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EAN : 978B017TH4CJ6
Oxford University Press (10/02/2005)
4/5   2 notes
Résumé :
Ces traductions de littérature sumérienne constituent l'anthologie la plus complète à ce jour de la plus ancienne littérature du monde. Les textes de ce livre furent inscrits sur des tablettes d'argile aux environs du XVIII°s avant notre ère, période dont on a retrouvé le plus grand nombre de documents littéraires. On y trouvera un large choix de genres familiers au lecteur moderne, les narrations mythologiques, hymnes lyriques, proverbes, poésie amoureuse, aussi bi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cette anthologie "grand public" de la plus ancienne littérature écrite au monde est le fruit du travail de quatre sumérologues, qui se sont réparti la tâche d'introduire (parfois d'établir) et de traduire les textes les plus significatifs que les Sumériens nous ont légués. On trouvera des épopées de héros et de rois, des poèmes mythologiques dont les héros sont des dieux, des textes lyriques, des hymnes destinés au culte, des lettres, des anthologies. le lecteur est guidé par de courtes introductions et des notes, ce qui fait un volume de 370 pages à feuilleter et à lire sans s'astreindre à suivre l'ordre des matières, qui est thématique et non chronologique.

On gardera présent à l'esprit que la langue sumérienne (langue unique, isolat verbal, parlé au sud de l'Irak antique) n'a été redécouverte par les archéologues qu'à la fin du XIX°s, dans des textes grammaticaux, lexicaux et scolaires établis après la mort de cette langue par les voisins babyloniens, qui parlaient l'akkadien, langue sémitique parente de l'hébreu et de l'arabe. Autrement dit, nous n'avons que rarement un accès direct aux textes et aux auteurs sumériens eux-mêmes, cet accès est filtré et médiatisé par les écoles postérieures, d'érudits de langue sémitique qui apprirent le sumérien comme une langue morte et en copièrent les grands chefs-d'oeuvre. C'est leur choix, leur sélection scolaire et culturelle, leurs reconstructions éducatives qui nous donnent cet accès indirect à la littérature sumérienne, un peu comme si nous ne connaissions Racine, Diderot et Balzac que par des extraits choisis pour un livre de français destiné aux lycéens de Hong-Kong ou de Moscou.

Donc, un des grands intérêts de ce livre est de nous donner accès à la toute première fois où l'on inventa la notion de "littérature", où l'on sélectionna des textes, sacrés "littéraires", et destinés à être enseignés à des jeunes gens comme la "plus belle expression" d'une langue déjà morte pour eux depuis des siècles.
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Anthologie de textes sumériens, c'est-à-dire des textes de l'histoire la plus ancienne du sud de la Mésopotamie, approximativement sur la période allant de 2500 à 1800 avant notre ère. le sumérien était une langue non sémitique, qui ne peut être attribuée à aucun autre groupe linguistique connu. Au cours des dernières décennies, les chercheurs sont devenus de moins en moins sûrs qu'il s'agisse de la langue d'un peuple clairement distinct (comme le soutenaient encore des spécialistes comme Jean Bottéro à la fin du siècle dernier). En tout cas, à l'époque en question, il était la langue unique des textes composés par et pour l'élite politique et culturelle, et il le resta longtemps, jusqu'à ce qu'il soit complètement supplanté par l'akkadien et plus tard l'araméen. Ce livre offre un large échantillon intéressant de textes sumériens, avec une bonne explication globale et une brève introduction par texte. Il est juste dommage que les traducteurs n'aient pas tenté un positionnement chronologique plus précis des différents textes. Plus dans mon compte Historique dans Goodreads : https://www.goodreads.com/review/show/4152619160
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
VIII. Les genres hymniques.

Notre compréhension du corpus littéraire sumérien est grandement compromise par l'absence de toute ancienne tradition d'explication littéraire ancienne. Nous organisons le corpus à l'aide de catégories modernes nées bien des siècles après les oeuvres que nous classons, et selon une tradition littéraire entièrement différente. Nous considérons les compositions de ce groupe comme des "hymnes" parce que, thématiquement, elles sont en gros des poèmes célébrant un dieu.

Les scribes de Sumer, toutefois, ne percevaient pas ces compositions comme appartenant à un seul genre littéraire, mais les classaient en plusieurs groupes, en se servant d'une série de critères de leur cru. Deux grands types de critères peuvent être distingués : les formules de conclusion et les rubriques. On trouve les formules de conclusion à la fin et elles se réfèrent à la totalité du texte ; on peut y voir des désignations génériques d'époque. Elles adoptent la forme de phrase conclusive avec un nom divin : par exemple, le premier poème de ce chapitre est qualifié de "Adab de Ba'u" [du nom de la déesse à qui le texte est dédié.] Les rubriques sont des indications de brèves parties à l'intérieur d'un poème. Les parties définies par une rubrique correspondent à des unités littéraires, comme des strophes ou des stances.

En l'absence de textes interprétatifs explicites, nous en savons peu sur les critères de classement de ces compositions en divers types. Certains semblent assez cohérents en termes de traits formels et de thématique. Les compositions "adab" et "tigi" sont structurellement très cohérentes, et les deux sont des hymnes adressés à une divinité, associés à l'éloge d'un gouvernant. D'autres types montrent une plus grande diversité formelle et thématique. (Les "balbalé" et les "shir-namgala" dans ce chapitre illustrent bien ce point). Le fait que ces compositions furent cependant mises ensemble [sur les tablettes cunéiformes où elles figurent] montre que ces traits formels et thématiques s'accompagnaient d'autres critères pris en compte par les scribes. D'autres, liés à l'interprétation vocale de ces compositions [performance], que nous ne pouvons malheureusement pas retrouver à partir des écrits seuls, ont dû jouer un rôle important dans ces regroupements génériques.

p. 245
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Hymne à Inana, déesse de la guerre et de l'amour.
13-19. Toi qui fais pleuvoir le feu sur le pays, toi qui es dotée des pouvoirs divins de An, dame qui chevauches une bête fauve, dont les ordres sont prononcés à l'égal des siens... Les grands arcanes sont tiens, qui peut les scruter ? Destructrice des contrées étrangères, tu donnes ta force à la tempête. Aimée d'Enlil, tu fais peser sur le pays une profonde terreur. Tu es au service des volontés d'An.
20-33. Ma Dame, à ton cri de guerre, les étrangers se prosternent. Quand l'humanité comparaît devant toi, dans un silence pétrifié devant le terrible éclat de ta tempête, tu saisis les pouvoirs divins les plus terribles. A cause de toi, la Porte des Larmes est grande ouverte, les hommes avancent sur le chemin de la Maison des Lamentations. Par ta force, ma Dame, les dents peuvent briser le silex. Comme une tempête qui s'élance, tu t'élances. Comme l'orage qui rugit, tu rugis. Avec Ishkur, tu tonnes. Tu épuises le monde sous tes pieds infatigables. On chante une lamentation sur le tambour balagn.
34-41. Ma Dame, les grands dieux Anuna s'égaillent devant toi dans les crevasses comme des chauves-souris. Ils n'osent pas soutenir ton terrible regard. Ils n'osent pas regarder ton terrible visage. Qui peut apaiser ton coeur enragé ? Ta colère dévastatrice est trop violente pour être apaisée. Ma Dame, est-il possible d'apaiser ton humeur ? Ma dame, ton coeur peut-il être réjoui ? Fille aînée de Sin, personne ne peut apaiser ta fureur.
II° millénaire av. J.C.
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Le débat du Mouton et de l'épi de blé.

(Après que les dieux les ont créés), Mouton fut enfermé dans son parc, on lui donna de l'herbe et du fourrage à volonté. Pour Epi de blé on fit un champ, on lui donna la charrue, le joug et l'attelage. Mouton dans son parc était le berger de tous les parcs remplis de charmes. Epi dans son sillon était une belle jeune fille radieuse, et levant la tête hors du champ elle recevait toutes les bénédictions du ciel. Mouton et Epi avaient un aspect radieux.

Ils apportaient la richesse à l'assemblée. Ils donnaient sa subsistance au Pays. Ils remplissaient les ordonnances divines. Ils remplissaient les étables du Pays de bétail. Les granges du Pays étaient comblées. Quand ils entraient dans les maisons des pauvres qui sont assis dans la poussière ils apportaient la richesse. Partout où ils allaient, tous deux augmentaient les possessions de la maisonnée avec leurs cadeaux. Là où ils étaient, ils donnaient satisfaction ; là où ils s'établissaient, ils étaient bienséants. Ils réjouissaient le coeur de An et le coeur d'Enlil.

Ils burent du vin doux, ils apprécièrent la bière douce. Et quand ils eurent bu du vin doux et apprécié la bière douce, ils commencèrent à débattre dans la salle du festin.

Epi dit à Mouton : "Ma soeur, je suis meilleur que toi, et j'ai la préséance sur toi. Je suis la gloire des lumières du Pays. Je donne mon pouvoir au prêtre Sang-Ur-Sang - il remplit le palais de respect et les gens répandent sa renommée aux frontières du pays. Je suis le don des dieux Anuna. (...) Et toi, avec tes cabanes à moutons et tes laiteries répandues dans la steppe, peux-tu te comparer à moi ? Réponds-moi donc ! "

Alors Mouton répondit à Epi : " Ma soeur, que dis-tu donc ? An, roi des dieux, m'a fait descendre de son lieu sacré, ma demeure très précieuse. (...) Dans sa robe, mon habit de laine blanche, le roi se réjouit sur son trône. Mon corps resplendit sur la chair des grands dieux... J'avance en procession avec les prêtres vers mon repas sacré. Et toi, ta herse, ta charrue, tes sangles et tes courroies, tout cela peut être entièrement détruit. Que peux-tu répondre à ça ? Réponds ! "

pp. 227-228
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(La malédiction d'Agadé [Akkad] par les dieux.)
O cité, tu t'es jetée sur l'E-Kur [temple du grand dieu Enlil] ; c'est comme si tu t'étais jetée sur Enlil lui-même ! Que tes murs sacrés, depuis leur sommet, résonnent de cris de deuil ! Que ton sanctuaire Giguna* devienne un tas de poussière ! Que tes pilastres et leurs statues des dieux Lahama tombent au sol comme des jeunes gens pris de vin ! Que ton argile soit rendue à son marais primordial, qu'elle soit maudite par Enki ! Que ton grain soit rendu à son sillon, que ton grain soit maudit par Ezina** ! Que tes poutres de bois soient ramenées à leur forêt, que ton bois soit maudit par Ninilduma*** ! Que le boucher abatte sa propre femme, que tes bouchers de moutons abattent leurs propres enfants ! Que l'eau emporte le pauvre quand il cherche ... Que ta prostituée se pende à l'entrée de son bordel ! Que tes prêtresses nugig enceintes et les prostituées du temple avortent ! Que ton or soit acheté au prix de l'argent, que ton argent soit acheté au prix de la pyrite (?), et que ton cuivre soit acheté au prix du plomb !

*Giguna : autre nom de la déesse Inanna, déesse de l'amour et de la guerre.
**Ezina : déesse du grain.
*** Ninilduma : dieu des charpentiers.

p. 123 (premiers textes datant de 2900 av.J.C.)
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Epopées de héros et de rois.
Il n'est pas très facile de distinguer des dieux les héros légendaires caractérisés par leurs exploits dans plusieurs récits littéraires sumériens. Habituellement leurs noms sont écrits avec le même signe déterminatif qu'on emploie pour les noms divins, et l'on a des preuves documentées qu'ils reçurent un culte et des offrandes. Souvent, on les considérait comme des rejetons des dieux. Certains, comme Lugalbanda, étaient vus comme des héros civilisateurs qui avaient rendu service à l'humanité, tandis que d'autres, comme Gilgamesh, auraient régné dans les temps anciens sur des cités bien connues. C'est toutefois cette relation avec des lieux terrestres précis qui permet de caractériser des personnages que nous nommons héros.

p. 1
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