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EAN : 9782234046689
237 pages
Stock (30/11/-1)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Sur le mont des Esclaves, deux adolescents rêvent ensemble. Tous deux pratiquent avec un même bonheur l’art de jouer avec les mots et leurs illusions, mais à l’heure des engagements de l’âge adulte, Yamou choisira la voie de la poésie et de la révolte, tandis que Nayel se laissera prendre au piège de ses mensonges et aux fastes du pouvoir. Mensonges en effet que l’histoire de son enfance et de sa mère transformée en servante, mensonges que son amitié pour le fils du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le poète et son ombre
Mahi Binebine le nostalgique - Par Amale Samie

La lecture d'écrivains maghrébins surfaits pouvait rendre le lecteur circonspect sur la valeur des auteurs maghrébins. Elle pouvait même susciter chez lui un rejet injuste et définitif. Mahi Binebine vient de nous réconcilier avec le roman marocain. Si l'on se résout à ranger "L'ombre du poète" dans cette catégorie littéraire. Fantastique voyage dans le Haut-Atlas et les vingt dernières années du protectorat. Marrakech la Rouge avec Koudi Laâbid, le Mont des Esclaves au sommet duquel Nayel, le narrateur va rêver avec son ami Yamou, sa conscience. Sa mauvaise conscience. Mais la poésie. le rêve, les brumes de l'indistinct où soudain les choses se font précises au point de blesser. Nayel est séparé de son ami d'enfance par l'école, le premier est inscrit à l'école des notables, le second est apprenti-coiffeur puis écrivain public. Ils sont séparés par des choix "idéologiques". Mais ils ne le ressentent pas si distinctement.
Nayel deviendra secrétaire du Glaoui, "Son Excellence", dans le roman. Yamou choisira l'agitation nationaliste, qui élira domicile dans son arrière-boutique. Cruauté Mais la vie a eu le dernier mot. En définitive, personne ne peut jurer de ce qu'il deviendra. Plus crûment, nationaliste et collaborateur sont désormais des statuts à peine distincts, tant la vie intérieure des deux amis les rend semblables. La politique réelle et froide ne l'a pas voulu ainsi, ensuite. Mais Nayel n'est pas un "salaud" et Yamou n'est pas un pur héros. C'est la vie qui gagnera : elle est cruelle et au soir de cette vie, Nayel ira une dernière fois en pèlerinage au Mont des Esclaves. L'épuration le laissera désespérément tranquille. Peut-être aurait-il préféré payer. Mais "Les larmes du poète sont imperceptibles. Leurs sanglots prennent différentes teintes, comme les caméléons ; ils s'insinuent dans un éclat de rire, dans la caresse d'un regard, dans la douceur d'une étreinte. Ils deviennent invisibles". La douleur des mères, la solitude des pères qui n'ont pas de confident, ni leur fils qu'ils ont vu s'éloigner, ni leur femme qui ne pense qu'aux tâches ménagères, la superbe et l'arrogance des nantis et des puissants, les mêmes, toujours, sont des écueils sur le cap des fragiles navires de la destinée.

Mahi Binebine n'est pas un écrivain maghrébin, ni même marocain. C'est un écrivain tout court. Un grand. Cisèle-t-il ses phrases longuement pour les rendre si mélodieuses ou coulent-elles comme le miel de la ruche saturée ? À aucun moment, le souffle puissamment évocateur ne faiblit. Aucun artifice, mais une langue riche, à peine baroque. Pure, simple mais enchanteresse. Irrésistible, ce roman auquel on reste suspendu, parsemé d'anecdotes et de chimères, d'humour triste et de chair humaine : les morts aussi sont de la fête, et le sang. Souffle évocateur Mais comme par miracle jamais une note macabre. Au contraire les morts sont de joyeux drilles ou des figures, comme l'ancien combattant dipsomane qui fume 2 paquets de Casa-sports en écoutant Édith Piaf. Peut-être que ce qu'il y a de plus aisé dans la narration de Nayel, c'est cette manière de saupoudrer de mensonge la vérité qu'il n'assume pas face à ses congénères plus riches, et plus vaniteux, surtout. Alors le lecteur lui-même perd ses repères, il gagne au change. Il ne le regrettera à aucun moment. Un grand écrivain, Mahi Binebine. Les faiseurs auront fort à faire, s'ils veulent égaler le poète.
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Binebine nous emporte encore une fois dans les ténébres de l'âme humaine, ce côté inhumain parfois, qui surgit au fond de nous sans en comprendre l'origine ni la destinée, ces idées qui nous démangent et nous torturent même, ces envies d'ascension sociale irraisonables et folles, ces sentiments d'enfant ou d'adolescent qui nous font détester notre vie et nous font désirer une autre bien différente.
L'auteur a tué son père au début de l'histoire dans un accident "ridicule", à sa naissance et s'est collé une étiquette de porte -malheur pas seulement chez lui mais dans tout le village, n'est - ce pas là le famaux comples d'oeudipe où le garçon veut tuer son père? Mais binebine le fait dans un langage poétique qui nous fait désoler sur le sort de ce garçon qui a tué son père sans le vouloir vraiement, alors non coupable!
il refuse sa mère dans ses histoires qu'il invente sur cette femme "folle" d'avoir voulu son bien, en li apportant un talisamn pour la bonne chance dans les examens, n'est-ce pas là un image de la vie de chacun, où nous ne comprenons pas les actes de nos parents, car justement nos soucis d'enfants ne sont pas leurs soucis de parents!
binebine nous transporte aussi dans ce monde " maroc pandant l'occupation" avec sa poésie que je trouve parfois ridiculisante sans être trop méchante: le palis du Pacha, ses esclaves, l'ecole seignorale, le coiffeur du seigneur, l'école du quartier, la femme dans sa simplicité et sa folie!

Merci binebine
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J'ai aimé ce livre. Il relate la vie dans une ville (médina) du Maroc sous occupation française. L'amitié entre 2 jeunes garçons issus des bas quartiers et qui verront le destin les fait prendre des voies opposées. Tandis, l'un, Nayel (le narrateur) choisira de travailler au palais de la ville où règne un pacha au pouvoir infranchissable ; Yamou, fils de barbier doté d'une belle plume, se fera écrivain publique et sympathisant des résistants au pouvoir. Au fil des pages, on s'imprègne des décors de la cité médiévale d'antan, la réalité et la cruauté du système social et politique sous occupation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La différence de classe, affirmait Yamou, est bien plus souvent défendue par les subalternes que par les maîtres eux-mêmes (P38).
Quand on épouse la terre, ainsi que le fait le palmier, on vit à son rythme : petites attentes, modestes ambitions, menus plaisirs, joies éphémères mais sentiment d'éternité . En revanche, quand on épouse l'air...2 sortes de beauté existent la nature : la brute, qui est celle du palmier, simple, dépourvue d'artifice. Une beauté qui se suffit à elle-même, donc durable. Et puis il y a l'autre, provocante, fragile, contenue toute entière dans sa fugacité. Voilà pourquoi elle ne dure pas longtemps. Les poètes sont des imposteurs...des charlatans de la pire espèce ! Le mensonge du poète est plus insidieux ; il glisse sur les esprits comme un voile, une étoffe d'illusions, soyeuse, ourlée cependant d'une certaine authenticité...
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Les palmiers comptent sur les piafs pour leur donner des nouvelles du monde. Ils sont bavards les piafs. Dès l'aube les moineaux leur chuchotent au creux des palmes l'ensemble des merveilles et des misères que cachent les remparts.
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Le poête est un intermédiaire entre l'homme raisonnable et le fou.
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Video de Mahi Binebine (2) Voir plusAjouter une vidéo

Mahi Binebine : Cannibales
Depuis un café de la banlieue de Fes au Maroc, Olivier BARROT présente "Cannibales" de Mahi Binebine, la destinée funeste de candidats à l'exil vers l'Europe.
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