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Critique de SMadJ


SMadJ
23 septembre 2015
Si ça te saoules Séoul, va plutôt vers le Nord. Qu'aurais-tu fait en Corée du Sud ? Tu verras, c'est Corée...ment plus accueillant du côté de Pyongyang...

C'est avec plaisir que l'on retrouve Seth Ballahan et Paik Doo-Song, nos deux personnages au caractère bien trempé de "L'Evangile des Ténèbres".
Cette fois-ci, ce sont les deux versants de la Corée que va nous faire visiter Jean-Luc Bizien. le Sud puis le Nord puis le Sud puis le Nord... À en perdre la boussole...

Car il est surprenant de constater à quel point les deux côtés de la Corée sont aux antipodes l'un de l'autre. Modernisation à outrance d'un côté, obscurantisme répressif de l'autre.
Selon le versant de la frontière, on passe d'un monde multicolore et chatoyant, sorte de version de l'île des plaisirs de Pinocchio, à un monde monochrome d'une noirceur poisseuse.

Les chapitres se succèdent comme des fondus enchaînés. le mot clôturant le chapitre se voit souvent démarrer le chapitre suivant. Une belle figure de style pour une immersion totale. Une écriture puissamment cinématographique.

L'intrigue est palpitante à plus d'un titre : Espionnage, course-poursuite, mission-suicide, infiltration et dézinguage.
Ça commence par des meurtres atroces à résoudre et ça finit par un ball-trap meurtrier et une chasse à l'homme en Corée du Nord ou Paik Doo-Song se lance dans une quête désespérée pour retrouver sa femme et son enfant.

Moins définitif que son prédécesseur, cette frontière des ténèbres ne tient jamais aussi bien en haleine que quand l'action se situe en Corée du Nord. Dès lors, la parano vous reprend et ne vous lâchera plus qu'en dehors de la frontière. Mais avant d'en sortir, vous frissonnerez de tous les membres de votre corps...

Bizien bat du tambour quand il écrit, il vous tambourine ses mots, à coups de grosse caisse, accélérant ses chapitres tandis que l'intrigue court à sa conclusion. Comme une sorte de montage "hyper cut", resserré à l'extrême. Et vous tournez les pages, vous tournez les pages, le front en nage, le souffle du dragon sur votre échine, le palpitant qui menace à tout instant de se décrocher, la gorge sèche... Et si ? Et si ? Noooon !
Si vous avez vu "Argo" de Ben Affleck, vous revivrez les mêmes émotions que celles ressenties lors de la scène finale de l'aéroport, celle où vous priiez pour que l'avion avec les rescapés décolle avant que l'armée iranienne ne les arrête.

En plus d'être un thriller haletant, ce livre est avant tout une ode aux sentiments humains, l'amour bien sûr, mais l'amitié aussi. Des sentiments exacerbés parce qu'une vie vécue intensément l'est. Pas de demi-mesure ni de passivité ici. Les liens sont noués à l'extrême.
Plus que l'intrigue c'est ce sentiment de bien-être qui en découle. Seth Ballahan s'est réconcilié avec sa femme, a laissé de côté rancoeurs et colère et aspire à la plénitude du bonheur.
Et on se dit que l'auteur devait lui-même être en plein conte de fée amoureux pour laisser autant son coeur parler et nous régaler de cette ambiance feutrée. Soupirs... Ah l'amour... Re-soupirs... (Et c'est à petits pas, sans bruit, que nous refermons la page Gossip).

De plus, en petit bonus, JLB nous susurre son amour pour John Mellecamp et Bruce Springsteen. Les amateurs apprécieront.

Sans compter les superbes phrases lâchées par l'auteur : "Il était resté silencieux, un bol de thé fumant à la main, tandis que le ciel de plomb se veinait de feu, que des coulées de lave incandescentes striaient la voûte, éparpillant des copeaux d'or fin qui chassaient l'obscurité en scintillant." Brillant.

C'est beau, c'est bien, c'est Bizien.
3,5/5
Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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