Chemin de fer et cimetière

Une paroisse en Norvège, une utopie. le conseil paroissial ou municipal mène une bonne administration et la famille de Knud a une bonne influence sur toute la paroisse. Ils ont pour valeur l'amitié, la bonne entente, l'agriculture, de quoi se nourrir le corps, l'éducation et la religion, de quoi se nourrir l'âme. Tout ce qu'il faut pour être heureux, rien de plus, rien de mieux.

Sauf qu'un jour, quelqu'un a l'idée de vendre le blé, le grenier, afin de mettre en place une caisse d'épargne. Knud est réticent. Et son meilleur ami, Lars, le trahit, en prenant la parole lui qui ne la prenait jamais jusqu'ici, et il avance des arguments en faveur de la caisse d'épargne. Pire encore, il dénigre son ami. Lars use de son charisme, de sa force, pour prendre le pouvoir, et il mène alors une véritable révolution, non violente ( quoique), avec un seul brin de paille, brin de paille qu'il a toujours en bouche. Knud se mettra alors en retrait, humblement, mais il est malheureux d'avoir perdu ce qui est le plus important pour lui : non pas le pouvoir, mais son ami.

Grâce à la caisse d'épargne, la paroisse s'enrichit, on construit une nouvelle église, des routes. Tout le monde semble plus heureux qu'avant, excepté Knud. Mais l'argent fait-il vraiment le bonheur ? Des procès ont lieu, des désaccords, des chicanes … La paroisse finit par se rendre compte qu'elle est en faillite … et ils apprennent par expérience ce qu'est la spéculation. Ils apprennent qu'en économie, un brin de paille ne se multiplie pas en plusieurs brins de paille. Qu'il n'y a pas de blé magique.

C'est alors qu'entre en scène la Compagnie du Chemin du fer, une nouvelle perspective d'enrichissement … Car si le chemin de fer passe par leur paroisse, le prix du foncier peut flamber … Sauf que le chemin de fer devra passer par le cimetière de la paroisse … Vont-ils spéculer sur la terre de leurs ancêtres au bénéfice du fer et de l'argent ?

« Nous voilà prêts, chacun de nous, à déterrer nos propres grands-pères pour faire place au chemin de fer, à troubler le repos de nos morts pour que nos propres fardeaux puissent être voiturés un peu plus commodément et plus vite. N'est-ce pas comme si nous mettions notre cimetière en labour pour y récolter de quoi faire du pain ? Ce qui a été déposé là au nom de Jésus, nous l'enlevons au nom de Moloch : cela ne vaut guère mieux que de manger les os de nos ancêtres… »

À vous d'emprunter le chemin de fer jusqu'au cimetière. Paix à vos âmes …

Luttes de pouvoir dans un petit village norvégien, une nouvelle écrite par le récipiendaire du prix Nobel de littérature de 1903.

Un conte sur la politique municipale, des hommes qui ont les honneurs et qui en viennent à les tenir pour acquis et des alliés qui se retournent contre leurs protecteurs.

Des personnages typiques, dans un petit village qui pourrait être de n'importe où ou de n'importe quand…