Je viens de refermer ce livre en sachant qu'il ne restera pas clos bien longtemps, tant son contenu est riche et intéressant.
L'objet « livre » en lui même est d'une très belle qualité : les éditions FATON nous livrent là un travail plus que soigné à la hauteur de l'étude qu'il renferme (papier glacé, colorimétrie optimale pour des photographies prises pour la plupart par les photographes attitrés des différents musées nationaux dont elles sont issues, une mise en page aérée qui ne donne pas cette impression d'être noyé dans un contenu lourd et figé...).
Il est donc question ici, de l'histoire des émaux sur métal du IXième au XIXième siècle, de la technique et des matériaux utilisés sur cette période pour leur réalisation. Son degrés de technicité est haut, mais il est tout à fait abordable par le lecteur curieux qui voudrait s'y initier autant que par le chercheur, pour qui ce livre est sans conteste une base de travail ou d'approfondissement de ses recherches. J'ai laissé de côté les différents tableaux de résultats d'analyse, en tant que lectrice non spécialiste, sachant leur utilité pour le lecteur aguerri, dont je ne suis pas.
Les illustrations sont nombreuses et font parties intégrantes du propos : on avance dans ce livre d'art, pas à pas. Chaque paragraphe, chaque nouvelle information sont assortis de la photo de l'objet correspondant dans son unité et la plupart du temps, par des vues bien spécifiques qui collent totalement au développement du sujet abordé par l'auteure. Pour exemple, lorsqu'Isabelle Biron, nous explique de quelle manière, au IXième siècle on opacifiait le verre pour atténuer sa transparence, nous avons devant les yeux l'émail dans son ensemble, puis une vue sur un grossissement nous permettant pleinement d'aborder la technique développée. L'auteure n'hésite pas également à nous livrer des croquis nous permettant d'apprécier les différences de fabrication entre plusieurs catégories d'émaux : cloisonnés, champlevés, de basse taille, sur ronde bosse d'or, etc.
La spécificité de ses recherches est de pouvoir bénéficier d'outils révolutionnaires au sein du laboratoire C2RMF (le Centre de recherche et de restauration des musées de France), dont l'accélérateur AGLAE qui permet d'analyser les objets sans effectuer de micro-prélèvements. Ce procédé, non destructeur, donne une multitude d'informations qui ne demandent qu'à être analysées, recoupées... Quelques unes des études ont d'ailleurs permis de lever le doute sur des émaux en attestant de leur authenticité.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais ce que j'ai personnellement apprécié c'est ce parallèle entre le degrés de technicité optimale qui nous permet de lever le voile sur beaucoup d'interrogations et les extraits de textes anciens, nous livrant quelques pistes sur les procédés de fabrication, les outils utilisés, etc.
Ces techniques étaient considérées comme un savoir précieux qui est resté pour beaucoup dans le secret d'une transmission aux seuls initiés et bien longtemps l'apanage des seuls orfèvres-émailleurs (avant d'être la spécialité des émailleurs, mais bien longtemps après). Il y a ce petit côté, « percée du mystère » qui guide et donne au propos de ce livre, un intérêt supplémentaire. Enfin, c'est ainsi que je l'ai ressenti en tournant les pages de ce volumineux et savant ouvrage.
Mes remerciements à Babelio pour l'organisation des opérations Masse critique qui nous permettent de découvrir livres, auteurs et maisons d'édition qui nous seraient restés souvent inconnus, sans cela, et aux éditions FATON, pour l'envoi de ce livre, qui mérite sans conteste ces 5 étoiles données.
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