AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Yanoune


Partie de chasse... Ou la bd chef d'oeuvre tant par son dessin que son histoire... la bd paf dans ta tronche...

Pitch :
Un train en direction d'un bled en Pologne, dehors c'est la nuit, il neige on se pèle. Dedans les lumières sont tamisées, les loufiats apportent de la vodka, et ça raconte, histoire de faire passer le voyage plus vite pour arriver à destination. Pour cette partie de chasse organisée malgré la caillante. Ils seront dix, tous plus ou moins potes, tous de la même génération enfin presque. Tous avec plus ou moins les mêmes parcours, dans l'un ou l'autre pays du bloc de l'est, les pays frères comme ils aiment le dire..
Enfin sauf un, lui c'est l'interprète, un jeune français, qui balise un peu. Il se demande se qu'il fout là. C'est que quand même il y a du sacré monde à cette partie de chasse...

Ah qu'est ce que j'aime le dessin de Bilal de cette époque là.
Il fait partie de mes premières découvertes en bd... Les bds du tonton que je lisais, même si je n'y comprenais pas grand chose à l'époque. C'est avec ces bd : Partie de chasse, La ville qui n'existait pas ou La croisière des oubliés que j'ai fais mes premières armes (entre autres.. avant y avait eu Little Nemo, et juste après y a eu Pratt et Blueberry (ça c'était plus compréhensible pour moi ^^))
C'était pas de mon âge, mais ça m'empêchait pas d'aimer et de trouver ça beau, étrange, et fascinant.

Alors c'est toujours beau étrange et fascinant, mais en plus maintenant que j'ai l'âge pour comprendre.. Tain ça envoie du pâté !
Et ce qui m'amuse beaucoup, c'est que comme beaucoup de ma génération, comme disait le film « Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes » et bien moi, si, mais c'était plutôt les grand-parents... (personne n'est parfait non plus ^^) Et donc oui j'ai connu, autour de la table dominicale les oncles et tantes, tous et toutes d'une faction, d'un courant, les léninistes, les trotskiste, Bakounine, et Mao qui s'invite dans les conversations devenant plus qu'houleuses... Moi tout ça je captais pas grand chose et j'allais lire les bd du tonton...
Et dans les bd du tonton Partie de chasse, cherchez l'erreur... et j'ai un sourire. Lui s'était le taiseux, qui est parti vite et loin...

Il arrive que l'histoire soit changeante... et on est à la deuxième page, seulement à la deuxième page.
Oui l'histoire changeante suivant les points de vu, vainqueur, perdant.. colonisé colonialiste... le début de l'histoire et la fin pour un même homme, et ce qu'il a vécu entre.. Sauver sa peau ? Encore ? Pourquoi faire ? Pour qui ? Pour l'histoire ou pour soi ? Gagner une vie mais à quel prix ?

Les idéaux qui se dissolvent dans le sang, dans le pouvoir... l'un appelle-t-il forcement l'autre ? Ou les deux ne sont-ils que les différentes facettes d'une même pièce ?
Là oui époque de la dissolution, les mensonges, les faux semblant tombent... les années 80 et le bloc de l'U.R.S.S..
Renier les idéaux, un album cimetière...

Un vieux monsieur raconte à un jeune homme... raconte le pourquoi le avant, le comment... raconte un homme... une période, un pays, enfin des pays soi disant frères... une idéologie... un ratage total ( ça certains diraient ça dépend du point de vu.. sans doute)... Et puis le jeune homme va écouter les conversations de ces dix hommes, certains déchus, d'autres en devenir, essayer d'entrevoir, c'est un peu dur, quand on est un chouille naïf, avec encore des grands idéaux.

Visage de pierre qui s'effrite, qui se fissure comme un mur bientôt... Album prémonitoire datant de 83... visage figé impassible et froid, comme le temps dehors... comme la neige qui tombe, comme le brouillard glacial qui envahie tout...

J'adore ce dessin, j'adore toute cette période de Bilal où son travail pictural donne le ton, ce ton étrange, à la lisière, du rêve, du cauchemar, où son dessin sa colorisation sont d'une force.
Les couleurs des souvenirs, au milieux des chapes de brume,
Et le rouge qui s'invite de plus en plus. Ce rouge vif au milieu du gris.. Damned la colorisation de Bilal c'est quelque chose !
Atmosphère à la limite.
Parfaite avec cette histoire, son histoire aussi, le bloc de l'est comme on dit, Bilal il vient de là. C'est dans ses gènes cette vision et ce refus du communisme (demandez à papa Bilal ce qu'il en pense...)

De la bd plus qu'intelligente pesante, glaçante et cynique, et qui remet bien les choses dans leur contexte.
Un album que la jeune génération devrait lire, pour comprendre un peu... comprendre le sang sur les mains, les beaux discours et les cadavres dans le placard...
Commenter  J’apprécie          258



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}