Citations sur Touriste (156)
"Le paradis n'a pas d'adresse. Il se déplace à la surface de la planète pour offrir des moments furtifs à ceux qui savent les saisir."
"Je ne me demande pas où j'irai demain. Pour l'instant, je sais où je suis. Je suis adossé contre la croute terrestre, écrasé par le bonheur d'être vivant, ici et maintenant."
On compte environ 200 états souverains. On vit à peu près 30000 jours. Si l’on considère l’existence sous un angle mathématico-géographique, on devrait passer 150 jours dans chaque pays. Il faut se rendre à l’évidence. Je dois aller dans tous les pays du monde. Je ne trouverai pas le repos dans l’immobilité. Untel veut devenir une star, un autre posséder un yacht ou coucher avec des sœurs jumelles. Je veux juste aller à Lusaka. Et à Thimbu. Et à Valparaiso. Certains veulent faire de leur vie une œuvre d’art, je compte en faire un long voyage. Je n’ai pas l’intention de me proclamer explorateur. Je ne veux ni conquérir les sommets vertigineux ni braver les déserts infernaux. Je ne suis pas aussi exigeant. Touriste, ça me suffit. Le touriste traverse la vie, curieux et détendu, avec le soleil en prime. Il prend le temps d’être futile. De s’adonner à des activités non productives mais enrichissantes. Le monde est sa maison. Chaque ville, une victoire. Le touriste inspire le dédain, j’en suis bien conscient. Ce serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. C’est un cliché qui résulte d’une honte de soi, car on est toujours le touriste de quelqu’un.
Quand la mort rôde, la vie réplique. Elle exulte dans la perspective d'être écourtée. Alors on continue à danser dans la rue, malgré les narcos et malgré Shakira. Car en dépit de leurs catastrophes éternelles et quotidiennes,les Colombiens ont moins peur que vous.
"Je ne sais toujours pas si Dieu existe mais, à vrai dire, je n'en ai rien à foutre. L'important, c'est de le chercher. Rares sont les prophètes immobiles. MoÏse a franchi une mer pour recevoir ses commandements. Mahomet a donné naissance à l'oumma en migrant à Médine. Jésus a erré dans le désert [...] Les prophètes sont au moins d'accord sur ce point : la vérité est ailleurs. Ça m'arrange, c'est là que je vais."
Pour supporter l’épreuve, j’ai apporté quelques classiques. Je suis sous le ciel de Tunisie et je plonge dans les ruelles de Saint-Pétersbourg, qui sont aussi tortueuses que l’âme de Raskolnikov. Pour mémoire, le héros de Crime et Châtiment est un étudiant qui sèche les cours parce qu’il est fauché Comme il n’y avait pas de McDo au XIXème siècle, il n’a pas de petit boulot non plus. C’est un jeune homme intelligent et exalté, à l a mégalomanie fiévreuse.
Son indigence blesse son narcissisme et comme il est cinglé, il décide d’assassiner une vieille usurière méchante pour lui piquer son bas de laine. Il légitime son geste en l’enrobant d’alibis existentiels retours. La justification du crime est un des thèmes du roman. Raskolnikov prépare son sale coup, je suis emporté par la puissance narrative de Dostoïevski et la sono de la piscine crache « Vas-y Francky, c’est bon, vas-y Francky, c’est bon, bon, bon. »
"Chaque pas que je pose est le premier à fouler cette terre. Chaque seconde est un trésor. Je n'ai plus d'appareil photo pour immortaliser mes traces. Mort d'un touriste. Je ne suis pas allé dans tous les pays du monde mais je suis venu ici."
"C'est le voyage qui nous fait.
Le chemin est la destination.
L'absolu est ailleurs.
[...] Je voyageais en cherchant un sens à ma vie ; et ça avait marché.
J'avais trouvé un sens à ma vie : j'allais voyager.
Les sâdhus, ermites de l’hindouisme, ont choisi la voie spirituelle. Ils vont ainsi, pourvus de rein si ce n’est de leur karma, passant leur existence à se débarrasser de toute considération matérielle, de toute préoccupation terrestre. Certains vivent perchés dans des arbres ou choisissent de garder un bras en l’air pendant quinze ans pour éprouver leur piété. D’autres vont jusqu’à se mutiler les parties génitales en y accrochant de grosses pierres, dans le but d’annihiler leurs pulsions sexuelles. On parle alors de sâdhu-masu.
"J'ai connu moi aussi la tentation humanitaire. L'humanitaire n'a pas voulu de moi. Je ne suis ni médecin, ni ingénieur. Je pensais avoir des compétences en l'alphabétisation, on m'a répondu que je n'avais pas les diplômes adéquats. Soit. Si je ne peux pas sauver le monde, je le raconterai."