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Critique de belcantoeu


L'auteur, né en 1959, peintre renommé au Maroc et aux Etats-Unis, sculpteur, romancier, et d'abord professeur de mathématiques, en est ici à son 10ème roman. le plus connu est «Les Étoiles de Sidi Moumen», prix du roman arabe 2010, traduit dans une dizaine de langues, adapté au cinéma, et primé à Cannes.
Comme le titre le laisse deviner, «Le Fou du roi» est l'histoire du conteur et amuseur facétieux d'un souverain, sorte de Rigoletto (Verdi) ou de Triboulet (Victor Hugo, «Le Roi s'amuse»). Ce souverain serait le Glaoui de l'époque du protectorat français (quand Mohamed V a été déposé et exilé), ici appelé Sidi. Quant au «fou», c'est le père de l'auteur, Mohamed ben Mohamed, à qui le livre est dédié, mais raconté à la première personne, et sans qu'on sache ce qui relève de la fiction et de la réalité.
Le narrateur, 70 ans, fait partie depuis 35 ans des proches courtisans, avec le médecin, le poète, le musicien, le nain, le devin et l'herboriste. Sidi est capricieux et imprévisible. Selon son médecin, il n'en a plus que pour deux jours ou deux (p. 13) et il ne verra plus refleurir les jacarandas (p. 168 et dernière). Entre ces deux pages: trois jours. L'auteur nous décrit la vie des courtisans avec des épisodes passés, beaucoup de lenteurs et peu d'action. le seul événement notable est la disgrâce passée du fils du narrateur, Abel, mêlé à un tentative de coup d'état, exilé, et dont tout le monde ignore le sort, mais qui reviendra à la fin du roman, après vingt ans d'absence, marqué par les mauvais traitements. Pour garder sa place à la cour, le narrateur n'a pas pris sa défense, et a malgré cela été en disgrâce pendant quelques mois. Sa femme, Mina, l'a quitté.
Ce livre est l'un des quatre finalistes du prix littéraire organisé par le Club Richelieu International Europe, qui sera décerné en 2019 à un écrivain dont la langue maternelle n'est pas le français, mais qui écrit en français.
Quatre passages:
«La cantine du palais était l'édifice le plus inhospitalier du palais. Je ne m'y restaurais que contraint et forcé en l'absence du roi. Autrement, je préférais attendre dans le vestibule que Sidi eût fini de manger pour me précipiter sur les reliefs de ses précieux repas» (p. 54).
«La corpulente princesse n'était nullement portée sur la chose. Sa chair dégoulinante de partout était un attentat manifeste à l'esthétique, excluant toute idée de batifolage» (p. 80).
Lorsque le roi, fait un raté monumental lors d'une partie de golf et que le narrateur l'applaudit, le roi lui dit «Tu ne vois donc pas que j'ai lamentablement raté mon coup». Réponse du courtisan: «Non Sidi, tu n'as rien raté du tout ! le trou n'était pas à sa place ! Ceux qui l'ont creusé au mauvais endroit devraient subir une flagellation exemplaire» (p. 127).
Un jour, le roi décide une marche verte pour reboiser le désert, mais «envoyer des centaines de milliers d'individus conquérir le désert, avec pour seules armes un Coran bon marché et un drapeau défraîchi, aurait de quoi déstabiliser n'importe qui» (p. 130).
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