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EAN : 9782845211391
176 pages
Autres Temps (09/05/2003)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Le Grand Passage, troisième recueil de Lucian Blaga, publié en 1924, marque une étape cruciale dans l'évolution de sa poésie. La tonalité change, l'expressionnisme éclatant des deux premiers recueils semble s'apaiser, mais l'aspiration vers le cosmique, l'absolu ou les racines ancestrales ne perd rien de son intensité. (Extrait de la préface de Raluca Bran-Pierrot). Une Vision des sentiments, publié en 1964, constitue le premier recueil important de Nichita Stanescu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre propose la découverte par le lecteur français (en édition bilingue) de l'intégralité du « Grand passage » (1924) de Lucian Blaga et d'une partie significative d'« Une Vision des sentiments » (1963) de Nichita Stănescu.
Je vais me contenter ici de reproduire des fragments des présentations des poètes, le livre étant quasiment introuvable et moi, à court d'idées pour mes critiques :

« Poète, philosophe et dramaturge, Blaga se laisse difficilement classer dans un courant littéraire précis. Parfois traditionalistes, parfois modernes, ses créations littéraires et philosophiques se sont développées conjointement, liés par un rapport qui lui est propre. [...]
Dans “Le Grand passage”, le poète ressent avec désespoir l'absolu et le mystère de la mort, tandis que le philosophe les ressent avec lucidité et sérénité ; car il sait que seule l'union avec l'absolu peut le sauver : “Arrête ce passage. Je sais que là où il n'y a pas de mort, l'amour manque aussi, je t'en conjure, pourtant : arrête, mon Dieu, l'horloge avec laquelle tu mesures notre effilement” (Exergue) » (p.38-39).

« Nichita [Stănescu] a eu la chance ou la malchance, peut-être, de faire partie d'[une] génération de chercheurs de l'absolu ; il est le plus illustre de ses représentants. À partir de la publication de son premier recueil, “Le Sens de l'amour”, en 1960, sa vie personnelle se confond, au-delà d'une apparence de bohème qui a suscité beaucoup d'anecdotes, avec la destinée de sa poésie : “le poète, dit-il dans un poème, n'a pas de vie personnelle”. C'est une destinée heureuse, le poète va connaître la gloire de son vivant et quand il meurt, en 1983, à la suite d'une cirrhose, il est célébré comme un dieu. Mais les dieux sont-ils vraiment heureux, surtout quand ils s'effacent devant leur oeuvre ? » (p. 118).
« Les mots ont une matérialité aussi éthérée que celle des corps amoureux qui se confondent dans l'étreinte : “chaque mot que je prononce est un corps transparent” (“Vers Andromède”) et les confrontations finissent harmonieusement par le même “mouvement vers le haut” : “d'ici on part vers le haut, c'est si simple !”  (Idem) » (p. 120).
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Un recueil qui regroupe deux oeuvres en fait, traduction de mémoire de Linda Maria Baros, le tout publié à Marseille. L'exercice est assez délicat. Néanmoins, on ne peut pas dire que nous croulions sous les traductions, surtout de Stănescu. Les poèmes ne manquent du reste pas de parentés : une forme de mysticisme, de réflexion philosophique caractérise les deux poètes. Pour rester sommaire, au rayon des différences, Stănescu se concentre dans ce recueil sur le sentiment amoureux, qui en est le thème principal. Ce n'est pas que Lucian Blaga n'en parle pas, mais il est souvent plus indirect, procède par allégories, comme celle du titre (Le Grand Passage). Dans l'ensemble, son oeuvre est difficile à résumer, je m'y essaierai peut-être pour "L'étoile la plus triste". J'ajoute simplement que sa poésie a été interdite sous le régime communiste, alors que certains le pressentaient pour le prix Nobel. Noter aussi qu'il a été marqué durant son enfance par "l'absence du mot", qui a fait qu'il n'a parlé qu'à l'âge de quatre ans, d'où sa sensibilité à leur pouvoir et une forme de vénération pour la culture.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma vie s'illumine

Tes cheveux au soleil sont encore plus décolorés,
ma reine de pique et de sel.

Le rivage s'est détaché de la mer et t'a suivie
comme une ombre, comme un serpent désarmé.

Passent les fantômes de l'été en déclin,
les navires de mon cœur marin.

Et ma vie s'illumine,
sous ton œil vert à midi,
gris comme la terre au crépuscule.
Oh-ho, je cours et bondis et m'écoule.

Laisse-moi encore une minute.
Laisse-moi encore une seconde.
Laisse-moi encore le temps d'une feuille, d'un grain de sable.
Laisse-moi encore une brise, une onde.

Laisse-moi encore une saison, un un an, un temps.
(p. 153, dans Nichita Stănescu, "Une vision des sentiments")
Traduction de Iulia Tudos-Codre
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Poème

Dis-moi, si un jour je t'attrapais
et que je baisais la plante de ton pied,
tu boiterais un peu, n'est-ce pas, après,
de peur d'écraser mon baiser ?…

(p. 163, Nichita Stănescu, traduction de Roxana Ologeanu)
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Tu t'épuises en des tensions d'arc
près des grandes roues d'acier.
Tu écrases entre tes doigts les seins de la matière.
Tes mains sont de mazout et tes aubes enfumées.
Travailleur au tablier de cuir bleu,
les machines chantent pour toi
mieux que les rossignols.
Travailleur au tablier de cuir bleu,
tu sais qu'il n'y a de beauté
que dans les choses engendrées par les pouvoirs de l'homme.
Tu sais que nulle étoile
n'a été faite de ta main,
et tu penses : quoi qu'en disent les trop nombreux, les trop loquaces poètes
aucune étoile n'est belle.
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J'aurais voulu te garder dans mes bras
tout comme je tiens le corps de l'enfance, dans le passé,
avec ses morts non répétées.
Et, de mes flancs, j'aurais voulu t'embrasser.
Nichita Stănescu
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Video de Lucian Blaga (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucian Blaga
"Le chemin du poète le conduit toujours aux sources" Lucian Blaga
« Lucian Blaga (1895-1961) a parlé lui-même en termes inoubliables du monde où il est né. […] la première période de sa vie, l'enfance dans l'atmosphère magique du village ancien, l'époque de « Bildung » d'un fils de pope de Transylvanie et d'une mère paysanne […]. […] la vraie tonalité du poète est pourtant ailleurs. Elle est dans le drame mystérieux qui se joue entre le ciel et la terre, dans « la grande traversé » à laquelle la nature, les étoiles, les bêtes et les hommes participent, dans leur lente procession vers la mort. Une grande mélancolie cosmique venue de l'accord avec le destin enveloppe l'homme […]. le désespoir humain prend chez Blaga le chemin du dépouillement frémissant ; le « cri vaincu », qui accompagne toutes choses humaines, se résout dans le silence et l'écoute des profondeurs. […] L'homme est au monde pour vivre face au mystère, pour tenter de pénétrer les côtés cachés des choses, pour écouter, pressentir, vivre des expériences qui débouchent sur des révélations venues des profondeurs de lui-même. […] Un sentiment intense, personnel, du mystère des origines traverse la poésie de Blaga. […] […] La poésie de Blaga est hantée par une étrange et symptomatique absence : celle d'un dieu caché, un dieu imploré qui s'est « enfermé dans son ciel comme dans un cercueil ». […] […] Ses tristesses dévoilent plutôt une obsession d'essence spirituelle, sa mélancolie et son amertume se confondent avec l'aspiration du vieux moine sur le seuil, qui attend sa fin en prêtant l'oreille au vide du tombeau. […] »
« […]  […] Le miracle de sa naissance a voulu que Lucian Blaga soit avant tout poète. Par-delà le langage et ses symboles, sa parole éveille en nous un sentiment venu de loin. Elle est la voix de l'autre mémoire, celle qui se souvient de ce que nous sommes. La voix de l'humain avec ses racines liées à l'univers, avec ses profondeurs, ses capacités créatrices de mythes, son aspiration au silence contemplatif, à l'indicible, à la pureté, à la lumière, à l'accueil éveillé du mystère de la mort : … tourne ton visage vers le mur et tes larmes vers le couchant… » (Sanda Stolojan)
0:00 - Je ne foule pas la corolle de merveilles du monde 0:59 - Aux lecteurs 1:46 - Biographie 3:13 - Désaveux 4:57 - Nous, les chanteurs lépreux 5:55 - Épilogue 6:14 - Générique
Référence bibliographique : Lucian Blaga, L'étoile la plus triste, traduit par Sanda Stolojan, Éditions Orphée La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Lucian-Blaga-Selected-Philosophical-Philosophy/dp/1622732936
Bande sonore originale : Carlos Viola - Godforsaken Place
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/godforsaken-place
#LucianBlaga #LÉtoileLaPlusTriste #PoésieRoumaine
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