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Critique de colimasson


La meuf de la préface nous dit qu'on devrait se méfier de prendre William Blake au pied de la lettre parce que son petit classement poèmes de l'innocence/poèmes de l'expérience, c'est comme une fausse césure, comme la fausse césure qui sépare souvent joie et mélancolie. Pour exemple, on peut prendre ce morceau d'un poème des chants de l'innocence (Berceuse) :


« Dors, dors, heureux enfant !
Et toute la création dormait et souriant
Dors, dors, sois heureux
Pendant que ta mère pleure penchée sur toi »


Mais à ne pas tout généraliser : les chants d'innocence sont parfois réellement innocents, dans leur naïveté toute retrouvée, et les chants d'expérience peuvent être pleins d'une force brute qui témoigne de la bonne grosse vie paysanne, celle qu'on ne conteste pas.


« J'en voulais à mon ami :
Je dis mon courroux, et mon courroux prit fin.
J'en voulais à mon ennemi :
Je ne le dis point, mon courroux grandit.

Et je l'arrosai en tremblant,
Nuit et matin, de mes larmes,
Et je l'ensoleillai de sourires,
De douces ruses trompeuses,

Et il grandit nuit et jour
Jusqu'à ce qu'il engendrât une pomme éclatante
Et mon ennemi la vit briller
Et il sut qu'elle était mienne,

Et dans mon jardin il se glissa
Quand la nuit eut voilé le pôle,
Au matin, joyeux, je vis
Mon ennemi étendu mort sous l'arbre »


A la limite, on pourrait dire que ces poèmes marquent la faille qui traverse la conscience (le trait unaire lacanien, ah, ah, ah) pour lui dire qu'à présent, toute joie deviendra un souvenir nostalgique pour le futur ; toute peine, l'occasion de nourrir une plus grande force dans l'avenir, tant qu'on n'y succombe pas. Mais la joie et la peine existent aussi en tant que telles, réjouissant et blessant sans possibilité de maîtrise. On voit l'apparition d'une figure du quaternaire.


Ces poèmes fournissent une bonne confirmation de l'a-moralisme perçu dans le Mariage du Ciel et de l'Enfer. le système quaternaire, c'est cela : les deux côtés de ce qui rassemble, les deux côtés de ce qui sépare.
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