pisse pas loin, une pomme, ni une peinture de pomme. C’est toujours mieux qu’une poire. Une poire, c’est tordu. Il en a fait, des natures mortes de poires, dans des moments de grande disette. Ne parlons pas de l’ananas. Que ce con de ­Gauguin s’en occupe. Mais même un ananas est mieux qu’une patate. Il déteste peindre des légumes, sauf les oignons. Il déteste Arcimboldo. Faire le mariolle ainsi, quelle honte. Arcimboldo, c’est quelqu’un qui raconte une blague trop longue, debout au comptoir, et qui ennuie la compagnie. 
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« Peintre Paul n’était pas puceau, il s’était même marié. C’était moins cher que payer un modèle. Il appelait sa femme « le boulet ». Avec Hortense, jamais un mot. Dans la chambre ils ressemblaient à deux ouvriers qui ne savaient pas où poser leurs outils. Un chien et sa chienne y mettaient plus de sensualité. (…) Chez les paysans, on tapait joyeusement sur des culs rebondis, on jurait, ravi, on battait le beurre. Chez les bourgeois, on pinçait les joues, on déchargeait entre les seins, on mettait un doigt. Le maquignon giflait sa catin, elle se jetait à son cou. Le marquis se faisait attacher aux montants de son lit par la demi-mondaine. Le boulanger, rouge de plaisir, bavait sur la poitrine de la laitière. Paul et Hortense se cognaient dans le noir, firent un fils sans le faire exprès, et cessèrent bientôt, avec un certain soulagement, tout commerce charnel. »
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Une chouette hôle: sous de lointains toits un écrivain invente une histoire rien que pour utiliser ce verbe une fois dans sa courte vie. (p. 15)
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Accroupi dans les cistes, il trie les tubes dans sa caisse. Merci John Rand. C'est lui qui les inventés, en 41. Avant, les peintres conservaient leurs couleurs à huile serrées dans des vessies de cochon, qu'ils poinçonnaient pour en prélever. ça sortait en vrac; ça ne sortait jamais de l'atelier. Le tube en étain refermable a tout changé. Avant, on restait à la maison. Maintenant, on a la bougeotte.(p. 11)
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