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Critique de benleb


Merci à Babelio et aux éditions Libretto de m'avoir permis de lire ce roman autobiographique de Julien Blanc. Il s'agit du troisième tome d'une trilogie.

"Joyeux, fais ton fourbi" est le récit du séjour de 7 ans que l'auteur-narrateur fit aux bataillons disciplinaires d'Afrique, réservés aux délinquants de droit commun et aux fortes têtes. Il a la chance, au début de sa peine, d'être affecté à l'infirmerie du camp d'Outat, au Maroc, soutenu par un médecin qui reconnait son intelligence. Il tire parti de ce poste privilégié pour entamer des études par correspondance, entamant une lente réhabilitation.

Ce travail d'infirmier lui permet aussi d'adopter une position d'observateur, assez subjectif et quelque peu hypocrite, de ses compagnons de misère. Il fait ainsi quelques beaux portraits de bagnards. Trobé, un colosse envoyé aux bats d'Af pour une histoire d'amour, qui se rebelle mais se laissera mourir après la trahison de sa fiancée. Cécel, autre homme fort, rendu malade par l'alcool, mais d'une gentilesse exceptionnelle. Ou bien Cicéron, le collègue du narrateur, un jaloux mythomane et sadique.

Le thème majeur du livre est l'homosexualité. Dans ce milieu sans femmes, elle est présente partout. le narrateur ne la condamne pas mais il s'en prend aux relations sexuelles imposées par les hommes forts de son camp aux faibles qui deviennent leurs "femmes". Mêmes les bagnards dégoûtés par ces relations se doivent de "piquer" un compagnon dans les convois de nouveaux. Ils vivent dans un monde où tous exaltent les valeurs viriles mais sont contraint à l'homosexualité. le narrateur lui-même n'a pas de relation, mais tout au long du livre on sent la tentation, même quand il est rentré en métropole.

Ces rapports sexuels de force sont soutenus par les autorités du camp, qui assurent ainsi une certaine discipline. Soumis à l'arbitraire et à la bêtise des officiers et des sous-officiers, les bagnards vivent dans la misère sexuelle, affective et intellectuelle. Plutôt que de se révolter, ils s'humilient entre eux et s'entre tuent. Quand aux indigènes, le narrateur décrit la misère de l'immense majorité d'entre eux et en vient à penser qu'on devrait leur accorder l'indépendance.

Le livre est très bien écrit. Les dialogues sont savoureux, même si je n'ai pas compris tout l'argot des bats d'Af. Surtout l'auteur réussit des portraits psychologiques superbes de ses compagnons et de leurs tortionnaires.
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