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EAN : 9782264016935
124 pages
10-18 (30/10/1992)
3.79/5   541 notes
Résumé :
Un homme en fuite trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange, dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie aux fonctions incompréhensibles. L'île, pourtant, n'est pas si déserte qu'elle l'a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, s'engagent dans une fête languide dont le rituel paraît se reproduire à l'infini.

Préfacé par Jorge Luis BORGES, "L'invention de Morel" [19... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 541 notes
Grand ami et complice de Borges, avec qui il publiera des recueils de contes et de nouvelles sous le pseudonyme de H. Bustos Domecq, Adolfo Bioy Casares signe un roman emblématique, considéré à la fois comme un des chefs-d'oeuvre majeurs de la littérature fantastique sud-américaine du XXème siècle et, au même titre que «Fictions » et « L'Aleph » de Borges, parus eux-aussi dans les années 40, comme étant l'un des précurseurs du mouvement que les literary studies américaines , les premières, consacreraient une dizaine d'années après sous l'appellation de «réalisme magique».
Oeuvre que la critique et le public ont pris l'habitude de situer dans une sorte de confluence entre le thriller policier et la nouvelle fantastique, c'est surtout, à mon sens, en tant que conte métaphysique aux accents borgésiens, justement, que L'INVENTION DE MOREL excelle. Dans sa préface à la première édition, Borges la qualifiera d'ailleurs «d'oeuvre d'imagination raisonnée». S'il identifie dans certains des éléments choisis par Bioy Casares, thème et décor (invention technique, milieu insulaire) ou dans le titre (Morel/Moreau), des échos renvoyant à un courant littéraire fantastique et policier anglo-saxon qui par ailleurs n'avait jusqu'alors exercé quasiment aucune influence importante sur la littéraire de langue espagnole, Borges conclura toutefois en affirmant que son ami « acclimate sur nos terres et dans notre langue un genre nouveau». «Imagination raisonnée » = raison et imagination = réalisme et magie : réalisme magique!
Dans ses Mémoires, publiées en 1994, Adolfo Bioy Casares déclare que «s'il devait choisir un endroit pour attendre la fin du monde, ce serait une salle de cinéma». L'INVENTION DE MOREL est un récit qui paraît ouvertement dominé par la vision, par les surfaces de projection que la vue ouvre à l'imagination, un roman hanté par la scopophilie et par les phantasmes de possession de l'autre par le regard, animé par les jeux imaginaires du montrer-cacher et du voir-être vu. La narration se déploie d'ailleurs à la manière de miroirs à triple battants, reflétant sans issue et distordant une réalité essentiellement multiplex, sur le fond insaisissable et condamnée à n'être jamais qu'entraperçue, aussi bien par le lecteur que par son personnage-narrateur lui-même : Où sommes-nous exactement? Cette île, qu'est-elle au juste ? Existe-t-elle au moins ? Et cet homme fuyant soi-disant une condamnation à vie, suite «à une erreur de justice irréparable», ne serait-il tout simplement en train d'échafauder un délire paranoïaque ? Sinon, qui aurait pu faire construire, et dans quel but, ces curieux bâtiments qu'il décrit (Piscine, Chapelle, Musée), à l'architecture minimaliste et onirique tels des décors de tableaux d'un de Chirico, seuls vestiges humains dans cette île autrement déserte? Et surtout, qui se cache derrière cet étrange groupe de personnages surgis de nulle part menés par un certain Morel, qu'il voit un beau matin occuper les bâtiments et sillonner l'île, l'obligeant alors à se cacher dans les terres basses et à les guetter inlassablement au cours de leurs étranges allées et venues...
Au fur et à mesure que l'intrigue se développe, Bioy Casares se révélera non seulement un conteur très doué, affûté, sachant parfaitement accrocher et tenir son lecteur en haleine à l'aide d'une trame construite à la Poe, mais aussi un formidable prestidigitateur, à l'image de son grand copain argentin susnommé. En superposant les points de vue spatio-temporels, en plaçant son lecteur, comme son personnage, en position de spectateurs placés provisoirement à l'entrée de la caverne de Platon, il finira par entraîner tous les deux dans l'illusion qu'essence et existence, esprit et matière, finitude et immortalité pourraient un jour ne plus s'opposer radicalement, pourraient se rapprocher, se réconcilier, se fondre dans un seul et même espace-temps, perpétuellement réunis, si au moins nous avions les moyens de...
« Il n'est pas impossible que toute absence ne soit, en définitive que spatiale. D'une façon ou d'une autre, l'image, le contact, la voix de ceux qui ne vivent plus doivent demeurer quelque part. Rien ne se perd »
En refermant L'INVENTION DE MOREL, le lecteur pourrait légitimement se demander si un jour l'humanité réussira à aller encore plus loin que ce nouveau-démiurge de Morel, inventé par Bioy Casares. Car depuis la publication du roman, en 1940, les moyens se sont énormément accrus, de nos jours les réalisations techniques sont stupéfiantes, cumulatives et rapidement applicables (la croissance de l'IA, dit-on, doublerait apparemment tous les dix-huit mois !) : hologrammes, réalité virtuelle, transhumanisme...Le fantastique tend à devenir chaque jour moins fantastique..!
Plus mesuré pour autant ?
« Et un jour on inventera un appareil plus complet. Ce que nous pensons et sentons durant la vie (...) sera comme un alphabet grâce auquel l'image continuera à tout comprendre (comme nous pouvons, avec les lettres de l'alphabet, comprendre et composer tous les mots). Alors la vie deviendra un dépôt de la mort. Mais même à ce moment-là l'image ne vivra pas ; elle n'aura pas connaissance d'objets essentiellement nouveaux. Elle connaîtra seulement tout ce qu'elle a senti ou pensé, ou les combinaisons ultérieures de ce qu'elle a senti ou pensé »
L'INVENTION DE MOREL reste néanmoins, rassurez-vous, avant tout un bon moment de lecture, une histoire bien tournée et captivante, dans laquelle on se laisse embarquer avec curiosité et plaisir. Et beaucoup plus, si affinités..!
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Ce livre est une parabole sur un sentiment qui étreint la plupart des hommes, la peur de la mort. Bioy Casares donnait ici sa vision de l'immortalité, elle passait pour lui par l'éternel recommencement d'un moment heureux. On peut le comprendre, qui n'aimerait pas revivre pour toujours les plus beaux moments de sa vie ? L'histoire se déroule sur une île, elle est racontée par un naufragé repris de justice qui semble condamné à mort ou à l'enfermement à vie, ce qui pour lui revient au même. On ne saura jamais comment il se retrouve dans cet endroit, sans doute le naufrage d'un bateau, mais ses frayeurs sont grandes quand il se rend compte que l'ile est habitée. Pendant plusieurs semaines, il se cache, n'osant se montrer dans la peur d'être découvert et dénoncé aux autorités. Mais la faim et la curiosité le pousseront à sortir de son recoin . Sur la plage, chaque jour, il verra une femme d'une beauté peu commune et petit à petit il va tomber amoureux d'elle. Mais quand il osera enfin l'aborder, malgré les dangers qui le guettent, il découvrira un secret qui va remettre en cause beaucoup des certitudes de son existence... à lire pour sa brillante originalité et le message universel qu'il contient.
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J'ai lu une première fois le livre, j'ai abandonné au premier tiers, j'ai lu une seconde fois le livre, j'ai abandonné au second tiers, j'ai lu une troisième fois le livre...mais jamais je n'ai été embarquée dans la semaine éternelle de l'histoire. J'ai persévéré, j'ai gravi la colline péniblement, je voulais quand même découvrir cette fameuse invention. C'est fait. Mais je n'ai pas été éblouie par les rouages de cette étrange machine littéraire. La fascination de ce pauvre fugitif pour l'image de Faustine m'a semblé totalement grotesque et pathétique. Ces personnages en carton pâte qui se bercent d'illusions, qui désirent l'illusion du désir, l'illusion de l'immortalité me dépriment.
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On ne peut qu'être d'accord avec l'écrivain argentin Jorge Luis BORGES : "L'invention de Morel", ce court roman (ou cette longue nouvelle) que produisit en 1940 son ami et compatriote Adolfo BIOY CASARES [1914-1999] est un monument fictionnel quasi-parfait.

L'imaginaire pur.
La peur.
La survie.
L'indécision.
L'ombre portée de l'étrange & effroyable île du Docteur Moreau ["The Island of Doctor Moreau", 1896] d'Herbert-George WELLS (1866-1946).
La condition humaine : le narrateur, ce persécuté, ne rejoindra-t-il point - de son plain gré - au final, l'existence des Dieux de l'Olympe ?
Si riches tourments de l'imaginaire...

Satanée machine cernée de porcelaine bleue cachée dans les sous-sols du "Musée"...
Circé transformait les compagnons d'Ulysse en porcs.
Morel le scientifique vole "simplement" l'âme de ses amis vacanciers à leur insu... mais les prévient charitablement, à la fin de leur semaine de rêve et d' "enregistrement" collectif.

Morel est altruiste, à sa façon : il sait qu'il partagera leur destin.
Juste accepter de perdre peu à peu ses cheveux, ses ongles, sa peau, sa vue, son ouïe...

Se voir dessécher lentement, à l'instar des "tas d'ossements grisâtres" des infortunés semi-vivants de "Ubik" [1969] et "A maze of Death" (Au bout du labyrinthe) [1970] du Californien visionnaire Philip K. DICK [1928-1982].

Un "détail" pour le narrateur, amoureux fou des intonations de voix et de la gestuelle déliée de la belle Faustine, surprise sur les rochers du haut de l'île.
L'amour rend aveugle : le fugitif, peu à peu aveugle comme Homère, rejoindra le destin des Dieux et Déesses.

Seul au milieu du Pacifique : l'éternité pour soi ?

On préférerait clairement le destin de Chuck Noland de la "FedEx", incarné par Tom Hanks dans "Seul au monde" [Cast Away", 2000] de Robert ZEMECKIS : en compagnie protectrice d'un ballon, tenant bravement tête à tous nos cauchemars insulaires... Les années passeront.

Se souvenir que l'année 1940 fut, aussi, celle qui mit au monde "Il deserto dei Tartari" (Le désert des Tartares) du grand Dino BUZZATI (1906-1972).

"Une île...", chantait Jacques BREL (L'immortel).
"Une île au large de l'espoir"...
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Cet auto-récit d'un narrateur-héros (ou anti-héros) qui écrit ses aventures de justiciable craintif, psychologiquement fragile et comme naturellement prédisposé à l'amour courtois, exige d'abord passablement de patience et d'endurance de son lecteur, bien que le livre soit très court.
Les remarques de « l'éditeur » dans les notes, qui expriment des doutes par rapport au narrateur, ou des suppressions de passages, faute de place, de même que certaines réflexions surréalistes du narrateur allègent un tant soi peu la lourdeur morose des premières pages et m'ont aidé à me rendre au moment où l'ensemble s'éclaire pour le narrateur et commence à être intéressant pour le lecteur.
L'ensemble constitue indubitablement une réussite littéraire, mais aurait, à mon avis, gagné à ne pas être servi de manière aussi visqueuse et glauque.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Je possède une donnée qui peut servir aux lecteurs de ce rapport à préciser la date de la seconde apparition des intrus : les deux lunes et les deux soleils ont été vus le jour suivant. Il pourrait s'agir d'une apparition locale ; cependant, il me semble plus probable qu'il s'agisse d'un phénomène de mirage provoqué par le lune ou le soleil d'une part, la mer et l'air d'autre part, visible, certainement, de Rabaul [volcan mais aussi ville de La Nouvelle Bretagne, en Papouasie-Nouvelle Guinée] et de toute cette région. J'ai observé que ce second soleil - une image, peut-être, de l'autre - est beaucoup plus violent. Il me semble que, entre hier et avant-hier, il s'est produit une hausse infernale de la température. On dirait que le nouveau soleil a ajouté au printemps un été caniculaire. Les nuits sont très claires, il y a comme une lueur polaire errant dans l'air. Toutefois, je suppose qu'il n'y a pas un grand intérêt à parler ici des deux lunes et des deux soleils ; le phénomène a dû être connu partout, soit par l'observation directe, soit au travers d'informations plus doctes et complètes. Je ne le rapporte pas pour sa valeur poétique ou comme une curiosité, mais afin que mes lecteurs, qui reçoivent des journaux et tiennent des éphémérides, puissent dater ces pages.

C'est la première fois que nous vivons des nuits avec deux lunes. Mais on a déjà vu deux soleils. Cicéron en parle dans son De Natura Deorum :

Tum sole quod ut e patre audivi Tuditano et Aquilio consulibus evenerat.

Je ne crois pas avoir mal cité (1). Au collège Miranda, M. Lobre nous a fait apprendre par coeur les cinq premières pages du Livre Second et les trois dernières du Livre Troisième. C'est tout ce que je sais de La Nature des Dieux.

Les intrus ne sont pas venus me chercher. Je les vois apparaître sur les bords de la colline. Notre âme est si imparfaite (et peut-être aussi à cause des moustiques), que j'ai eu soudain la nostalgie du passé, quand je vivais sans l'espérance de Faustine mais aussi sans angoisse. J'ai eu la nostalgie de ce moment où je me suis vu installé de nouveau au musée, maître d'une solitude domestiquée.

(1) : Il se trompe. Il oublie le mot le plus important : Geminato (de geminatus, jumelé, doublé, répété, réitéré). La phrase exacte est : " ... Tum sole geminato, quod, ut e patre audivi, Tuditano et Aquiliano consulibus evenerat ; quo quidem anno Publius Africanus sol alter extinctus est ..." (Traduction :[b] "Les deux soleils qui, d'après ce que j'ai entendu dire à mon père, ont été vus sous le consulat de Tuditanus et Aquilius ; en la même année où s'éteignit cet autre soleil de Publius l'Africain." (183 av. J.C) (Note de l'Editeur) ... [...]
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Aujourd'hui dans cette île, s'est produit un miracle. L'été a été précoce. J'ai disposé mon lit près de la piscine et je me suis baigné jusque très tard. Impossible de dormir. Deux à trois minutes à l'air suffisaient à convertir en sueur l'eau qui devait me protéger de l'effroyable touffeur. A l'aube, un phonographe m'a réveillé. Je n'ai pas eu le temps de retourner chercher mes affaires au musée. J'ai fui par les ravins. Je suis dans les basses terres du sud, parmi les plantes aquatiques, avec la mer ou des ruisseaux boueux jusqu'à la ceinture, me rendant compte que j'ai précipité absurdement ma fuite. Je crois que les gens ne sont pas venus me chercher; il se peut, même, qu'ils ne m'aient pas vu. Mais je subis mon destin : démuni de tout, je me trouve confiné dans l'endroit le plus étroit, le moins habitable de l'île, dans des marécages que la mer recouvre une fois par semaine.
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[...] ... La femme au foulard m'est devenue maintenant indispensable. Toute cette hygiène de ne rien espérer est peut-être un peu ridicule. Ne rien espérer de la vie, pour ne pas la risquer ; se considérer comme mort, pour ne pas mourir. Cela m'est apparu soudain comme une léthargie effrayante et très inquiétante ; je veux y mettre un terme. Après ma fuite, pour avoir vécu sans tenir compte d'une lassitude qui me détruisait, j'ai atteint au calme ; les décisions que je vais prendre me renverront peut-être à tout ce passé, ou aux juges [le narrateur pense parfois que ces "hôtes" inconnus sont là pour le traquer et le dénoncer] ; je préfère cela à ce purgatoire définitif.

Il a commencé voilà huit jours. J'ai rapporté alors le miracle de l'apparition de ces gens ; le soir même, je tremblais auprès des rochers de l'ouest. Je me disais que tout était vulgaire : le type bohémien de la femme, et mon propre amour de solitaire recuit. Je revins les deux soirs suivants : la femme s'y trouvait ; je commençai à penser que c'était bien là l'unique miracle ; puis vinrent les jours funestes où je la manquai par la faute des pêcheurs[autres invités], du barbu [Morel], de l'inondation, des dégâts de l'inondation qu'il me fallut réparer. Aujourd'hui, dans l'après-midi ... [...]
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Nos habitudes impliquent un certain ordre dans la succession des choses, une vague cohérence de l'Univers. Or, voici que la réalité se propose à moi changée, irréelle. Quand un homme se réveille ou meurt, il met un certain temps à se défaire des terreurs du rêve, des préoccupations et des manies de la vie. Il faut que je perde maintenant l'habitude d'avoir peur de ces gens.
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La suprême occasion de tenter ma chance avec Faustine m’échappait. J’aurais pu me mettre à genoux, lui avouer ma passion, mon existence. Je ne le fis pas. Cela ne me sembla pas habile. Il est certain que les femmes accueillent tout naturellement n’importe quel hommage. Mais il valait mieux laisser la situation s’éclaircir d’elle-même. Un inconnu qui se met à vous raconter sa vie, à vous dire spontanément qu’il a été emprisonné, condamné à perpétuité, et que vous êtes sa raison d’être, vous paraît plutôt suspect. On craint que tout cela ne soit qu’un chantage pour vous vendre un portemine avec une inscription « Bolivar 1783-1830 », ou une bouteille contenant un voilier.
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