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Critique de BazaR


Je n'avais plus lu de Frank Herbert depuis, quoi, vingt-cinq ans ?
Regoûter Frank Herbert, c'est regoûter à un monument. Ses livres peuvent difficilement laisser de glace. Je n'ai pas aimé tout ce que j'ai lu de lui. J'ai trouvé certains livres extrêmement difficiles à comprendre et à suivre (L'Empereur-Dieu de Dune, Dosadi) mais à la décharge de l'auteur je me suis dit que c'était probablement volontaire, afin de montrer efficacement au lecteur à quel point la communication entre espèces sentientes ou entre un homme et un dieu doit être complexe. Je suis un fan du cycle de Dune que je n'ai pourtant jamais terminé (c'est un de mes pires paradoxes : j'ai acheté les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères à leur sortie et je ne les ai jamais lus. Je les ai toujours).

Ce numéro de Bifrost expose un dossier de bonne taille sur cet auteur incontournable, qui commence par une intéressante biographie écrite par Charles Moreau et se poursuit par un témoignage personnel et émouvant de Philippe Hupp qui était l'ami du couple Frank et Beverly Herbert.
Puis deux articles consacrés à l'oeuvre phare du maître : le cycle de Dune. le morceau de roi est ici l'analyse détaillée du cycle par Claude Ecken (ne le lisez pas si vous n'avez pas lu l'oeuvre) qui le décortique et en extrait des clés éclairantes. Il permet ainsi de se rendre compte que les livres d'Herbert traitent presque toujours de laboratoires fermés sur eux-mêmes, où l'auteur contrôlent sa création et en fait varier les paramètres à loisir : la Ruche d'Hellstrom, la communauté de la Barrière Santaroga, la planète Dosadi ou Dune elle-même. Autre clé : la volonté de montrer qu'il ne faut pas adorer ses héros sans réfléchir, car ceux-ci peuvent prendre un mauvais chemin – c'est pour cela qu'on lit le Messie après Dune, et l'Empereur-Dieu après les Enfants. Dans la biographie, il est dit qu'Herbert a beaucoup apprécié Les Sept Piliers de la Sagesse, de T.E. Lawrence. Outre l'influence directe sur Dune (le désert, les Fremens et leur lutte contre l'empire à rapprocher des Arabes en lutte contre les Turcs), l'auteur a dû être conforté dans sa vision du héros finalement déchu (en tout cas c'est ainsi que je regarde le film Lawrence d'Arabie).
Enfin une dernière clé : l'écologie, préoccupation fondamentale de l'auteur, précurseur dans le domaine de l'inquiétude qui se développe actuellement quant au devenir de la Terre.

Un autre article détaille le reste de la bibliographie de Frank Herbert. Celle-ci est assez courte mais recèle quelques bons crus. A noter l'excellent L'Étoile et le Fouet, premier tome du diptyque sur le Bureau des Sabotages, La Ruche d'Hellstrom (que je n'ai pas lu) et le deuxième grand cycle d'Herbert (en collaboration avec Bill Ransom) : le Programme Conscience. Je serais moins sévère que le critique Thomas Day sur La Mort Blanche – il dézingue carrément le bouquin – mais je partage son ressenti d'ennui occasionné par ce trop gros bouquin.

Deux des quatre nouvelles du magazine donnent un aperçu de Frank Herbert novelliste. Semences est un excellent exemple du meilleur de l'auteur. le thème de l'adaptation de l'homme à un milieu planétaire étranger y est superbement décliné. En revanche Mort d'une Ville n'a que peu d'intérêt ; l'éditeur avouant lui-même que sa valeur principale est d'être inédite en France.
Deux autres nouvelles complètent le numéro : l'une de Jean-Claude Dunyachle Clin d'oeil du Héron – sorte de réalisme magique urbain qui ne m'a pas emporté, et l'excellente Exorciser les Fantômes, une nouvelle d'Eric Brown intégrée depuis au fix-up Les Ferrailleurs du Cosmos.

Un numéro que je conseille aux fans de Frank Herbert. Il m'a évidemment donné envie de le relire. Peut-être L'Étoile et le Fouet qui est assez court.
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