Mo, sans T, est un grand bonhomme en forme de point d'exclamation. Il est gardien, bien connu du quartier… Autour de lui, pendant les trois premières doubles pages, des arbres, des gens – jeunes en scooter ou au foot, petits au bac à sable, personne âgée avec canne et longue robe blanche - , des immeubles, des espaces partagés, un environnement visiblement urbain, mais pas de mots avec T. Ceux-ci arrivent avec le facteur, normal ! Et les lettres des bâtiments suivent celles du facteur, mais Mo n'a pas ses lunettes. Pas grave, nous partons vers le bâtiment A et croisons des gens en forme de A mais sans mots … Il faut ensuite régler une histoire de colis échangés, puis un problème de tags, puis affronter des piles de papiers qui s'amoncèlent … Et puis il faut encore écrire pour la dictée des légumes … On comprend bien que lettres et mots embarrassent Mo et le font souffrir. Mais peut-être est-ce son tour de faire appel à l'esprit d'entraide et de solidarité qu'il a défendu tout au long de cet album ? Car la question de la lecture, de l'illettrisme, du handicap social que cela représente est associée à des thématiques positives, bien dans l'air du temps, comme le lien social, le dialogue intergénérationnel et interculturel, les jardins partagés et tous ces systèmes d'entraide et d'échange qui recréent ce fameux lien social dont il est tant question aujourd'hui.
Une jolie histoire très actuelle donc, remarquablement illustrée par
Simon Bailly, major de la promo 2016 à l'Ecole Supérieure d'Art de Lorraine, dont c'est le premier album. On peut s'amuser à débusquer les lettres plus ou moins cachées parmi les piles de papiers ou déguisées en personnages, eux-mêmes vêtus de lignes ou de carreaux rappelant les cahiers d'écriture. Et lorsqu'il a enfin dompté ces lettres et ces mots, « Mo est plus léger. Mo est plus libre ».
Commenter  J’apprécie         40