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Critique de mylena


mylena
05 décembre 2021
Une BD éditée en 1984 et dont l'action se situe en 1983, soit six ans avant la chute du mur de Berlin. Vassili Alexandrovitch Tchevtchenkko, vétéran soviétique au pouvoir mais plongé dans le mutisme par la maladie, a organisé une chasse à l'ours en Pologne. Il a invité une dizaine de responsables des différents pays de l'Est dont il est ou a été proche autrefois. Il a aussi invité Serguei Chavanidzé, son successeur pressenti, ainsi que Günther Schütz, jeune technocrate du COMECON et un jeune militant français pour servir de traducteur car Chavanidzé ne parle que russe (tous les autres parlent français). le récit commence dans un train qui traverse une campagne glaciale et enneigée. Golozov raconte au jeune interprète le parcours de Tchevtchenko, depuis sa première rencontre avec Lénine. Puis c'est l'arrivée dans une vaste demeure isolée, les invités qui font connaissance. L'atmosphère est lourde et assez glauque, les rencontres au bar, à la piscine ou autres sont l'occasion de faire revivre les souvenirs des luttes passées et les liens qui unissent chaque invité à Tchevtchenko. L'album reflète parfaitement la situation de 1983 et montre comment «soixante ans d'idéal communiste s'effilochent face aux réalités». En fait tous ces vétérans sont à la fois parfaitement lucides et très désabusés, très fortement opposés à Chavanidzé qui fait figure de jeune loup. La partie de chasse dure trois jours au cours desquels nous découvrons tout ce contexte et elle finit par un «accident» de chasse : Chavanidzé est malencontreusement tué par balle par le jeune interprète, qui n'était en fait là que pour servir d'idiot utile. Il s'agissait en fait d'un complot planifié par Tchevtchenko pour éliminer le jeune loup dangereux. Seul le jeune Schütz n'était pas au courant, mais se laisse assez aisément convaincre malgré ses protestations. Quand au jeune interprète, il n'a guère d'autre choix que de confirmer la version accidentelle. Dans le train du retour Tchevtchenko se suicide, hanté par le souvenir de la femme qu'il a aimé et sacrifié à ses idéaux politiques dans les années 30. Les dessins sont splendides, et les récits enchâssés parfaitement intégrés, le décor glacial et gris convient à merveille à ce récit froid et cynique sur les rouages de la conquête du pouvoir. Il était rare jusque là de trouver une BD porteuse d'un message aussi fort.
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