AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Floyd2408


Une autre Aurélia de Jean-François Billeter est un court texte initié par le roman inachevé de Gérard de Nerval Aurélia et la perte de sa femme Wen. Jean-François Billeter s'inspire de ce texte surréaliste pour nous faire découvrir ce carnet intime, il ouvre son être à une approche de voyeurisme sincère, une acceptation de devenir le témoin malheureux en proie à la solitude de l'être aimée mort.
Jean-François Billeter est un sinologue suisse, oeuvrant vers la culture chinoise, écrivant un nombre certain de livres sur l'art chinois, il fût titulaire de la chaire d'études chinoises dés sa création en 1987 jusqu'en 1999, prenant sa retraite académique. A la perte de sa femme il écrivit deux récits Une rencontre à Pékin puis Une autre Aurélia, une continuité amoureuse d'une vie de couple de 45 ans, même invisible à son regard, la présence de sa femme habite son âme, son corps, son être sa vie.
Ce récit amorce avec beaucoup de grâce, de tendresse, d'amour, de pudeur et de vie le passage assez complexe d'un être humain à se retrouver seul après la perte de son partenaire. Les aphorismes gravés au jour le jour sur le carnet de notre auteur sur ses sentiments inextricables le happant dans un tourbillon inconnu, ces mots peints avec beaucoup de pudeur et de sincérité, éclairent ce passage délicat, cette transition douloureuse, attisent en nous une vraie émotion tendre, pour découvrir un amour pur, une ode incroyable, une continuité amoureuse différente, comme une immuabilité de l'amour, une intemporalité des sentiments venant bercer les méandres ombrageux de la nouvelle solitude de notre auteur.
Les pleurs sont un moyen de libération, au début ces pleurs sont comme une libération, pourvu qu'ils durent à l'avenir, il faut être seul pour le faire, ces pleurs sont comme un don de Dieu, une consolation du souvenirs qui enveloppe t'esprit et le corps, puis cette émotion d'être seul l'engloutit par moment, le bonheur reçu de sa femme dans sa vie continue de couler encore, seul la vie cesse, il y a ce manque de la personne à qui, il racontait tout. Puis l'effroi le prend de cette séparation définitive.
Les rêves l'assaillent, surtout les plus pénibles, à son réveil il se trouble accablé encore prisonnier par ces cauchemars, de la fuite, rupture de sa femme, ou des mélopées douces venant adoucir sa solitude du réveil au petit matin.
Les lieus aussi refont revivre sa femme, à travers les souvenirs, sa présence enveloppe l'atmosphère, l'auteur n'oublie pas l'espièglerie de sa douce aimée venant le retrouver au café absorbé par son travail.
La musique, les livres, les tableaux et la solitude sont des empreintes de réminiscences, les images se troublent, s'effacent, se recherchent, s'estompent pour devenir illusions, mirages, souvenirs, songes, cauchemars, réalités…..
Le leitmotiv surprenant de l'idée du retour de sa femme et de sa réaction face à elle, comme si sa mort était juste un départ, l'auteur se pose cette question troublante comme une réalité.
Cette tendresse de carnet est une belle découverte, cette façon de se livrer dans la douleur de la perte de sa femme et de suivre les méandres de ses émotions au jour le jour, couché sur un carnet, gravé à la pointe de son stylo cette sculpture des mystères de l'esprit.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}