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Critique de Patmarob



« Terres, pouvoirs et conflits : Une agro-histoire du monde », paru en mars 2018, analyse les rapports entre la terre, instrument de pouvoir, et les conflits dans l'histoire contemporaine … et ce à l'échelle du globe. L'auteur, Pierre Blanc est un spécialiste des questions agraires, particulièrement en Méditerranée et au Moyen Orient.
Son objet n'est pas d'aborder les aspects économiques mais d'étudier le rapport entre histoire et politique, de dresser une agro-histoire du monde. L'auteur en voit les aspects sur les quatre continents (Europe, Amérique, Asie, Afrique) et au Moyen-Orient. L'Océanie n'est pas traitée. Plusieurs pays, par continent et sous-continent, sont présentés dans leur spécificité. Un appareil fourni de références et de notes mentionne les nombreuses études qui ont été publiées sur le sujet.
La terre est un enjeu politique qui conditionne le lien entre les structures socio-agraires et l'histoire politique. L'auteur remonte au XVI -ème siècle et la colonisation européenne pour le continent américain, mais le cadre contemporain est appliqué aux autres zones géographiques. L'inégalité de la propriété foncière, établie par les lois, est l'agent des ruptures au stade macro politique. Elle est renforcée dans les pays où la société rurale domine et où la pression démographique est forte
Le monde paysan, à la recherche de terres, est acteur de changement, à Cuba quand une idéologie capte le mécontentement, au Brésil quand le pouvoir apaise les tensions par le transfert vers les espaces pionniers.
Les formulations de l'auteur montrent la prudence. Il évoque la possible relation entre la prospérité et une répartition égalitaire de la terre.
Les terres cultivables sont un facteur d'explication de l'instabilité politique et des volontés de puissance depuis le XX siècle. Ainsi l'histoire récente est marquée par l'accaparement des terres et elle est d'autant plus troublée quand les déséquilibres sont grands entre les propriétaires et les paysans. La puissance des états s'affirme par les implantations de colons (la Chine au Tibet…), l'accaparement de terres par la Turquie sur les kurdes … La terre est le lieu des enracinements, du sentiment identitaire … En ce XXI -ème siècle, elle est synonyme de survie quand le problème de l'eau devient vital. le réchauffement climatique ne va pas atténuer sa dimension géostratégique.
La terre, enjeu des pouvoirs, est un acteur essentiel dans les conflits. L'auteur en souligne le rôle déterminant en ce XXI ème siècle où le monde paraît dominé par l'urbain, l'industrie et l'économie.
L'ouvrage est une synthèse dense, bâtie sur une documentation vaste. Il répond aux objectifs de l'éditeur SciencesPo qui réunit les études universitaires de référence.
Le livre est donc un document de référence pour les lecteurs intéressés par la géopolitique. Son intérêt est renforcé par l' approche d' un thème peu étudié à l'échelle mondiale,
Merci à Babelio pour l'opération Masse Critique et aux éditions SciencesPo-LES PRESSES.





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