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EAN : 9782702438305
420 pages
Le Masque (27/03/2013)
3.43/5   61 notes
Résumé :
Hanovre, avril 1926. C est la première course pour le Championnat motocycliste d Allemagne. Deux des pilotes, Falk von Dronte et Arno Lamprecht, veulent profiter de l enthousiasme des masses pour le nouvel âge de la technique. Ils sont rivaux depuis quelques années. Chacun a ses raisons d effacer son passé munichois. Alors que Lamprecht essaie d oublier le cadavre sans tête de sa femme en s adonnant à la vitesse, à l alcool et au jeu, il se retrouve dans le collimat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lire Des hommes de tête c'est traverser la république de Weimar à fond la caisse sur une motocyclette belge de marque Sarolea et franchir à regret la ligne d'arrivée. Déjà transportée par Deux dans Berlin, me voici définitivement conquise par le second roman traduit en français des historiens Birkefeld et Hachmeister, qui nous plonge au coeur du championnat motocycliste d'Allemagne de l'année 1926.
Cette année-là, deux concurrents se livrent à une course effrénée vers la victoire sur des motos dernier modèle, l'aristocrate Von Dronte et l'ouvrier Lamprecht.
Falk Von Dronte, hobereau de Brandebourg, grand blond élancé, est un ancien membre des Corps Francs tombé tout petit dans la chaudron de la vitesse. Grâce à sa maîtresse, la riche et fantasque Théa von Bock, il a intégré l'écurie Victoria et peut désormais gagner sa vie comme pilote professionnel. Honteux de ne pas avoir fait la guerre, il s'est laissé séduire par les idées du colonel Von Gross, ancien combattant membre des Freikorps, qui exècre le "Traité de la honte" et les agitateurs judéo-bolcheviques. Devenu son agent de liaison, il a exécuté et enterré à sa demande en 1923 un traître à la cause, le dénommé Aloïs Huber.
Son principal rival sur les circuits est Arno Lamprecht, un ouvrier de Munich au regard de loup, vétéran de la première guerre mondiale, devenu fou des motos depuis qu'il a été incorporé comme coureur de brigades dans une compagnie de transmissions. Incapable de se réadapter à la vie civile après quatre années de conflit, buveur, joueur, bagarreur, Lamprecht vit sans garde-fou. Sa femme a été retrouvée décapitée à leur domicile il y a trois ans, et il ne peut vivre avec cet homicide non résolu.
Nous aimions Gabriel Féraud et Armand d'Hubert, il nous faudra désormais compter sur ces deux nouveaux duellistes des temps modernes, Von Dronte et Lamprecht. Tout les oppose, leur physique, leur origine sociale, leurs opinions politiques. Ils se détestent cordialement. L'un est "le grand con", "le bellâtre", l'autre est "le voyou de Munich". Et pourtant, ils ne vivent que pour la motocyclette et l'univers des circuits qui n'en est encore qu'à ses balbutiements, pour la vitesse et l'exaltation qu'elle procure. L'évocation du championnat d'Allemagne est vivante et bien rendue. : "L'avenir est dans la motorisation. Elle va tout changer. Tout va aller plus vite. A côté du réseau ferré, il y aura un réseau routier. Il couvrira tout le Reich, avec des routes asphaltées." Les marques ont elles déjà saisi l'enjeu des compétitions, et le bénéfice qu'elles peuvent tirer de leur médiatisation. Séduite, la foule se presse pour admirer ces nouveaux héros du bitume qui défient la mort.
Un événement inattendu va bouleverser la donne et chambouler l'existence des deux duellistes, qui ne songeaient qu'au titre. La cadavre d'Aloïs Huber a été exhumé à la suite d'une dénonciation anonyme, mais la tête a disparu. Von Dronte est chargé par le colonel Von Gross de la retrouver au plus vite afin d'empêcher l'identification du cadavre. Sans compter que depuis quelques temps, d'autres corps décapités ont été découverts et que la police est sur les dents. Lamprecht autrefois soupçonné de l'assassinat de son épouse est désormais harcelé par Walter Langestras, un policier fasciste de la Criminelle de Berlin (on l'avait déjà aperçu dans Deux dans Berlin, où il était sous-officier SS). Les routes de Von Dronte et de Lamprecht, tous deux en quête de vérité, vont se croiser en dehors des courses, et leur rivalité va prendre une nouvelle tournure.

Le grand intérêt de ce roman, en dehors de l'intrigue, menée à cent à l'heure, est la description de la société allemande de l'après-guerre, de l'industrialisation et de la montée du national socialisme. Les principales figures politiques du pays sont à peine mentionnées dans l'ouvrage. Les auteurs ont choisi de focaliser le récit sur des citoyens lambda, et sur la perception qu'ils ont de la société allemande depuis la fin du conflit. Les deux rivaux la symbolisent, chacun à leur façon. La vieille noblesse de Poméranie (Falk) est séduite par le nationalisme tant elle est désireuse de retrouver la grandeur perdue du Reich et d'effacer l'humiliation causée par le Traité de Versailles, dans une grand élan revanchard. "Il faut qu'on devienne les meilleurs partout. Des champions. Des hommes de tête. Faut qu'on maîtrise tout! Pas se laisser prendre de vitesse!" , tel est le leimotiv de ces "nouveaux patriotes".
Arno quant à lui a dû se battre pour survivre à l'hyperinflation et au chômage. Il n'a pas non plus supporté l'attitude de ses compatriotes à son retour du front: "La guerre ne m'a pas broyé, c'est plutôt l'après-guerre. Mes camarades ne comprenaient pas que je ne lève même pas le sourcil quand un obus éclatait près de nous, et moi je n'ai pas compris qu'après tout ça, ils puissent rester assis tranquillement dans leur salon, pantoufles aux pieds, comme si rien ne s'était jamais passé. Et ensuite, toute cette merde économique et financière, le manque d'orientation..."
Et puis il y a Berlin qui incarne l'Allemagne des grandes villes, un Berlin pétillant, tourbillonnant, ivre de fêtes, de liberté sexuelle, le Berlin interlope des soirées et des cabarets, symbolisé par Théa, la maîtresse de Falk. Elle se fiche des préjugés, écoute de la" musique nègre", court les galeries, s'entiche de toutes les nouveautés, se coiffe à la garçonne et vit des années folles: "Le dernier cri!", "Il me le faut" s'exclame-t-elle à l'envi. Des hommes de tête est une remarquable évocation de cette république des arts, incroyablement vivante et passionnante, une république déjà sapée par l'apparition du nazisme, qui s'insinue peu à peu dans toutes les couches de la société. Jamais pontifiants, évitant l'effet "cours magistral", les deux auteurs ont su distiller mille et un détails sur cette année 1926. Le lecteur devient spectateur, goûte chaque événement, a l'agréable sensation d'être présent sur le bas-côté de la route, au milieu des aficionados, de sentir l'odeur d'essence, et de voir passer "l'obus bavarois", "Lamprecht-à-fond-les-manettes". Si vous aimez les romans de Volker Kutscher et de Jonathan Rabb, vous adorerez Des hommes de tête. Ce que polar et histoire offrent de meilleur, c'est chez Birkefeld et Hachmeister que ça se passe.
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Lire Des Hommes de Tête c'est s'offrir un voyage en Allemagne sous la république de Weimar pour suivre le championnat d'Allemagne de moto de l'année 1926 . Deux pilotes de moto , Falk von Dronte et Arno Lamprecht , que leur origine et leur passé opposent ,se disputent le titre promis . Ils sont en plus mêlés à titre privé à des assassinats ...Là commence cette histoire passionnante d'un bout à l'autre .
En fait la partie histoire policière ne compte pas au plus haut point dans ce livre , ce qui est important c'est la description de l'Allemagne de ces années là avec son ciel qui s'assombrit , prenant des couleurs brunes très brunes.
C'est en fait un polar d'historiens trés bien documenté , les courses de moto sont trés bien décrites et là aussi bien renseignées , toutes les marques citées ont bien existées .
Voilà vraiment un voyage à faire , comme l'écrit Pecosa à fond sur une motocyclette belge Sareola , en retenant son souffle .
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Je ne sais pas ce que j'ai trouvé le plus brillant dans ce roman. Les personnages, les courses de moto, l'époque (évidemment les auteurs sont historiens), les dialogues, la tenue admirable du récit, les lieux décrits, le fil policier, le début du livre, la fin ?

Un très grand livre, jamais ennuyeux, jamais facile, jamais prévisible.

Très content de l'avoir découvert, je vais suivre ces deux auteurs
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Des nouvelles du front à Vailly sur Aisne le 7 juin 1918 … des scènes de rue de novembre 1923 à Munich … la chronologie s'installe … départ le 15 mars 1926.
Il faut prendre acte des dates. Car tout part de ces anecdotes.
Pour ponctuer le récit, nous suivrons les motocyclettes sur les circuits des courses du championnat d'Allemagne 1926, ainsi que les faits divers et les événements politiques de cette année là où s'annonçait la mise en place des idées du nazisme.
Je ne suis pas passionnée par les comptes rendus des exploits des conducteurs des engins à deux ou quatre roues, j'ai toutefois pris plaisir à suivre l'aventure humaine de
deux individus pas meilleurs ni pires que les autres.
Par contre le développement de la phrénologie (1) et l'existence des centres de liquidation des « vies inutiles » (2) m'a fortement interpelé de même que les passages concernant la vision de la guerre qui sont eux une ode à la paix.
L'intérêt du scénario est qu'il nous montre un pays que nous voyons de jour en jour aux prises avec les théories dangereuses qui petit à petit gagnent du terrain, certains sont mème fiers de les promouvoir et les opposants rient encore ne pouvant croire que l'ascension de ces idées va bientôt mettre en péril leur liberté de pensée et leur vie.

(1)
La phrénologie (du grec, cerveau et connaissance ), est une théorie pseudo-scientifique selon laquelle les bosses du crâne d'un être humain reflètent son caractère.

(2)
Hadamar, Grafeneck, Brandebourg, Hartheim, Sonnenstein, Bernburg : 1ucunde ces noms n'est ancré dans la mémoire collective de l'humanité au même titre que celui d'Auschwitz ou de Treblinka. Pourtant, ce sont les noms des premiers centres d'extermination jamais inventés par les nazis. Y furent anéantis des malades et des handicapés, des aliénés et des dépressifs, des marginaux et des détenus de camps de concentration. Les premières chambre à gaz y furent mises en oeuvre par le régime nazi. Elles ont servi, entre l'automne 1939 et l'été 1941, à tuer près de 70 000 personnes, essentiellement des allemands, dont, suivant les critères du régime, la « vie était inutile ».
« Au centre régional de soins et d'hébergement de Hadamar, près de Limburgan-der-Lahn, au moins quinze mille personnes physiquement ou mentalement handicapées et requérant des soins ont été tuées entre 1941 et 1945 – par le gaz, les médicaments, les maladies et la faim. Sur le cimetière qui se trouve au-dessus de l'actuelle clinique psychiatrique, on trouve un obélisque portant cette simple invitation : “Homme, veille sur l'homme !” Ces quelques mots sortis de leur contexte sont incompréhensibles, même sous forme de voeu pieux. L'histoire de cet établissement apparaît aussi sous forme cryptée dans le hall d'entrée. On y trouve cette formule énigmatique : “1941-1945 – En mémoire” .
Beaucoup d'indices donnent à penser que les massacres commis dans les centres de liquidation des « vies inutiles », outre l'importance qu'ils avaient dans la mentalité eugéniste radicale des nazis, avaient valeur d'expérimentation pour des massacres ultérieurs, en particulier pour l'élimination des Juifs d'Europe.
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Après nous avoir emmenés dans le Berlin des derniers jours avant la chute (ici), Birkefeld et Hachmeister nous entrainent dans l'Allemagne de la république de Weimar.
Nous sommes dans les années 20, l'Allemagne se cherche. Des groupuscules politiques se jaugent, des idéologies divergentes s'affrontent ; la violence est présente partout. La population essaie de survivre, marquée par les longues années de guerre dont elle sort à peine. Nous entrons dans le monde très fermé des courses motocyclettes ; un cercle de pionniers, passionnés par la vitesse et la technologie moderne. Ils courent sur une Horex, une Wanderer, une NSU, une Victoria, une Saroléa… Motos mythiques s'il en est.

Parmi ces fous du volant, nous en suivons deux que tout oppose et qui se battent avec une haine farouche pour remporter le premier Championnat motocycliste d'Allemagne. L'un, issu d'un milieu modeste, est rentré de la guerre salement amoché nerveusement. Il tire le diable par la queue, est colérique et bagarreur, alcoolique et joueur. L'autre est un hobereau du Brandebourg, ancien membre du corps franc mais n'ayant pas participé aux combats. Il vit dans le luxe et la facilité à mille lieues des préoccupations du peuple allemand. S'affrontant sur les circuits mais aussi dans la vie, ils vont, au gré de faits divers sordides, se confronter aux ombres de leur passé. Comme dans le roman précédent, les auteurs nous offrent deux beaux portraits antithétiques dynamisant l'intrigue remplie de coups de théâtre, où se mêlent étroitement roman policier et roman historique.

L'intrigue policière est ici plus complexe que dans « Deux dans Berlin », le rythme est plus soutenu mais le travail de recherche historique est tout aussi fouillé.
J'ai apprécié la description du cadre historique qui évolue au fil des années, celle du développement de la moto et des enjeux technologiques et nationalistes qu'elle véhicule car ce nouveau sport apparait rapidement comme symboliquement porteur pour les chemises brunes qui s'imposent peu à peu dans le paysage. J'ai aussi aimé que la Saroléa soit mise en lumière, moto belge, liégeoise même, dont deux modèles créés en 1905 étaient alors révolutionnaires car équipés d'un moteur bicylindres en V. le premier modèle de compétition sortira, lui, en 1921, avec une transmission secondaire par chaine et non par courroie. La production s'arrêtera en 1962 mais la marque reste une fierté pour le pays.

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce roman aux rebondissements nombreux, une vraie réussite sur tous les plans.

Lien : http://argali.eklablog.fr/de..
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critiques presse (1)
Lhumanite
17 juin 2013
On sort [...] admiratifs autant de la construction impeccable des récits que du sens du suspens et de la progression dramatique, et de l’analyse de la situation politique et sociale de l’Allemagne d’alors exposée avec une rigueur qui ne peut appartenir qu’à de véritables historiens.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Bien que j'aie eu beaucoup de mal à me faire aux premières années de paix, je peux te dire que la guerre est ce qu'il y a de pire. La guerre, c'est la mère de toutes choses, comme on dit : Des uns, elle fait périr des enfants pleurnichards, qui crient après maman et se chient dessus, et des autres, pourtant de falotes têtes de linottes dans le civil, des bouchers sans scrupules, capables d'avoir encore des pensées claires quand les obus leur sifflent aux oreilles, en état de monter à l'assaut et de tuer. Mais ce n'est là qu'une face de la médaille. D'autres sont fracassés, tout simplement, par ce qu'ils ont vu et entendu, je veux dire par tout ce qu'ils ont vécu au front - si toutefois ils ont survécu. Personne ne s'en sort vraiment. D'une certaine façon, on est tous rentrés estropiés dans la tête, invalides, même avec tous nos membres. Moralement affectés, tu comprends ?
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Il palpa la saucisse.
"La saucisse est froide et la bière est chaude comme de la pisse, vous avez dû inverser ma commande."
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A quelques pas de la porte, Arno demanda : "Dis-moi, Fiffi, c'est vrai que t'es juif ? "
- oui, mais je l'avais oublié depuis ma bar-mitsva..."
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Ai repris les mesures du I. Fait des comparaisons. Relu mes anciennes notes. Mes doutes envers la psycho-physiognomonie augmentent. Certes le criminel notoire, le fou, l'idiot, je les reconnais sur-le-champ à leur faciès, et je peux immédiatement estimer ce que content au peuple sain les vies de ces existences parasites. Des dégénérés se promèment en liberté tandis que les meilleurs éléments de notre peuple se sont sacrifiés pour la patrie sur les champs de bataille et que leurs incurables mais fiers survivants sont condamnés à mourir de faim. À chaque fois que jy pense, je suis submergé par la colère.
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Ne plus jamais se soûler, ne plus jamais jouer, et ne plus jamais prendre de cette poudre. Il est vrai qu'au commencement, c'était amusant, mais ensuite ce truc vous excitait tellement, à la limite du supportable. On finisait par être exalté, puis complètement fou, et pour finir craintif, lâche et faible. Et le lendemain, le terrible lendemain ! Votre tête ressemblait à un punching-ball.
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Richard Birkefeld et Göran Hachmeister - "Deux dans Berlin" et "Des hommes de tête" .Richard Birkefeld et Göran Hachmeister vous présentent "Deux dans Berlin" et "Des hommes de tête" aux éditions le Livre de poche. Traduit de l'allemand par Georges Sturm. http://www.mollat.com/livres/birkefeld-richard-deux-dans-berlin-9782253164807.html http://www.mollat.com/livres/birkefeld-richard-des-hommes-tete-9782253178989.html Notes de Musique : Jahzzar/Servants/06 Liar. Free Music Archive.
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