AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
La trilogie Nikopol tome 1 sur 4
EAN : 9782731607918
68 pages
Les Humanoïdes associés (01/01/1998)
4.14/5   334 notes
Résumé :
Paris dans un futur pas si lointain. Alcide Nikopol, condamné à la fin du XXème siècle à hiberner dans une capsule spatiale, se réveille sur Terre à la suite d’un problème mécanique. Il rencontre Horus, un Dieu de l’Egypte ancienne qui essaie d’échapper à ses congénères, actuellement en résidence au dessus de la capitale, dans un vaisseau en forme de pyramide. Rapidement, les deux parias "s’associent" pour échapper à leurs poursuivants, humains et autres…
Que lire après La trilogie Nikopol, tome 1 : La foire aux immortelsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 334 notes
5
13 avis
4
18 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Je découvre enfin Enki Bilal avec La Trilogie Nikopol. Depuis toujours fascinée par ses dessins, je possède une de ses oeuvres en reproduction, qui occupe un des murs de ma chambre en excellente compagnie.
Enki Bilal, je l'aimais sans l'avoir lu.

C'est avec curiosité que j'ai entrepris ma lecture avec La Trilogie Nikopol, Tome 1 : La Foire aux Immortels. Peu encline habituellement à la Science Fiction, j'espérais apprécier jusqu'au bout les talents de l'artiste.

Cet opus du neuvième art est considéré comme un chef d'oeuvre d'anticipation politique et social, à juste titre.
Dans un monde dystopique, où la ville de Paris est divisée en deux arrondissements fortement déséquilibrés, règne en son centre une classe dirigeante totalitaire encerclée par un univers à la fois fantasque et redoutable dont l'horizon se propage à perte de vue. Une mascarade fourmillante dans laquelle aventuriers en tout genre vont se partager les bulles.

Enki Bilal s'amuse avec clairvoyance. À coup de traits noirs, et couleurs vives, il dénonce le non-sens dans l'absurdité humaine âpre à la domination. Non sans fantaisie, Bilal enrichi son scénario en incorporant multiples divinités obsédées par le pouvoir. L'auteur cultive ainsi une concurrence bouillonnante pour l'accès à la couronne.

« L'immortalité est une forme de dictature de la vie sur la mort. Etant dictateur et en vie, il ne me reste plus qu'à devenir immortel.
Et je le deviendrai, dussé-je en mourir. »

Spectacle original dans lequel Bilal invente l'espoir d'une vie nouvelle. Ces livres sont souvent considérés comme étant noirs. Je ne pense pas que l'univers de Bilal soit sombre. C'est avec une grande lucidité qu'il exprime un violent désir de reconstruction, et non de cataclysme.

La foire aux immortels est un joyau imaginatif, dans lequel vont se marier des sujets forts tels que la technologie, l'économie, la religion et la politique. Parmi les thèmes abordés, le sexisme y occupe une place de choix, Bilal dénonçant une société patriarcale dictatoriale dans laquelle les femmes sont cachées et séquestrées dans le but de reproduire. Une fois encore, l'auteur affiche une forte ambition de renouvellement et d'émancipation.
C'est brillant.

« Tu as sans doute remarqué l'absence de femmes dans ce carnaval grouillant...
La plupart en âge de reproduire est affectée d'office dans le centre de natalité Saint-Sauveur, une espèce de gigantesque clinique souterraine, sinistrement aseptisée, aux cadences scientifiquement accélérées...
La programmation doit prévoir quelque chose comme quatre-vingt pour cent d'enfants mâles... Tous destinés aux armées gouvernementales.
Ta race est d'une stupidité rare et d'un sexisme affligeant. »

Visuellement puissants, les dessins sont hypnotisants et les textes, remarquablement écrits, sont ingénieux. J'ai particulièrement aimé les coupures de presse qui jalonnent les planches avec humour et discernement.

L'excentricité et la diversité des protagonistes sont remarquables. J'ai été conquise par Horus, Dieu des cieux, à tête de faucon sur un corps d'homme ainsi que son rival Anubis dont la tête représente un chacal. Irrésistiblement envoûtants.
Parmi les personnages les plus ubuesques, j'ai adoré Gogol le chat télépathe et les anges grisâtres et dodus tourbillonnant autour de sa Sainteté le Pape. Réjouissant !

Les bulles dont l'écriture est très serrée m'auront pris quelques pages avant de m'adapter. J'ai pour habitude de lire des Bandes dessinées plus aériennes avec beaucoup moins de paroles.
Nikopol est un livre bavard ! Ça jacasse dans tous les sens, même à l'envers et parfois en cercle, si si…

Je termine ma critique en mentionnant Baudelaire dont les vers disséminés dans la bouche d'Alcide Nikopol m'auront fait rêver encore un peu plus. À travers ces poèmes, Enki Bilal aborde avec beaucoup de finesse l'absence, le temps et la mémoire.
D'une beauté lyrique et sensible.

« Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots,
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure... »

La foire aux immortels, grand classique indéniablement réussi, mérite son succès.


Lu en mai 2021
Commenter  J’apprécie          4021
Même si je connaissais l'univers visuel de la trilogie Nikopol (Bilal est un auteur de B.D qui a eu les honneurs d'expositions et de rétrospectives et qui bénéficie d'une large couverture médiatique), je n'avais jamais lu cette trilogie culte. J'avais des réticences, craignant une froideur clinique (a priori conforté par le film "ad vitam" réalisé par Bilal lui-même). Contre toute attente, ce 1er tome a été pour moi un régal.

"La foire aux immortels" est une totale réussite tant visuellement que narrativement. le dessin est au top, que ce soit pour les personnages ou pour les décors. L'utilisation des couleurs est remarquable tant elles sont en adéquation avec le récit.

L'intrigue est originale et passionnante. J'ai adoré ce monde foisonnant. L'incursion de divinités égyptiennes au coeur d'un univers dystopique très bien dépeint (même si certains aspects ne sont plus d'actualité) apporte une touche singulière, étrange et très intéressante. Mention spéciale au personnage d'Horus, à la fois inquiétant et charismatique, d'une beauté complètement étrange mais hypnotique. Je le trouve magnifique.

J'ai été vraiment séduite par l'univers sombre et poétique créé par Bilal. Je vais de ce pas m'attaquer à "la femme piège", 2ème tome de la trilogie Nikopol.

Challenge B.D 2017
Commenter  J’apprécie          394
Fermez les yeux. Imaginez ce que sera Paris en 2066. C'est loin ? Vous pensez que tout sera amplifié ? Différence pauvres/riches, hommes/femmes, diminution de la natalité ? Qu'il y aura un effondrement technologique ou, au contraire, que tout sera virtuel ? C'est uniquement dans 43 ans. Ce n'est pas si éloigné (j'ai 43 ans et ne me sens pas encore vieille). C'est l'exercice qu'a réalisé Enki Bilal en 1980 en nous livrant une histoire se déroulant en mars 2023.

Notre lecture est influencée, à mon sens, par nos connaissances et expériences, mais aussi par notre époque de lecture. Je repense à la lecture de la peste d'Albert Camus, lue après COVID. Mes ressentis auraient étaient très différents 5 ans auparavant quand les grandes épidémies paraissaient cantonnées aux siècles passés. Débuter la trilogie Nikopol quelques jours avant mars 2023, date à laquelle commence le récit, me plonge automatiquement dans une comparaison de la fiction et la réalité que je n'aurais pas abordée de la même manière quelques années plus tôt.

Paris. Début mars 2023. La ville est découpée en deux arrondissements, séparant les pauvres des privilégiés, dans une dictature fasciste constituée uniquement d'hommes, les femmes sont enfermées dans des cliniques pour leur seule fonction reproductive. Alcide Nikopol revient sur Terre, après un exil de trente ans dans une capsule spatiale. En même temps, des dieux de la mythologie égyptienne sont bloqués au-dessus de Paris, car leur vaisseau n'a plus de carburant. Horus voit en Nikopol la possibilité de prendre le pouvoir.

Manigances, alliances, religion, rôle des médias. Crainte d'un manque de ressources naturelles. Importance du sport comme vitrine de la puissance des Etats. Enki Bilal avait bien cerné certaines constantes.
Au-delà, il écrit dans la période de guerre froide, dans l'opposition des blocs Est et Ouest. Avec une lecture quelques années plus tôt, cet aspect aurait semblé dépassé. Aujourd'hui, avec la guerre en Ukraine, la question se pose.

J'ai hâte maintenant de savoir ce qu'il adviendra d'Alcide Nikopol et de Paris, entre fascisme et socialisme, avec des intérêts individuels liés à l'accès à l'énergie. Je ne tarderai donc pas à lire le tome 2 !
Commenter  J’apprécie          217
La Foire aux Immortels est un chef d'oeuvre.
Rarement avant sa publication on avait pu lire une BD dans laquelle les différentes histoires, les différentes ambitions des différents personnages, les différents niveaux de lecture se croisent et recroisent. Dans un récit finalement court si l'on songe à tout ce qu'il contient.
Bilal sort de sa chrysalide et s'impose immédiatement comme un auteur avec lequel il faut compter. Parce qu'il fait la meilleure SF, celle qui nous parle aussi de l'époque contemporaine. Parce qu'il est visionnaire, juste en accentuant et extrapolant les travers qu'il pointe du doigt.
Et ces idées parsemées tout au long de l'histoire. Par exemple, les maquillages qui accentuent l'aspect décadent de cette société néo-fasciste... mais qui se poursuivent après la révolution de velours, seules les couleurs ont changées. Et cette idée que les lendemains de révolution ne chantent pas, que la complexité des problèmes à affronter s'impose immédiatement aux nouveaux dirigeants.
Il y a aussi le clivage entre les cercles de pouvoir et le peuple, rarement montrés avec autant d'acuité dans la BD, y compris via l'orthographe des journaux non officiels et la langue dégradée des couches populaires.
Belle invention aussi (dans le monde de la BD) : l'histoire est soulignée, complétée par les revues de presse, soulignant encore la multiplicité de points de vue.
Et puis les dieux égyptiens : ce n'est pas l'idée, c'est son exploitation qui est une source de perpétuelles surprises. Ils ne sont pas une entité univoque ni un magma confus : chacun a son propre agenda dans la politique interne au groupe des dieux, cela interfère dans la politique locale terrienne. Ils ne sont pas omnipotents : immortels certes, mais ils ont besoin d'un vaisseau spacial et de carburant. Et il se fichent des petits problèmes des humains, ils repartent une fois leurs besoins satisfaits.
Et puis la jambe d'acier, qui redevient une enclume handicapante quand la force qui la muait s'en est allée.
Et puis, et puis...
Pour finir, une petite mise au point : La Foire aux Immortels n'est pas le début d'une trilogie. En tous cas ça n'a pas été pensé comme cela. C'est une histoire complète, qui se termine dans les Fleurs du Mal. Plus tard, bien plus tard, Bilal a ajouté une suite.
Commenter  J’apprécie          174
2023, Paris se prépare à une campagne électorale afin d'élire un nouveau gouverneur. le dictateur en place souhaite bien remporter à nouveau les élections et voit dans le vaisseau extraterrestre et pyramidal stationné au dessus de la cité une occasion d'acquérir l'immortalité. Car cet édifice flottant n'accueille rien d'autre que des divinités égyptiennes immortelles et toutes puissantes.

---

Une série de SF mettant en scène une univers complexe et décalé au sein duquel évoluent des personnages fourbes et calculateurs emmêlés dans une intrigue politique sur fond de vengeance divine.
Avec de superbes dessins et un souci du détail poussé, on appréciera également cet album pour la variation de style et notamment l'inclusion de revues de presse ou le niveau de langage et de culture différencié selon l'arrondissement sélectionné.

On espérerait de la suite de série qu'elle étoffe un peu le côté politique extérieure de son univers.
Commenter  J’apprécie          201

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tu as sans doute remarqué l'absence de femmes dans ce carnaval grouillant...
La plupart en âge de reproduire est affectée d'office dans le centre de natalité Saint-Sauveur, une espèce de gigantesque clinique souterraine, sinistrement aseptisée, aux cadences scientifiquement accélérées...
La programmation doit prévoir quelque chose comme quatre-vingt pour cent d'enfants mâles... Tous destinés aux armées gouvernementales.
Ta race est d'une stupidité rare et d'un sexisme affligeant.
Commenter  J’apprécie          110
Revue de presse. Paris. 3 mars 2023 [...]

//Résistance Populière. Diff. marginale et irrégulière. Tirage artisanal 10 à 50 ex.//

Il tombage mystereux
il tombage mystereux l'a eu lieu dans notre ville au 2 mars le soir l'homme parachutisé completement refrigé l'était à tel point l'était qu'il net brisurage d'une jambe se fit sous l'a choc ils vermineux miliciens choublanquistes (comme toujours attardifs) l'ont été baisés car il mystérieux refrigéré s'en est flapé avant l'arrivage d'eux
ha ha ha
Commenter  J’apprécie          80
L'immortalité est une forme de dictature de la vie sur la mort. Etant dictateur et en vie, il ne me reste plus qu'à devenir immortel.
Et je le deviendrai, dussé-je en mourir.

J.-F. Choublanc
(Écrits divers, Paris 2023)
Commenter  J’apprécie          110
Et nous nobles amis, dieux parmi les dieux, puissants parmi les puissants, revenons effectivement au grave problème qui nous immobilise cruellement au-dessus de cette laborieuse cité.
Commenter  J’apprécie          80
La programmation doit prévoir comme quelque chose comme 80% d’enfants mâles… Tous destinés aux armées gouvernementales… Ta race est d’une stupidité rare et d’un sexisme affligeant, Nikopol.
Commenter  J’apprécie          60

Lire un extrait
Videos de Enki Bilal (94) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enki Bilal
Augustin Trapenard reçoit Enki Bilal pour "Shakespeare – Bilal. Une rencontre", paru aux Editions Marie Barbier. L'ouvrage se penche sur l'adaptation de "Roméo et Juliette" de William Shakespeare par Enki Bilal en 2011. A ses côtés, Camille de Peretti présente "L'Inconnue du portrait", édité chez Calmann-Lévy, dans lequel elle imagine l'histoire de la femme peinte par Gustav Klimt dans son "Portrait d'une dame". Yannick Haenel, lui, évoque "Bleu Bacon", publié chez Stock, et Thomas Schlesser "Les Yeux de Mona", édité chez Albin Michel.
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (855) Voir plus



Quiz Voir plus

Enki Bilal - la trilogie du "Coup de sang"

Que désigne le "Coup de sang" ?

une guerre
un groupuscule terroriste
un tsunami
un bouleversement climatique

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Thème : Enki BilalCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..