Ce roman, plus noir que le fond d'un encrier est composé de 17 nouvelles. 17 tranches de vie du sud de l'Indiana... 17 histoires noires, violentes, qui explorent les tréfonds de l'Homme dans ce qu'il a de plus vil.
Il ne fait pas bon vivre dans le sud de l'Indiana. Des paumés, des alcoolos notoires, des trafiquants de drogue, des bandes organisées, des pédophiles, des papys ou pères incestueux, des assassins, des voleurs, des traumatisés des guerres (la Seconde, le Vietnam, l'Afghanistan), des maris violents, des drogués accros aux méthamphétamines, tous vivant dans une crasse monstre et dans une dépravation qui frise souvent avec le point de non retour.
Toute cette tripotée de rednecks bouseux se retrouvent dans les pages de ce court roman qui vous fiche un coup de trique dans les gencives avant de vous étaler par un uppercut qui vous laissera K.O.
17 nouvelles qui pourraient être indépendantes les unes des autres, mais dont certaines sont la continuité des autres. Les trois premières histoires sont une suite, les protagonistes se connaissant bien. Et elles vous plombent déjà bien l'ambiance, les trois premières nouvelles.
Il y a un fil rouge dans tout cela et ce n'est pas que dû au sang qui coule, car certains personnages sont récurrents et nous croisons quelques fois leur route de misère.
Ici, pas une étincelle d'espoir. L'espoir, on l'a étouffé dans l'oeuf, noyé dans la Blue River. L'espoir a été décapité sur l'autel des oubliés, sous un fronton où devait être inscrit "Vous qui entrez, abandonnez toute espérance".
Le sud de l'Indiana, c'est l'Inferno de
Dante. Même Charon, le nocher des Enfers, le fuirait !
La seule lueur d'espérance se trouvera dans la dernière nouvelle.
Franck Bill possède une plume acérée, acide, sans concession, sans fioritures et il pique là où sa fait mal, fouraillant dans la plaie, crevant les abcès de pus.
L'auteur tire à boulets rouge sur l'Amérique qui n'a pas aidé ses anciens combattants à guérir leurs traumatismes, qui ne les a pas aidés, qui a oblitéré les blessures secrètes qu'ils pouvaient avoir dans l'âme et qui les a transformé en machine violente.
Le portrait est au vitriol sur les maris qui battent leurs femmes, sur les gangs, les combats clandestins de chiens, et tout ce qui fait la noirceur de l'être humain.
Ce livre ne vous laisse pas indemne, ça vous remue les tripes avant de vous laisser K.O.
Les personnages sont puissants, violents, noirs, sombres, sans âme et ils ont une forte présence.
Lire Franck Bill, c'est se plonger dans le sud de l'Indiana et en ressortir comme après un combat de boxe : tabassé en règle et cassé de partout.
Magnifique, tout simplement. Mais noir, horriblement noir.
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