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EAN : 9782843047640
141 pages
Zulma (07/01/2016)
3.25/5   83 notes
Résumé :
Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggý n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey.
Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggý et de son voisin Kafka, les mantra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,25

sur 83 notes
''Hildur, je suis encore morte''. Tels auraient pu être les derniers mots de Siggý à sa fille dans la lettre qu'elle vient de recevoir. Car Siggý, mère et femme fantasque, aimait mourir...d'ennui, de chagrin, d'autre chose. Pour mieux renaître...dans les rires, les chants, les danses. Cette fois pourtant, sa mère est vraiment morte et Hildur sent les souvenirs l'envahir : Siggý dansant dans la salon en riant et elle couchée dehors dans la neige pour ne plus la voir; Siggý toute habillée dans son bain, le rimmel lui coulant sur les joues tandis que l'eau refroidit; Siggý laissant les chats envahir sa maison et leur donnant plus d'attention et d'amour qu'à ses propres enfants; Siggý triste ou joyeuse, mais jamais maternelle. En se rendant sur l'île de Flatey dans la petite maison jaune qu'elle lui a légué, Hildur revit son enfance, les extravagances de cette mère qui n'en fut pas une, la fuite de son père, les moments de répit auprès de Láretta, sa grand-mère. Comment, après tout cela, aurait-elle pu être mère à son tour ? le mal qui la rongeait, l'impossibilité d'assumer la maternité et une maison isolée, voilà les legs de Siggý à Hildur qui doit elle aussi renaître pour se retrouver.

Etrange et onirique, ce premier roman au titre poétique exerce une sorte d'envoûtement sur le lecteur, un peu comme l'Islande ensorcelle les voyageurs. Entre rêve et réalité, souvenirs pesants et moments de grâce, les pensées d'Hildur s'envolent des excentricités d'une mère bipolaire au prosaïsme d'une grand-mère plus terre-à-terre, de la difficulté d'être mère à l'espoir d'être heureuse un jour. Sur cette terre isolée, on se laisse porter par la beauté des lieux, la solitude d'Hildur, le poids de ses souvenirs et l'espoir qui renaît grâce aux yeux vairons d'un pêcheur de l'île. J'ai toujours ton coeur avec moi est un roman d'amour, l'amour d'une fille pour une mère imparfaite mais terriblement vivante qui lui lègue une clé, celle de sa maison jaune ou celle d'un avenir moins sombre. Un très beau roman, sauvage et sensible.
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Coup de coeur pour ce premier roman de l'écrivaine islandaise Soffia Bjarnadottir !

Novembre 2018, Hildur est en route pour l'île de Flatey, une île perdue au large de l'Islande, pour rejoindre la petite maison jaune que vient de lui léguer Siggy, sa mère, qui n'est plus de ce monde. Une mère dont elle dit: "Qui était cette femme? Ce n'était pas ma mère. Pourtant elle m'avait mise au monde.Voila pourquoi il m'arrive de l'appeler maman. Je la vénère et je la crains, comme le dieu Shiva qui façonne et défait toute chose".
Siggy était une marginale, " un touareg solitaire", " qui portait en elle une blessure profonde qui parfois se rouvrait"....une blessure qu'héritera aussi sa fille. Une relation mère-fille d'une force indéfectible, pourtant apparemment inexistante. le titre du livre , d'ailleurs, qui vient d'un très beau poème de E.E. Cummings fait référence à cette blessure de la mère ressentie par la fille à l'évocation du cerf du poème qui meurt dans la forêt," je sens la blessure de Siggy qui gonfle, s'embrase comme une forêt et disparaît..."
D'autres personnages insolites peuplent ce récit émouvant, Grand-mère Laretta, "vierge" pudique, seul refuge d'Hildur, Kafka, le voisin de maman,sensible et introverti,son coéquipier " d'équipes de secours", Théofilus ,l'homme à tout faire, David, l'homme aux yeux vairons et bien sûr ,Tumi.......je vous laisse le découvrir.
C'est une histoire douloureuse et très triste, mais la plume pétillante ,pleine d'humour et de poésie de l'auteur la rend unique dans son genre.C'est ce que j'appelle Littérature !
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C'est un livre sombre qui parle surtout de la perte d'un être cher, notion exprimée avec poésie. le roman approfondit le rapport mère-fille dont le lien est ici empêché par un contact à la réalité inexistant ou excentrique de la maman, Siggy. La fille, Hildur, a cherché à fuir son foyer, les visions, ces sensations étranges de la mère, car elle se sentait oppressée par tout cela, tout ce qu'elle ne comprenait pas, puisqu'elle avait besoin d'autre chose. En effet, la maman, Siggy, voyait des morts partout, des têtes dans les réfrigérateurs, elle croyait aux elfes, et n'avait pas développé de lien maternel avec sa fille au sens maman-poule. Hildur en a souffert. « L'espace entre la réalité et moi s'élargissait ». Aujourd'hui, Hildur travaille sur un site archéologique à Kerijoki en Finlande. Elle apprend la mort de Siggy qui lui a laissé une lettre dans laquelle elle lui parle de sa maison jaune sur une île. Hildur prend le ferry jusque là, et une fois dans la maison, elle repense à son passé difficile avec elle.

Dans ce livre, il se passe peu de chose, mais il est superbement bien écrit. Etonnant, pas classique du tout.
Voilà, j'ai passé un beau moment, en compagnie de ces deux âmes ayant si peu pied dans le monde, en qui je ne me suis pas reconnue, mais qui m'ont surtout charmée grâce à la tonalité étrange du récit.

Merci aux Editions Zulma et à Babelio pour ce livre reçu grâce à Masse critique.
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Hildur qui n'a pas vu sa mère depuis de nombreuses années, apprend que celle-ci vient encore de mourir mais cette fois pour de bon. Elle se rend donc à ses obsèques et alors qu'elle est en route, le passé s'abat sur elle comme "un tas d'ordures sur un royaume de ruines fumantes ". Son esprit dérive, elle se souvient de Siggý , cette femme qui l'a mise au monde mais dont la santé mentale défaillante l'a empêchée d'être un mère aimante. Un trouble émotionnel important ravive chez Hildur des plaies profondes et mal cicatrisées. La douleur qu'elle en ressent provoque une reviviscence de ses propres troubles névrotiques qui ne lui ont pas permis à elle non plus d'être une mère comme les autres.
Le roman de Soffía Bjarnadóttir est tout simplement envoûtant. L'errance d'Hildur à l'ouest de la réalité au gré du souvenir , de l'imagination et du rêve est à l'image de l'Islande, pays isolé à la beauté sauvage, pétri de contes et de surnaturel depuis la nuit des temps.

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Une femme va enterrer sa mère au nord de l'Islande et va prendre possession de sa maison perdue sur une petite île. Lui remonte alors les souvenirs douloureux de sa relation tourmentée avec sa mère.

Dit comme ça, cela pourrait donner l'impression d'un roman un peu triste. Et bien non ! Car nous sommes au coeur de l'Islande sauvage et que Soffia Bjarnadottir réussi à nous faire ressentir les forces invisibles de la nature et la poésie tellement particulière à ce pays. Mais la lumière vient aussi du fait que l'auteur nous parle de résilience et de comment aller de l'avant, même quand la vie n'est pas tendre...

Un très beau premier roman !
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
La plupart du temps, lorsque je rendais visite à Siggý, Kafka se trouvait là, muet, et elle était apaisée, heureuse. Si ce n’est pas de l’amour que d’être ainsi satisfait de sa vie, je ne sais pas ce que c’est. Mais Siggý trouvait le concept d’amour surfait, galvaudé au cours de l’Histoire. « Le sexe, en revanche, c’est un besoin fondamental qu’on ne peut qualifier de surfait, pas plus que le sommeil. Il est dangereux de sous-estimer les besoins naturels. Bien sûr, on en fait parfois trop. On ne peut pas passer son existence à dormir, ni baiser de l’aube au coucher du soleil. Crois-moi, ma chérie, j’ai essayé, et je peux te dire que ce n’est pas la recette du bonheur, ni de la vie en général. C’est la recette de la survie. Il te faut trouver un moyen de survivre, Hildur. Tu ne peux pas rester pendue à ta croix comme une victime ou un Christ de pacotille en rejetant la faute sur les péchés maternels. Notre destin à tous est de disparaître un jour ou l’autre. »
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J’ai cinq ans, je ne supporte pas d’être seule à la maison avec maman qui chante. Je sors attendre mon frère Pétur, nus pieds sur le perron. Je m’allonge et m’assoupis en bas des marches sur la terre battue. Elle exhale une bonne odeur de poussière. Dans le monde des insectes, la lune est portée aux nues, elle se reflète dans les flaques de boue de l’allée et les petites bêtes viennent lui présenter leurs offrandes. On dirait que des terres inconnues ont été conquises. Que de nouvelles lunes ont jailli du sol, autorisant leur précieux reflet à orner la surface argentée de l’eau. Les psocoptères montent la garde du monde et battent des ailes comme des sternes farouches protégeant leurs petits. Papillons de nuit et collemboles se réfugient dans leur royaume sou terrain. Soudain, je m’élève. J’ai cinq ans et les insectes portent leur reine. Les mantes religieuses sont au premier rang. J’ouvre les yeux, à demi endormie, et j’aperçois le beau visage de Pétur.
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Elle était morte. La femme qui m’avait mise au monde. Morte comme les colombes blanc neige sur un câble électrique, comme les mouches dans une vieille maison. Morte comme l’amour dans mes veines. Comme la montagne dans ma tête. Morte. Elle n’était plus mon nord ni mon sud, ni mon est ni mon ouest. Et pourtant. À cet instant, j’avais envie de demander au cosmos de bien vouloir éteindre les étoiles.
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Quand je suis revenue de l’école, elle était allongée tout habillée dans la baignoire, une Winston light aux lèvres. Johnny Cash hoquetait sur la platine. Ce genre de comédie ne me perturbait pas. Au fil du temps les mises en scène théâtrales de ma mère avaient fini par m’ôter toute réaction. J’avais appris depuis l’enfance à ne pas trop ressentir. Je plaçais un filtre devant l’objectif et débranchais le câble qui reliait les nerfs et autres vecteurs d’émotion à la centrale cardiaque. Excellent moyen de ne plus se soucier du monde et de n’autoriser personne à s’approcher. Voir maman gisant tout habillée dans un bain d’eau glaciale avec le mascara qui lui coulait sur les joues, une cigarette à la main, comme si elle rejouait encore et encore la même scène de film, me semblait aussi trivial que de sortir les poubelles au petit matin en allant à l’école.
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Lorsque Siggý est morte, j’ai eu envie de réclamer ses yeux à l’entrepreneur des pompes funèbres. Je me demandais si l’on pouvait hériter d’une paire d’yeux. S’il était courant que les proches du défunt réclament leurs organes favoris. J’imagine ses pupilles qui me fixent effrontément depuis l’au-delà. Je n’ai toutefois jamais formulé cette requête et, avant que j’aie eu le temps de dire ouf, Siggý était redevenue poussière. Ses yeux, des étoiles dans un ciel de ténèbres.
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