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Critique de Dez54


Dez54
01 septembre 2019
Adolfo Bioy Casares, auteur argentin et ami de Jorge Luis Borges, publie en 1969 Journal de la guerre au cochon, roman retraçant sur quelques jours la vie de Vidal, retraité de Buenos Aires alors que la ville s'embrase dans un conflit entre jeunes et « vieux ».


Isidoro Vidal, la petite soixantaine mène une vie paisible et monotone : des parties de cartes avec sa bande d'amis, un petit appartement qu'il partage avec son fils et des femmes dont il n'espère plus rien mais qui habitent ses souvenirs et ses rêves. Le voilà pourtant devenu en l'espace de quelques jours une proie parmi tant d'autres d'une guerre générationnelle mené par des jeunes enflammés qui brutalisent et tuent les personnes âgées dans les rues de la capitale argentine, sous les yeux indifférents sinon complices de la population et des autorités. Les « vieux » comme Vidal ne pourront compter que sur la solidarité de leurs amis et la fragile loyauté de leurs fils pour survivre.


Comme à son habitude Adolfo Bioy Casares fait montre d'un talent exceptionnel pour installer une atmosphère bien particulière à son roman. C'est d'ailleurs, le principal point fort du livre : on y mêle habilement le banal et le tragique et l'auteur nous immerge dans le climat de plus en plus délétère et oppressant qui s'installe dans la ville.


On peut regretter que Bioy Casares ne développe pas davantage les raisons de la haine de la jeune génération envers celle qui la précède, ce n'est pas vers ces réflexions que l’auteur veut nous amener. Le roman utilise cette guerre comme une parabole de la vieillesse et nous en fait magistralement ressentir tous les aspects : perte graduelle de nos proches, difficulté à se projeter dans l'avenir, peur de la mort, laisser aller et sentiment d'être rejeté.


Le livre est écrit en 1969 alors qu'Adolfo Bioy Casares est âgé de 55 ans, 30 années après la publication de l'invention de Morel son principal chef d'oeuvre et alors que l'Argentine est en proie à une forte agitation politique dans un contexte de violences entre la dictature d'alors et les mouvements de jeunesse péronistes. L'histoire est fictive mais les craintes face à la situation politique et au temps qui passe sont sans doute bien réelles.


Un roman tout à fait réussi et plus profond qu'il n'y parait, je vous le recommande.
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