Julien Viaud - alias
Pierre Loti - est né à Rochefort en 1850. A sa naissance ses parents ont dépassé la quarantaine, sa soeur Marie a 19 ans, son frère Gustave, mort très jeune en mer, 12 ans. Plusieurs tantes, grand-tantes, grand-mères vivent avec eux à tous les étages. Il est choyé dans cette vieille maison sans confort qui accueille également de nombreux animaux, qu'il agrandira par la suite tout au long de sa vie, la meublant et la décorant grâce aux nombreux objets accumulés lors de ses voyages.
Il s'engage très tôt dans la marine pour subvenir aux besoins de sa famille ruinée. Son père est en prison sous le coup de fausses accusations et la maison risque d'être saisie. Alors qu'il découvre l'amitié des hommes de la mer et les premiers voyages au loin, l'Amérique du Sud, Tahiti, Malte, Dakar, sources de nombreuses amours exotiques, il a le souci de nourrir sa famille, payer les dettes et sauver la demeure ancestrale. Il commence également à écrire.
Son pays d'adoption, celui dont il apprend la langue et admire la culture, c'est la Turquie, le pays de sa chère aziyadé, l'amour de sa vie, pour laquelle il a risqué gros en la détournant de son harem. Il aime se vêtir à la mode turque et regrette toute sa vie de ne pas s'être converti à l'islam, la religion de son coeur, pour ne pas contrarier sa mère, protestante. Il construit malgré tout une mosquée dans son jardin…
Pierre Loti est un personnage contrasté, fantasque et nostalgique, aimant le cirque - il fait lui-même un numéro d'acrobate -, le déguisement, la liberté que lui procurent ses longues missions à l'étranger mais fidèle toute sa vie à son métier - la Marine -, à sa vocation - écrivain - et à sa ville natale. Grand séducteur, grand voyageur, il aime organiser des fêtes à thème où tout le monde se déguise. Défenseur des traditions face à la montée de la modernité et à la destruction des cultures indigènes par la colonisation, il défend la Turquie et est meurtri par le démantèlement de l'empire ottoman.
Son deuxième pays d'adoption est le pays basque et bien qu'il ait épousé Blanche de Ferrière qui lui a donné un fils, Samuel, il fonde une famille basque avec Crucita qu'il ramènera à Rochefort au grand scandale de tous…
Après un dernier voyage en Turquie, il prend une part active à la première guerre mondiale et meurt en 1923 après avoir vu naitre son petit-fils. Il est enterré à l'île d'Oléron.
Sa maison, actuellement fermée pour travaux, devrait être réouverte au public en 2023. Ce qui laisse le temps, en attendant de s'embarquer dans cet univers à la mesure de sa vie, de lire ou relire son oeuvre et découvrir à travers la passionnante biographie de
Lesley Blanch les différents visages de cet officier de marine, écrivain, artiste, aux épouses multiples, qui semble finalement n'avoir été nulle part chez lui sauf peut-être dans sa cabine de
matelot aux milieu des flots déchainés…