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Citations sur Gringoland (48)

Il m'expliquait qu'il n'avait pas le droit de prendre sa voiture aujourd'hui, la circulation étant alternée en fonction du numéro des plaques pour réduire la pollution. J'étais surpris d'apprendre l'existence d'un code de la route dans cette ville [Mexico]. J'avais remarqué que les composantes essentielles d'un véhicule étaient le klaxon et l'icône religieuse, qui n'empêchaient pas les massacres routiers à grande échelle. En cas de contrôle policier, qu'on soit en règle ou pas, il fallait toujours avoir de la monnaie sur soi, car les flics sont mal payés. C'est dans les moeurs.
(p. 25)
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Dieu n'est pas tout-puissant, voyons. Sinon, il ferait moins de conneries. Il ne nous contrôle pas. C'est une affaire d'interconnexion vitale entre lui et nous. Dieu est un gros bonhomme pataud, gaffeur. Sa santé est fragile : regardez son monde. Vu l'accélération de l'histoire des hommes, on peut affirmer sans crainte que Dieu est en pleine évolution. Peut-être est-il adolescent. Les guerres sont ses cauchemars. Hiroshima est une poussée d'acné. Le Flower Power son premier baiser. Si ça se trouve, Dieu n'a jamais tiré sa crampe. Le jour J, quand il caressera pour la première fois les seins doux et chauds de la déesse de l'amour, on verra une grande vague de bonheur déferler sur la création. Ce sera peut-être ça l'avènement du surhomme, Dieu devenant homme. Peut-être suis-je également, après mûre réflexion, un petit peu défoncé.
(p. 149-150)
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J'étais installé dans l'auberge de jeunesse à deux pas de chez Joana. Un repaire de paumés. On avait un quinquagénaire qui faisait la vaisselle pour tout le monde. Au bout d'une minute de discussion, il racontait invariablement sa rencontre avec les extraterrestres. On avait un gros mauvais qui avait un avis péremptoire sur tout, notamment les différents complots menaçant le citoyen. On avait une militante écologiste pas épilée qui passait sa vie à manger des sandwichs au thon, ce qui vu sa gueule tenait du cannibalisme. Elle était un peu effrayante dans sa façon d'être véhémente. Elle hurlait « Propaganda » à chaque fois qu'elle allumait la télé et j'aurais pas été rassuré de voir des gens comme elle au pouvoir.
(p. 171)
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-Tu es américain ?
-Eh non. Et toi ?
-Non, moi je suis de Mérida. Je m’appelle Pablo. Et toi ?
-Moi non.
Il se gratta la moustache d’un air dubitatif car le second degré ne fonctionne bien que dans les pays du G8 Je lui donnais mon prénom pour reprendre la conversation sur de bonnes bases.

-Heu… et tu fais quoi dans la vie ?
-Je travaille à l’usine de hamacs.
-Ça doit pas être trop fatigant.
-Ben si quand même.
Encore raté.
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C'est curieux, l'aboutissement de l'odyssée de Kerouac, c'est une virée dans un bordel mexicain. D'un tourbillon de débauche il a fait des bouquets de mots. De belles pages. Ça devait être transgressif dans les années 1950. Mais un bordel mexicain aujourd'hui, ça n'a rien de rock'n'roll. C'est une industrie qui sent le vieux foutre et la tequila frelatée. Moi, les putes, rien à faire. Ça me fait pas bander. La prostitution est au sexe ce que le karaoké est à la musique. On se fait croire que, et ça soulage deux minutes. Où est le fun ? La réponse est peut-être à chercher du côté de chez Joe Dassin qui, derrière la fêlure du poète, bourrait des putes :
« Ma demoiselle de déshonneur
Mon premier amour d'un quart d'heure. »
(p. 157)
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- Voilà, moi j'ai fait des études en sociologie et il fallait que je trouve un sujet pour mon mémoire de quatrième année. Alors je savais pas trop, j'ai essayé de choisir un thème qui me concernait. Alors j'ai fait mon analyse sur 'cannabis et consommation', tu vois.
C'était un Chilien qui allait à San Cristobal pour acheter de l'ambre. Il fabriquait des bijoux et les vendait là où il passait. Sa façon de voyager. Il parlait à mille à l'heure.
- L'idée, c'était d'étudier la façon de consommer des gens qui fument pour mesurer l'impact du THC sur leur façon d'être des objets consommants tu vois. Alors je me suis posté à la sortie d'un supermarché, euh, une semaine, puis je repérais les mecs qui avaient des têtes de fumeurs tu vois et je leur demandais si je pouvais examiner le contenu de leurs courses et tout avec des questions pour cerner leur profil.
Il était muni d'un combi Volkswagen dans lequel nous étions entassés contre une participation pour l'essence. L'ambiance était potache. On avait de belles étapes devant nous.
- Alors j'ai dégagé plusieurs axes en fait. Le premier c'est l'influence directe, physique, les mecs vont acheter plus de sucreries, plein de chocolat, un peu comme les bébés achètent des couches, c'est normal. Ensuite, et c'est là que je voulais en venir : c'est l'influence profonde. C'est-à-dire comment la ganja modifie ton attitude complète face au système consommationnel.
Maïa était sous le charme et sur un nuage. Elle l'écoutait avec des grands yeux et rigolait de temps en temps.
- Alors il y a plusieurs trucs qui ressortent mais j'ai pas trop réussi à, euh, synthétiser. T'as les mecs qui vont pas acheter du Coca ou des trucs trop emblématiques, avec un discours politique fort sur les multinationales assassines. Ensuite, ce qui ressort, ce qui est important en fait, c'est qu'en général le fumeur, faire les courses ça lui prend la tronche. Il essaye d'expédier ça le plus vite possible et méprise les blaireaux qui jouissent du principe d'achat et qui passent deux heures à pinailler sur le choix d'un yaourt. Le fumeur considère le système de grande distribution moderne comme une aliénation à laquelle on ne peut échapper en milieu urbain. Il rejette le côté aseptisé, manipulateur, dépourvu de bonnes vibrations authentiquement humaines, tu vois. Alors en général les mecs se collent un gros oinj avant d'aller faire les courses pour que ça passe mieux. Là, on a un autre problème parce qu'au final ça les ralentit. Enfin, t'as ceux qui ont leurs repères et qui se mettent sur des rails sans réfléchir et puis ceux qui sont perdus au rayon lessive pour acheter des bières. Heu, voilà, j'en étais où ?
Maïa :
- T'as eu une bonne note ?
- Non, ils ont rien compris. C'était des vieux. Ils m'ont pris pour un drogué.
- C'est con parce que ça a l'air vachement bien.
(p. 87 à 89)
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J’ai vite ressenti le besoin de faire l’amour à un arbre. Je suis sorti du cercle, j’ai entendu une porte claquer et je suis monté sur une branche accueillante. Je me suis allongé et j’ai collé ma joue contre l’écorce. Je captai très clairement la respiration de l’arbre et sa circulation. Ses branches tamisaient le vent pour souffler des aires de Billie Holiday.
Le ciel était clair, les étoiles pétillantes et pourtant tombait sur ma face de ravi la plus douce des bruines. Toutes les cellules de mon corps étaient stimulées par l’existence du mot bruine, qui est joli.
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Je me laissais réconforter de bonne grâce par certains jeux, notamment 'Des chiffres et des lettres', à l'heure du goûter. Voilà une émission qui conservait son intégrité au fil des décennies dans un monde changeant et troublé. La gymnastique mentale imposée par le concept du jeu pouvait même passer pour de la subversion dans l'abrutissement général qui régissait le monde cathodique.
(p. 10)
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Elle qui rêve d’Amérique. Elle n’imagine pas à quel point nos sociétés occidentales sont avancées. Moisies même.
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Ça me faisait bien peur de rater mon avion, plus que de le voir s'écraser sur une tour. Question de probabilité.
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