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EAN : 9782743631598
331 pages
Payot et Rivages (11/03/2015)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Ce livre unique en son genre a toute une histoire. Durant les années 70, une jeune femme du nom de Linda Kuehl entreprit d'écrire une vaste biographie de Billie Holiday. Pendant des lustres, la journaliste réalisa les interviews de plus de 150 personnes ayant approché, de près ou de loin, la chanteuse de jazz. Malheureusement, Linda Kuehl disparut tragiquement en 1978, et le projet resta dans les cartons, jusqu'à ce que la romancière et biographe anglaise Julia Blac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Éternelle question : Billie Holiday n'est pas forcément ce qu'elle chante, mais aurait-elle pu chanter de cette manière, si elle n'avait pas eu cette vie ?

Si on veut savoir qui était vraiment Billie Holiday, il faut, à mon avis, combiner plusieurs approches :

- s'intéresser à ce qu'elle a chanté, évidemment ;

- s'intéresser à ce qu'elle a dit, qui est assez révélateur.
Par exemple :"Parfois, il est pire de remporter une bataille que de la perdre", "Si je dois chanter comme quelqu'un d'autre, alors je n'ai pas besoin de chanter du tout", "Un baiser jamais essayé est un baiser gâché à jamais", "Je fais toujours des retours, mais personne ne m'a jamais dit d'où je reviens", "Je ne blesse jamais que moi-même, et c'est mon affaire", "Si je n'ai pas d'amis, je n'ai rien", "Quand vous avez plein d'argent, les amis se pressent à votre porte, quand vous êtes au bout du rouleau, ils ne viennent plus".

- Lire ce livre.
"Lady in Satin" est le fruit d'un incroyable et hasardeux travail.

Au départ, on trouve les interviews réalisées par une nommée Linda Kuehl auprès de 150 personnes qui avaient connu Billie Holiday.
Recueil titanesque et de fait, Kuehl ne va pas se dépêtrer du foisonnement de ces informations, certaines confuses, se contredisant ou s'éloignant à l'évidence, de la vérité.
Après avoir passé des années à tenter de mettre ce matériau en forme, elle perd la confiance de son éditeur.
En 1977, elle se suicide en se défenestrant.

Son travail est pourtant repris bien des années après par la journaliste Julia Blackburn qui l'ordonne et le sort, enfin. (un passage du livre est consacré à la genèse de l'ouvrage et rend hommage à Linda Kuehl, elle est également citée longuement dans les remerciements, mais je trouve que l'éditeur aurait pu aussi, par élégance, mentionner le nom de cette dernière en couverture)

Il s'agit d'un livre pointilliste, chaque témoignage (appuyé ou démenti par les nombreuses notes en fin d'ouvrage), apportant sa touche pour dresser au final, un portrait passionnant.

Une vie de misère, de courtes joies, de luttes incessantes, de séjours en prison, de drames, d'addictions. Une vie à tombeau ouvert.

Mais à chaque fois, sur scène, cette femme se transforme en quelqu'un d'autre : Lady Day.

Admirée par les plus grands, cette extraordinaire chanteuse oublie le temps d'un récital, la drogue, l'alcool, son viol à 11 ans, la prostitution, ses julots parasites...ou s'en sert pour délivrer des prestations restées dans les mémoires.

Le livre comporte 38 chapitres, qui voient défiler ce monde interlope d'agents maris-maquereaux dont elle aimait s'entourer, de musiciens tombés sous le charme, de rares amis.
C'est une succession de témoignages (certains touchants, d'autres, révoltants), chacun racontant "sa" Lady Day.

Ce livre plante aussi le décor incroyable d'un milieu (vous allez être édifié si vous croyiez que la débauche est venue avec le rock et les beatniks, lisez ces témoignages : du sexe, partout tout le temps, de la drogue, de l'alcool...) et d'un pays (la prohibition, le racisme, la corruption...).

Au final, on est étourdi par cette trajectoire folle, suicidaire. Qui était Billie Holiday ?

La victime d'un environnement sordide, sous la coupe de ses macs, des revendeurs, en butte au racisme et à la traque policière... ou une femme libre ?
"Une des plus belles femmes que j'ai jamais vue" (Jimmy Rowles) ou "un boudin avec des nichons" (Fanny Holiday) ?
"Une petite fille qui cherchait l'amour" ou une perverse ("il me faut un vrai mec et il me faut un mec qui me le rappelle. Pour affirmer sa virilité, il me cogne, il me gifle") ?
"Une personne magnifique, forte et énergique" ou "une psychopathe, une femme impulsive, pas du tout fiable" ?

Peu importe, elle était probablement tout ça.

Mais elle chantait de manière unique et c'est bien tout ce qui compte.
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Durant les années 70 Linda Kuehl rencontra plus de 150 personnes ayant côtoyé de près ou de loin Billie Holiday dans le but d'écrire une biographie sur la chanteuse. Mais face à une telle masse de documentation, elle n'a jamais réussi à terminer son ouvrage et disparut en 1978.
Julia Blackburn, autrice britannique, réussit à récupérer les nombreuses interviews sur papier ou cassettes et livre ici un ensemble de témoignages souvent inédits et surprenants sur Lady Day. Cela va d'amis d'enfance, de nombreux musiciens au policier qui l'a arrêté, de l'auteur de son autobiographie à sa dernière secrétaire particulière, en passant par certains de ses amants et bien d'autres encore. Julia Blackburn n'a pas eu la prétention, dans ce livre, de délivrer une vérité sur la chanteuse. Bien au contraire, au fur et à mesure des interventions, on décèle des contradictions, des exagérations ou des approximations. Chacun décrit une Billie Holiday différente (pour caricaturer, parfois sainte, parfois pute). Ses frasques et addictions y sont décrites de façon quelquefois crues, mais également sa gentillesse et son professionnalisme. Et sa constance pour choisir des partenaires toxiques : des macs qui la frappent, lui volent son argent et lui fournissent la drogue. Sans oublier l'acharnement policier qu'elle a subi en tant que noire, en tant que femme et en tant qu'artiste militante (Strange Fruits), et cela du début à la fin de sa vie.
Néanmoins, il est important de signaler la contradiction de l'autrice qui regrette qu'on ne retienne que le côté fait-divers de la vie de la chanteuse et qui pourtant multiplie les anecdotes sur ses excès en tout genre, oubliant souvent combien cette artiste fut avant tout une des plus grande chanteuse du XXe siècle. À ce titre le dernier chapitre, racontant un concert filmé de 1957 (voir ce moment magique sur internet : Billie Holiday live 1957 Fine and Mellow), montre que l'autrice aurait pu aussi montrer un autre visage de cette grande dame du jazz et ce qu'elle représente dans l'histoire de la musique.
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Billie Holiday, née Eleonora Fagan, aurait eu cent ans ce printemps, une bonne occasion pour lire cette nouvelle biographie de la chanteuse de jazz. Petite anecdote, le livre lui-même a une histoire étrange puisqu'il a deux auteures à près de quarante ans de distance. C'était le projet initial de Linda Kuehl qui dans les années 70 a interviewé plus de 150 personnes proches de la chanteuse mais qui est décédée sans avoir mené à terme son travail. Julia Blackburn à découvert, repris, décryptée, compilée ses archives pour en faire ce remarquable « Portrait d'une diva par ses intimes ».

Et c'est bien cet accumulation, cette variété de témoignages qui font la qualité et la pertinence de ce livre qui va au-delà d'une biographie de plus ou d'un regard analytique de la vie de la Diva jazz. Julia Blackburn ne prend pas partie, elle remet dans leur contexte les récits, les anecdotes, les visions parfois déformés des témoins, des amis, des amants, de ses musiciens, de ses agents-impresarios mais aussi des « ennemis », agents du FBI, juges, flics…

Un destin douloureux, bouleversant qui va façonner puis détruire celle qui deviendra à jamais LA chanteuse de jazz (pardon à Sarah et Ella). Elle a joué avec les plus grands de l'époque, Benny Goodman, Count Basie, le Duke, Art Tatum, Ben Webster, Jimmy Rowles. Elle a partagé bien plus que de la musique avec Lester Young, son alter ego, son âme soeur, son éternel amoureux qui la précèdera de quelques mois dans la mort.

On ne peut pas ne pas mentionner son interprétation de « Stange Fruit » qui lui vaudra à la fois le succès, la reconnaissance de ses « frères de couleurs » mais aussi la vindicte de certaines autorités.

La vie de Billie, c'est aussi le sexe, la drogue et l'alcool. Dans les années soixante-dix, Billie Holiday eut été une rock star. Julia Blackburn le relatent sans voyeurisme, ni pudeur excessive au travers des différends propos des témoins de l'époque.

Mais ce livre est aussi une formidable histoire du jazz de ces années 30, 40, 50 mais plus encore une histoire, un réquisitoire sur l'Amérique de cette même période. Des lynchages toujours en vigueur aux clubs où les musiciens noirs devaient rentrer par la porte de derrière en passant par la répression des services du malfaisant J. Edgar Hoover. A lire en écoutant la voix sombre, belle, brute mais vibrante de Lady Day.



Brève discographie totalement subjective :
Lady Day & Pres : Billie Holiday with Lester Young
The Complete Billie Holiday on Columbia
Songs For Distingué Lovers

Lien : https://www.lejazzophone.com..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C'est à cette époque qu'elle a décidé de changer de nom. Pour prénom, elle a choisi Billie en hommage à l'actrice blanche Billie Dove, qu'on présentait comme la "beauté américaine" à l'époque du muet et qui jouait souvent le rôle d'une demoiselle en détresse secourue à la dernière minute par un beau héros. Pour nom, elle a pris le patronyme étrangement évocateur du joueur de banjo Clarence Holiday, son jeune père qui n'avait que seize ans de plus qu'elle.
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En 1776, la Déclaration d'indépendance proclamait que tous les hommes avaient été créés égaux et que chaque Américain jouissait "de droits inaliénables". Ceux-ci comprenaient le droit à "la poursuite du bonheur" comme s'il s'agissait d'un animal sauvage, tapi dans les bois et les fourrés de la vie, qu'on devait suivre à la trace, en lançant les chiens sur sa piste et en se tenant prêt à tirer.
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Elle restait assise en fumant une cigarette et elle chantait comme si elle se parlait à elle-même.
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