Le jésuite Kircher ne négligea rien pour découvrir les lois les plus occultes de la nature ; il crut pouvoir leur attribuer plusieurs phénomènes qualifiés de prodiges, et expliquer ainsi physiquement beaucoup de faits extraordinaires. S'il n'admit pas la sympathie, la palingénésie et cette physique corpusculaire fort en vogue alors et tombée depuis dans le mépris et l'oubli, il crut pouvoir démontrer comment les prêtres du paganisme produisaient par la physique expérimentale, avec certains instruments, des effets extraordinaires propres à tromper les peuplée idolâtres : de sorte que Kircher ne voit souvent que des expériences physiques et chimiques où les premiers chrétiens croyaient trouver le surnaturel diabolique.
Toutes les passions se peignent dans l'oeil; cet organe peut, comme l'imagination, envoyer des rayons qui pénétreront comme des flèches ; l'homme étant un petit monde, le pouvoir du regard des vieilles femmes ne doit plus étonner. La tortue couve ses oeufs en les regardant ; certains yeux tachent les miroirs et dépolissent les lunettes; le loriot attire à lui la jaunisse, etc. Le regard de certaines personnes fait dépérir les moissons, dessécher les arbres, et tue les petits enfants. Ces faits étant incontestables et naturels, on ne doit plus être surpris qu'une vieille sorcière, avec ses yeux ordinairement louches, disgracieux et méchants, puisse très naturellement maléfîcier.
L'ensorcellement avait été généralement attribué à l'action satanique : c'était la doctrine de l'Église, celle des philosophes, des jurisconsultes, des médecins, comme celle du peuple. Les philosophes matérialistes s'en écartèrent quand ils eurent connu les écrits des anciens philosophes et ceux des Arabes.
Pensez-vous, répliquaient les démonologues, qu'on punisse la première idiote venue sur de simples dires? Vous savez le contraire. La question naïve qu'on prête à une personne qui aurait demandé si on peut être sorcier sans le savoir ne prouve ni pour elle ni contre elle. — Les sorciers ne sont ni idiots ni fous, ils appartiennent à tous les rangs, il y a parmi eux des savants et des ignorants. — N'a-t-on pas vu, dit Bodin, Pierre d'Abano, médecin, s'efforcer de persuader qu'il n'existe pas d'esprits, puis bientôt il fut avéré qu'il était un des plus grands sorciers d'Italie.
En Angleterre, Réginald Scott et autres auteurs firent tous leurs efforts pour renverser la foi à la magie. Ce zélé protestant rejette sur les jongleries du papisme tout ce que la croyance populaire nomme sorcellerie et possession. (V. Walter Scott, Démonologie.) Il étudia la magie naturelle et la prestidigitation, pour montrer que le diable n'était pour rien dans la magie. Il n'obtint pas d'abord un grand succès, car le livre où il entreprit de prouver que tout ce qu'on dit des sorciers est fabuleux ou s'explique physiquement, fut condamné au feu.