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EAN : 9782203353381
193 pages
Casterman (17/08/2006)
4.04/5   23 notes
Résumé :

1979 : alors que l terrorisme d'extrême gauche bat son plein en Europe de l'Ouest, un groupe d'anciens des Brigades internationales, encore pétri d'illusions malgré les rhumatismes, reprend le combat contre une bande fasciste qui sème la mort partout où elle passe. Une épogée grandiose et amère sombrant dans le sang... Ce sont " Les phalanges de l'Ordre noir " sombrant dans le sang... 1983 : alors qu'en URSS, patrie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre rassemble deux bandes dessinées écrites par Pierre Christin et dessinées par Enki Bilal.
Dans Les phalanges de l'ordre noir, on suit un groupe des anciennes Brigades internationales qui s'est reconstituée quarante ans après pour combattre une bande fasciste qui parcourt l'Europe en perpétrant des attentats et enlèvements.
Dans Partie de chasse, des hommes issus de différents pays mais tous membres de l'appareil communiste russe se retrouvent dans une maison isolée à la campagne pour plusieurs jours de chasse.
Deux récits qui évoquent les changements politiques profonds de la fin du XXème siècle. Si au premier abord les deux histoires peuvent sembler complètement indépendantes, les réunir permet de mettre en évidence ce qui les unis et ce qui les oppose. Dans la première, on effectue un tour d'Europe à la poursuite d'une bande fasciste. On suit des hommes encore perclus d'illusions et d'idéalisme. La mort les suit où qu'ils aillent et elle frappe partout. On voit alors que l'extrême gauche tout comme l'extrême droite n'hésite pas à sacrifier des innocents pour atteindre un but idéologique. Dans la deuxième histoire, il s'agit d'un huis-clos particulièrement oppressant dans cette maison. Les souvenirs de l'histoire du communisme russe sont échangés mais on sent bien la tension qui règne jusqu'au dénouement particulièrement inattendu et percutant. Là encore on peut s'interroger sur les méthodes employées par les membres du parti pour arriver à ses fins. Où se situe l'intérêt particulier et celui de la masse ?
J'ai été agréablement surprise par la lecture de ces deux histoires que j'ai vraiment appréciées avec une préférence pour Les phalanges de l'ordre noir qui s'est avérée plus facile d'accès notamment de par son schéma narratif. Les graphismes sont très bien réalisés et apportent un supplément au texte. Ils ne sont pas là juste pour illustrer l'histoire mais bien pour lui ajouter du contenu. Une belle réussite réalisée par un duo auteur-dessinateur qui fonctionne.
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Un monument de la BD qui réunit deux auteurs qui souhaitaient faire ce qu'on appelait pas à l'époque un roman graphique mais qui est vraiment un reportage sur un monde aujourd'hui disparu, celui des hommes qui ont fait l'URSS et lui ont permis de convaincre une partie du monde de la justesse de leur combat.
Ces militants qui ont traversé l'Histoire, notre histoire car notre monde d'aujourd'hui en porte encore des traces visibles.
La mise en commun de deux bribes qui témoignent de ce qu'est devenu notre société.

« Les phalanges de l'ordre noir » … récit de 1979 …
Une histoire de mémoire, où on se rappelle les luttes perdues, les compagnons disparus ou blessés dans leurs corps et dans leurs âmes, l'histoire d'une vie, du cauchemar d'une bande de jeunes devenus vieux qui ont cru pouvoir changer le monde et qui n'ont pas supporté ce qu'ils sont devenus.

« La partie de chasse » … récit de 1983 …
Une histoire de chasse, en bonne compagnie, avec les dignitaires de tous les pays frères, des anciens, des nouveaux, tous complices devant nous de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils ont laissé faire.

L'intégrale revient sur la fin de siècle de l'ex empire avec …
« L'épitaphe » … récit de 1990 …
Un long texte douloureux qui fait l'inventaire de ce qu'il reste dans la tête, cette tête « pleine de statues rouillées perdues sur un sol stérilisé, avec ce vent de sel amer comme la mort qui souffle, qui souffle… », une rencontre entre ceux qui sont partis de l'autre côté et ceux qui continuent de roder le long du pouvoir, des pouvoirs qu'ils ont perdus, une ultime réunion pour en finir avec la vieille histoire qui prétendait construire un futur.
Des croquis épurés qui accompagnent le texte, émouvants, témoignages d'une autre époque et des ruines qui restent.

« La huitième soeur » … récit de 2013 …
Les planches illustrant cette partie sont noyées dans la brume comme un rêve ou un cauchemar,
Un texte qui cherche à nous rappeler les rêves de grandeur d'un régime qui voulait prouver au monde sa supériorité. Nous errons avec le traducteur, fil rouge de l'histoire qui nous ramène dans le quartier Zariadié (1), sur les ruines d'un monde où l'image du dernier despote russe se profile, cette huitième soeur est restée irréelle perdue dans une brume historique …
Les auteurs veulent encore croire que ce régime et les espoirs qu'il était censé incarner restent aussi dans cette même brume historique.

Mais depuis, il y a eu … le 24 février 2023 …
Il reste encore une histoire à écrire …
Sera t elle les derniers soubresauts d'un régime à bout de souffle …
Les russes pourront ils enfin reprendre en main leur avenir et le pouvoir à une oligarchie ?


(1)
L'Immeuble Zariadié est un projet de gratte ciel non réalisé, qui devait être érigé à la place du quartier Zariadié de Moscou, démoli. Il aurait été la Huitième Soeur moscovite, faisant partie des gratte ciel staliniens.
Les plans originels de 1947 comprenaient une huitième tour, qui ferait partie des plus hauts bâtiments du monde. À la suite de la mort de Staline en 1952, il a été décidé que la structure projetée occulterait le Kremlin de Moscou, de plus, la construction d'immeubles de grande hauteur a été arrêtée.
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Découverte. Superbe. Lorsque le BD rivalise avec la littérature de fiction documentaire. Tout simplement fantastique de beauté et d'intelligence historique.
"Nous avons eu raison de faire ce que nous avons fait. Mais rien ne pouvait plus nous empêcher d'avoir tort. (...)Mais moi je crois qu'il est toujours possible de faire remonter les fleuves vers leur source féconde, d'empêcher l'histoire de couler selon sa mauvaise pente".
1979 : alors que le terrorisme d'extrême gauche bat son plein en Europe de l'Ouest, un groupe d'anciens des Brigades internationales, encore pétri d'illusions malgré les rhumatismes, reprend le combat contre une bande fasciste qui sème la mort partout où elle passe. Une épopée grandiose et amère sombrant dans le sang...
1983 : alors que l'URSS, patrie du «socialisme réel», s'enfonce dans la stagnation, un huis clos étouffant dans une datcha perdue au milieu des neiges réunit plusieurs apparatchiks des «pays frères». Ils iront jusqu'au meurtre politique pour préserver, espèrent-ils, ce qu'on ose encore appeler «l'avenir radieux»... C'est Partie de chasse, sortant au moment où les vieillards du Politburo succombent en série.
1990 : le Mur est tombé, l'empire soviétique a implosé, les années de plomb sont terminées, la guerre froide aussi, les idéologies anciennes s'effondrent, leurs protagonistes ne sont plus que des ombres promises à l'oubli... C'est Épitaphe, où se clôt en silence un terrible chapitre de l'Histoire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nous avons eu raison de faire ce que nous avons fait.
Mais rien ne pouvait plus nous empêcher d’avoir tort.
A l’époque où je croyais encore à l’invincibilité théorique du matérialisme dialectique, j’avais sans doute parlé de contradictions internes.
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Comme nos ingénieurs en hydraulique, nous avons voulu faire remonter des fleuves vers leur source féconde.
Comme nos ingénieurs des âmes, nous avons voulu empêcher l’histoire de couler selon sa pente mauvaise.
Les fleuves sont malades, l’Histoire aussi …
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Vidéo de Enki Bilal
Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
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