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Easy Riders, Raging Bulls: How the Sex-Drugs-and-Rock 'N' Roll Generation Saved Hollywood
Traduction : Alexandra Peyre

A la fin des années soixante, alors que les beatniks cédaient peu à peu le pas aux hippies, le système qui avait fait le succès des grands studios hollywoodiens achevait de se casser la figure. Il ne fallait guère s'en étonner car, tout au haut de la pyramide, se trouvaient des producteurs dont certains avaient connu l'Age d'Or du Muet. Or, après la Grande Crise des années trente, après la Seconde guerre mondiale et l'instauration de cette guerre jamais vue encore qu'on nomma la Guerre froide, avec surtout le renouvellement des générations, le monde avait connu trop de changements pour que le cinéma hollywoodien n'eût pas besoin d'un sérieux coup de plumeau.

En France notamment, le mouvement issu des "Cahiers du Cinéma" et connu sous le nom de "Nouvelle Vague" redessinait tous les paysages du film : scénario, décors, lumière, jeu des acteurs, tout y passait. Plus rien ne devait être comme avant. On devait pouvoir tout concevoir, tout montrer. Réalisme et révolution devenaient les motsd'ordre universels.

Aux USA, ce fut l'acteur Warren Beatty qui, le premier, monta au créneau en se décidant à acquérir les droits d'un scénario qu'il confia, pour la réalisation, à Arthur Penn. Ce scénario s'appelait : "Bonnie & Clyde."

Inspiré par la courte existence d'un couple de jeunes braqueurs des années de crise, Clyde Barrow et Bonnie Parker, le film de Penn, qui sortit en 1967, fit s'arracher les cheveux aux producteurs confirmés, qui n'y comprirent rien, mais plut instantanément au public, attiré par la violence magnifiée qui émanait de l'histoire et rejaillissait sur l'écran en larges taches sombres.

Une époque venait de s'ouvrir dans la vaste épopée du cinéma américain mais, curieusement, on la date beaucoup plus souvent de la sortie, deux ans plus tard, d'un film qui allait devenir "culte" : "Easy Rider", officiellement signé par Dennis Hopper et Peter Fonda. "Easy Rider", avec ses deux motards complètement déjantés, qui fument du hasch dans les cimetières et sillonnent les routes de l'Amérique profonde sur lesquelles, un jour, ils se font arrêter. Un tout jeune - et très beau - Jack Nicholson, impeccablement vêtu de blanc, parvient à les en faire sortir et les suit dans leur périple démentiel mais sans violence car les deux héros, hippies authentiques, sont des adeptes du power flower. Pourtant, la violence les rattrapera en la personne d'Américains "profonds" qui s'amusent à leur tirer dessus ...

Sans aucune complaisance envers les grands noms qu'il cite mais sans jamais renoncer au respect que lui inspire manifestement leur talent, Peter Biskind retrace magistralement le destin exceptionnel d'une décennie qui vit, à Hollywood, les réalisateurs l'emporter pour une fois sur les Manitous de la production. En lisant son livre, vous apprendrez que Dennis Hopper, comédien-né, n'était guère doué pour la réalisation et que, sous l'influence de l'alcool (il avait commencé à boire à l'âge de 12 ans) et de drogues diverses, il faisait mener une vie infernale à sa femme et ses enfants. Vous saurez tout de l'anti-conformisme pathologique de Robert Altman, qui alla d'un succès immense, "M.A.S.H", à une suite d'échecs retentissants mais qui, jamais, ne compromit son talent. Vous verrez Peter Bogdanovitch se prendre pour Orson Welles. Vous vivrez le dilemme qui fut celui de Francis Ford Coppola, partagé entre son tempérament de réalisateur génial et son désir fou de devenir, lui aussi, un "nabab." Enfin, vous comprendrez pourquoi, même de nos jours, un film de Martin Scorsese reste un très grand moment de pureté cinématographique.

Accessoirement, vous assisterez à l'ascension irrésistible de Steven Spielberg et de George Lucas, les deux hommes dont la réussite, en les emprisonnant, devait faire également les fossoyeurs du Nouvel Hollywood.

Bref, si vous aimez le cinéma, vous ne vous ennuierez pas une seule minute et en plus, vous apprendrez plein de choses - ou vous vous en remémorerez d'autres comme les merveilles concoctées par cet empereur inégalé du montage que fut Hal Asby, à savoir : "Harold et Maud" et tous les films qu'il tourna avant de décéder, dépouillé par les vautours de la production, d'un cancer généralisé.

Bonne lecture à tous ! ;o)
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Le nouvel hollywood... Lorsqu'on aime le cinéma américain des années 70, on rentre là dans l'envers du décors. Dans la fabrique des émotions, des images. Les petites anecdotes. lorsqu'on aime Taxi driver, Il était une fois en Amérique, lorsqu'on est curieux de la fabrique des histoires, ce livre là est pour vous... Une passionnante plongée dans le monde sans foi ni loi, mais avec pleins d'amis, pleins de rencontres, d'un Hollywood créateur...
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immense livre, si vous souhaitez tous savoir sur le cinéma américain des années 70 et ses réalisateurs, ce livre est pour vous, Biskind raconte toutes les petites histoires qui ont tournées autour des films cultes de cette décennies, que ce soit Apocalypse Now, Les dents de la mer ou John Mac Cabe, tous est raconté sur cette génération de réalisateurs qui a modifié en profondeur la machine à rêve, avec parfois un tableau beaucoup moins idyllique qu'il n'y parrait à tel point que lors de l'adaptation en documentaire de ce livre la majorité des réalisateurs dépeint dans le livre ont refusé catégoriquement d'y apporté leur témoignage.
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Une décennie tumultueuse, les années 70, décryptées à travers la vie et le travail des plus grands cinéastes de l'époque: Scorcese, Coppola, al Hashby, Cimino, Polanski, bien d'autres encore... le livre nous raconte comment ces films sont nés, comment ces gens nourris de films d'art et essai ont essayé d'inventer un nouveau cinéma, de parler de la vie la vraie... Vous n'apprendrez peut-être pas des tonnes de choses sur la fabrication d'un film mais en revanche vous découvrirez des milliards d'anecdotes savoureuses (pas toujours reluisantes!) sur ces hommes qui ont fabriqué un des plus beaux cinémas du monde. C'est très plaisant à lire et franchement, ça vaut le détour.
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Un sujet en or, hélas, parasité par des détails insignifiants à mon sens. Si l'auteur s'était focalisé sur l'essentiel, il nous aurait donné une belle fresque du Hollywood des années 70.

Le fil rouge : le rapport de forces entre réalisateurs et studios.

Un épisode que j'ai apprécié (page 373) porte sur les hésitations de Spielberg à ses débuts : "J'ignorais qui j'étais. Je voulais réaliser un film qui laisse une trace, pas au box-office, mais dans la conscience des gens. Je voulais être Antonioni, Bob Rafelson, Hal Ashby, Marty Scorsese. Je voulais être tout le monde, sauf moi."

Le titre de l'ouvrage en original : "Easy Riders, Raging Bulls: How the Sex-Drugs-and-Rock 'N' Roll Generation Saved Hollywood "
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Il n'y a que les journalistes américains pour faire des essais aussi brillants, riches, fluides et maitrisés, parfaitement objectifs et pourtant marqués de l'empreinte de leur auteur. Nos petits parisiens étriqués et imbus de supèriorité imaginaire ont bien des leçons à prendre.
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Très acerbe et recherche le scandale, style Voici. Cela reste une visite intéressante dans las coulisses qui ne peut qu'intéresser si on dépasse l'anecdote, la recherche de la petite bête. C'est un pavé, donc avant de vous lancer... soyez sur de votre choix :)
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Biskind offre un panorama des plus larges possibles pour ne rien manquer de cette fabuleuse décennie des années 70 à Hollywood, des blockbusters aux petits films , donnant la parole aux cinéates en proposant une analyse sur de nombreux points tels que le fonctionnement des studios, les raisons de l'échec de la révolution culturelle lancée par Easy Rider et Bonnie and Clyde tout est passé au crible pour expliquer un phénomène complxe ; prise d'ego, querelles, jalousies, etc. Il en résulte un livre passionnant bourré d'anecdotes.
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500 pages c'est pas mal, mais cela oblige à la sélection forcément subjective. Bien fouillé et fort documenté, ce livre est une référence dans la mesure où il brasse large et se veut relativement complet. Peter Biskind sait de quoi il parle et le fait en toute connaissance de cause. Il nous raconte l'histoire du cinoche avec une passion communicative qui nous donne envie d'aller visionner les films qu'il traite ou évoque. Grâce à lui, j'ai appris les raisons de l'échec de la révolution culturelle lancée par "Easy Rider" et "Bonnie and Clyde". Bien sûr, cela ne changera pas ma vie mais reste de la culture générale bonne à étaler quand je serai avec des amis ou en famille.
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Vous connaissez la vague cinématographique du nouvel Hollywood ? Non ?! Pourtant, vous connaissez forcément certains visages et de nombreux films et même, vous les connaissez très bien. Heureusement, d'ailleurs, que la vague du nouvel Hollywood est passée comme un raz-de-marée dans la production cinématographique des années 60-70, sinon nous en serions encore à La Mélodie du bonheur et autres niaiseries… Si je vous dit aussi que c'est grâce (ou à cause, tout dépend du point de vue, et au vue de certains résultats…) à cette vague que nous avons eu Star Wars et après lui les grosses machines qui n'hésitent pas à toujours aller plus loin dans l'image et les effets spéciaux. Malheureusement, c'est aussi ce travers qui a fini par tuer l'essence de cette vague créatrice.

Car, à la base, il ne s'agissait pas tant de faire de l'argent (et donc de rentabiliser au maximum pour en finir en fait par faire des navets de blockbusters à la pelle qui prennent le spectateur pour un con) que d'être fidèle et intègre à sa créativité qui est alors le mot d'ordre qui rassemble ces jeunes cinéastes. Ils en ont marre des mièvreries, ils en ont marre qu'on fasse croire au spectateur que tout est beau dans le meilleur des mondes alors qu'ils se voient appelés à la guerre du Vietnam à laquelle ils ne comprennent rien, ils en ont marre aussi qu'on dresse un portrait désuet et clairement dépassé de la jeunesse dans lequel ils ne se reconnaissent pas pour un kopek.

C'en est fini de la suprématie des studios et des producteurs qui ont brillés dans les années 50, maintenant la jeune génération a quelque chose à dire, par elle-même, avec ses propres moyens, elle n'a pas besoin d'avoir des mille et des cent pour réaliser un film, et puis pas besoin non plus de décor en studio et de tout ce tralala, ils veulent sortir à la rencontre de la rue, la vraie. Pratiquement tous ont vu (et ont appris par coeur) les films de la nouvelle vague française (Godard, Truffaut, etc.) et ils comptent bien prendre exemple sur ce modèle de libération créative soufflant d'Europe.

Le film qui marque le début du nouvel Hollywood est Bonnie & Clyde d'Arthur Penn (1969) qui montre pour la première fois à l'écran des personnages malveillants, affichant une sexualité trouble, des hors-la-loi, et surtout surtout cette scène finale qui a défrayé la chronique et qui montre en plans rapprochés les impacts de balles au cours d'une séquence de massacre qui dure une bonne dizaine de minutes. le message est clair : c'est avec violence et virulence qu'il faut briser les codes de l'ancien Hollywood, et avec lui de l'ancienne société. À l'image du vent de libération qui parcourt le pays à la même période, le cinéma se libère.

Violence donc, mais aussi sexualité affirmée et/ou trouble (en tout cas s'affichant sans complexe), drogues, désillusions de la jeunesse, rock'n roll aussi bien souvent (puisqu'un courant de contre-culture ne peut absolument pas se passer de sa bande son forcément rock), un certain grain de folie aussi car tous les acteurs de cette vague sont de fortes têtes : Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Brian de Palma, Jack Nicholson (le visage du nouvel Hollywood), Dennis Hopper, David Lynch, George Lucas,… tous ces noms vous disent bien quelque chose… ? Et tous pratiquement se côtoient, au moins se connaissent et souvent s'entraident (bon à part Dennis Hopper devenu complètement parano à cause d'un surdosage de dope) : Coppola prend Lucas sous son aile et défend American graffiti auprès des producteurs, proposant même de le racheter lui-même pour pouvoir le sortir, Jack Nicholson est pote avec tout le monde, entre de Palma et Scorsese c'est une relation parfois un peu grinçante, mais tous en tous cas sont réunis autour de cette idée : le cinéma est un art, le résultat d'une création et non une simple production commandée par les studios pour faire du chiffre.

De cette vague, sortent de nombreux chef d'oeuvres de notre cinéma moderne : le Lauréat (Nichols, 1967), Rosemary's baby (Polanski, 1968), Easy rider (Hopper, 1969), MASH (Altman, 1970), le Parrain (Coppola, 1972), Soeurs de sang (De Palma, 1973), Apocalypse now (Coppola, 1979), Shining (Kubrick, 1979), à peu près tous les de Palma, tous les Coppola, tous les Scorsese de l'époque,… et beaucoup d'autres encore. c'est personnellement mon cinéma préféré (même s'il est malheureusement uniquement composé de mecs) dont ce livre retrace très bien le décor, le contexte, les écarts, les réussites et l'héritage.
Lien : https://justine-coffin.me/20..
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