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Critique de Marcellina


« La folle valse des crevettes, pêchées au Danemark et décortiquées au Maroc pour des raisons de coût de main-d'oeuvre, ou le yaourt à la fraise dont les ingrédients parcouraient en 1992 plus de neuf mille kilomètres contribuèrent à construire chez moi un certain scepticisme sur la notion de progrès. »

A travers de multiples exemples bien documentés, l'auteur nous montre que la course effrénée menée tambour battant par notre monde « avide de tout au plus vite » va dans le mur ! Et pourtant, peu de gens s'en rendent compte, le monde politique préfère rester la tête dans la sable pendant que les lobbies continuent à engranger des profits mirobolants au prix de notre survie à tous.
Un exemple facile à comprendre : le papier ! Oui, oui, il y a quelques années, la sonnette d'alarme a été tirée, on consommait trop de papier, les forêts se dépeuplaient, les arbres n'avaient plus le temps de s'épanouir, il fallait trouver la solution ! Et bing, l'informatique a tout révolutionné… Plus besoin de papier, on stocke tout dans son disque dur et en plus, avec le télétravail, moins de déplacement et donc économie d'énergie à la clé. Eh bien non, ça n'a pas vraiment fonctionné comme cela. On n'a jamais consommé autant de papier que maintenant, faut dire que les imprimantes individuelles sont bon marché alors on s'en donne à coeur joie pour éviter de se bousiller les yeux en lisant sur l'écran de notre ordi. Et pour le télétravail, ce n'est pas encore vraiment entré dans les moeurs de tous car les déplacements pour raisons professionnelles ont explosé… « Et quand on compare l'impact environnemental du 'bon vieux papier' à celui du numérique, qu'il soit liseurs, tablette ou autre, il est à peu près certain que nous n'y avons pas gagné au change. » En effet, non seulement le papier est gaspillé mais nos nouveaux supports de lecture appauvrissent le monde en matières nobles et non renouvelables et ça, c'est une vraie catastrophe ! Mais tout le monde joue le jeu, on renouvelle son téléphone plus vite que ses draps de lit, on veut toujours des communications plus rapides, et encore plus rapides sans tenir compte des impacts environnementaux nécessaires pour y accéder.

« A quoi ressembleraient nos campagnes, s'il avait fallu y monter ces dernières années les nouvelles usines – et assumer leurs rejets – correspondant à notre consommation exponentielle de téléphonie et d'informatique, de jouets, de vêtements, ou de produits chimiques ? La réponse est sans doute à trouver dans les paysages des zones industrielles chinoises récentes. »

Le postulat est simple, une triple impasse : impasse liée aux ressources (et pas seulement les métaux rares mais pensez au poissons par exemple…), impasse liée à la pollution (et pas seulement l'air mais aussi les océans avec ce nouveau 'continent' fait de nos déchets plastiques), et enfin, une impasse de surface (et oui, un nouvel espace de vente à disposition quelques km plus loin que le précédent et le premier est abandonné et les terres sur lesquelles il avait été construit sont devenues juste stériles et ce n'est qu'un exemple!).

Et pourtant, il y a des solutions…

Que l'on peut tous mettre en oeuvre à notre petit niveau ; mieux trier nos déchets (notamment les bouteilles en verre en fonction de leur couleur pour faciliter le recyclage), refuser les publicités (gaspillage de papier et de métaux rares pour les jolies couleurs pour rendre plus alléchantes les jolies saucisses en promo pour le premier BBQ…), acheter malin et non pas la dernière nouveauté sur le marché, refuser les produits sur-emballés, aller à pied chez le boulanger du coin et privilégier les transports en commun pour les besoins journaliers, faire un petit potager avec son compost associé, éviter le gaspillage alimentaire et surtout manger de saison, prendre le temps de cuisiner (c'est convivial, amusant et meilleur que le 'tout prêt' à réchauffer au micro-onde!), refuser l'ultra-connectivité ainsi que les nuisances énergivores du net à savoir la masse de données inutiles qui nous sont bombardées tout au long de la journée...

« On a – et on aura – les paysages agricoles et les paysans que nous méritons, ceux de nos choix alimentaires. »

Que les communes peuvent appliquer facilement ; supprimer les écrans plats publicitaires dans les endroits publics, il y en a partout maintenant (un livre fait bien mieux passer le temps dans une file d'attente que des pubs rabâchées!), revenir au bon balai pour ramasser les feuilles mortes (les souffleurs bruyants et polluants sont loin d'être si performants…), éviter les constructions surréalistes inutiles qui ne servent qu'à flatter l'égo des élus, favoriser l'installation de commerces de proximité en redynamisant les centres villes et villages (j'en ai marre de ces centres vides aux vieilles façades aveugles qui pleurent d'anciennes publicités peintes), ré-ouvrir des bibliothèques attirantes et sympathiques et en faire des espaces conviviaux de rencontres humaines, miser sur l'humain plutôt que sur le sur-humain sur-dimensionné sur-numérisé sur-technisé !

Que les états pourraient imposer sans déclencher une révolution ; une consigne obligatoire pour tout contenant en verre (qui pourrait alors être réutilisé tel que après nettoyage et pourquoi pas un format standard de bouteille consignée comme pour la majorité des bières par exemple), limiter les surfaces commerciales dans les zones où elles sont pour le coup ultra-redondantes (qu'ils sont hideux ces chancres du commerce que l'on retrouve un peu partout autour de nos villes), obligation de brider les voitures (eh oui, plus vous allez vite, plus vous consommez, c'est drôle non!) et surtout fin des SUV (monstres disproportionnés par rapport à leur utilité réelle, lourds, gourmands et j'en passe!), remettre en état les voies fluviales (une façon facile de limiter l'afflux de camions sur nos routes), favoriser les métiers manuels et l'artisanat (au lieu de faire miroiter devant les yeux ébahis des enfants le merveilleux monde du star système ou encore l'avenir en or des diplômés et sur-diplômés), utiliser le montant des aides agricoles pour valoriser les fermiers qui font de la polyculture et de l'élevage diversifié à taille humaine (revenons au bon sens d'antan tout en gardant nos acquis technologiques!), dire non au tout numérique tellement goinfre en infrastructures dispendieuses (bon, on va juste dans le sens contraire :-( )...

Lavoisier a dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », et c'est déjà un postulat génial. Malheureusement, il a juste oublié de rajouter, qu'à chaque transformation, il y a des pertes et des déchets et comme notre société va de plus en plus vite, les transformations s'accélèrent et la masse de déchets devient juste insoutenable ! Alors, sommes-nous prêts à relever le défi ? C'est pour moi, la seule et unique question de notre XXIème siècle…

L'auteur est un peu lourd, il se répète trop souvent, il veut enfoncer le clou, c'est clair, mais c'est pompant et donc, contre-productif. Néanmoins, il faut lui reconnaître une chose, il a le courage de nous présenter le présent sans fioritures et de nous décrire les avenirs possibles, probables qui sont loin d'être roses. Il pointe du doigt les excès de notre société ultra-matérialiste où rien ne va plus assez vite pour personne. Et enfin, il ose proposer des solutions possibles, souvent réalisables, parfois surréalistes, mais il ose ! Il suffit d'un grain de sable pour enrayer une machine bien huilée, nous vivons dans un monde où le moindre grain de sable peut tout faire capoter, alors faisons tous un petit effort pour ralentir et peut-être éviter le crash final !

PS : Dernière nouvelle de notre monde bien frivole et inconséquent, la nouvelle saison de la mode fait la part belle au PVC… Voilà encore une façon pour le moins débile d'utiliser une ressource non renouvelable à savoir le pétrole…
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