Dormir au soleil est un roman fantastique de l'écrivain argentin
Adolfo Bioy Casares publié en 1973.
Le roman, récit à la première personne, dépeint le quotidien de Bordenave, horloger à son compte, qui s'accommode fort bien d'une vie routinière auprès d'une épouse, Diana, au caractère pour le moins difficile. le narrateur se laisse pourtant un jour convaincre de faire interner son épouse dans un hôpital psychiatrique pour un certain temps. À partir de ce moment, autour de lui les impressions de plus en plus étranges s'accumulent : sa belle-soeur lui tourne irrésistiblement autour, il achète une chienne qui se trouve porter le même nom que son épouse, qui elle, ressort de la clinique souriante, gentille et attentionnée, des qualités diamétralement opposées à sa personnalité d'avant. Ajoutons à cela, des intrusions nocturnes sur le terrain de Bordenave et les allusions suspectes du directeur de la clinique : on sent bien que des choses louches se préparent...
Ici
Adolfo Bioy Casares recycle et mélange la plupart des éléments habituels de la littérature fantastique du XIXème et XXème siècle : le mythe du double, du savant fou (en l'occurrence, le directeur de la clinique) du « body snatcher » ("voleur de corps") etc. Rien de très original donc. Est-ce que cela fonctionne ? Disons globalement que oui… sans plus.
Adolfo Bioy Casarès a heureusement un vrai talent sur l'écriture et la gestion du rythme de son livre. le roman se lit très bien et les touches d'humour (notamment dans la galerie de portraits dépeignant l'entourage du narrateur) font mouche. Il reprend en revanche les recettes classiques de la littérature fantastique et la plupart des rebondissements sont téléphonés. L'autre bémol de l'ouvrage réside dans la personnalité même du narrateur, si effacé, naïf et manipulable que cela en devient souvent comique. On a dès lors, bien du mal à s'y attacher vraiment et on ne s'immerge à aucun moment dans une atmosphère horrifique ou paranoïaque.
Bref, c'est un roman agréable mais sans grande ambition que les amateurs de
Bioy Casarès pourront lire avec bienveillance et plaisir sans y chercher autre chose. Pour les autres, vous pouvez passer votre chemin sans regret, l'auteur a fait bien mieux avec son roman
l'invention de Morel.